Odienné, 15 fév 2022 (AIP)- L’imam Adama Diabaté du Conseil supérieur des imams, des mosquées et des affaires islamiques (COSIM) invite les promoteurs de structures islamiques d’éducation encore réticents à l’intégration système formel, à réviser leur position.
« Nous nous sommes battus pour que nos écoles confessionnelles soient placées sous la tutelle du ministère de l’Education nationale. Il nous revient maintenant d’accepter tous le programme d’enseignement de l’Etat », a lancé, depuis Minignan, lundi 14 février 2022, le guide religieux.
Il a rappelé le devoir de l’Etat de garantir à tous les enfants, la même éducation et les mêmes chances d’intégration sociale et économique.
« L’arabe d’accord mais il faut que nos enfants puissent avoir les mêmes chances que tous les autres de ce pays. Nous avons essayé avec 300 écoles, Dieu merci tout se passe très bien. Les enfants présentent les examens scolaires en arabe et en français. Ils ont le même niveau dans les deux langues. Donc, les écoles encore réticentes doivent accepter le programme de l’Etat », a insisté l’imam Diabaté.
L’éducation islamique en Côte d’Ivoire, toujours du domaine de l’informel dans une large proportion, reste, à ce jour, focalisée sur l’enseignement de la religion et de la langue arabe. La finalité, à l’origine et qui demeure, étant de fabriquer des guides religieux.
Une donne qui continue de priver de nombreux enfants du système d’éducation formel. Des enfants ainsi limités, une fois adultes, dans leurs capacités d’insertion socio-professionnelle. Même pour ceux qui ont pu accéder à des études supérieures dans des Etats arabes parce que ne sachant parler, lire et écrire que l’arabe. Ces diplômés sont de facto hors des circuits classiques d’absorption dans un Etat francophone.
La Côte d’Ivoire s’est dotée et déploie, depuis 2019, une stratégie nationale d’intégration des enfants des structures islamiques dans le système éducatif formel. En réponse à la problématique de l’absorption de 1,6 million enfants et adolescents hors du système scolaire dont 377 000 issus d’environ 3000 structures islamiques d’éducation non reconnues par l’Etat.
Le programme, dans sa mise en œuvre, a permis, après des réflexions entre des experts de l’Education nationale et les acteurs du système islamique, de disposer aujourd’hui d’outils pour l’enseignement d’un programme harmonisé dans toutes les structures islamiques d’éducation. Un curricula qui prend en compte le programme national d’éducation et l’exigence de l’enseignement de l’arabe et de la religion.
L’avantage étant que tous les enfants fréquentant des structures islamiques vont pouvoir bénéficier d’une éducation plurielle qui va élargir leur horizon.
La stratégie nationale d’intégration des enfants des structures islamiques dans le système éducatif formel, inscrite dans le Programme d’investissement public (PIP) du gouvernement, sera mise en œuvre jusqu’en 2025 pour un coût estimé à environ 31,5 milliards FCFA dont 16,2 milliards FCFA sur ressources propres de la Côte d’Ivoire.
L’imam Adama Diabaté, chef du département des mosquées et de l’imamat, s’exprimait à l’ouverture de la 10ème édition du séminaire de formation des guides religieux musulmans organisé tous les ans par le COSIM.
La région du Folon, située dans l’extrême Nord-Ouest ivoirien, accueille la session jusqu’à jeudi. Dans cette région, l’équation de l’accès des enfants à l’éducation formelle reste à résoudre.
(AIP)