Le chef de l’État ivoirien a déclaré avoir signé ce lundi une ordonnance portant amnistie de 800 détenus poursuivis pour des crimes en lien avec la crise post-électorale de 2010-2011. Parmi eux, l’ancienne Première dame, Simone Gbagbo.
Alassane Ouattara s’exprimait en direct à la Radio télévision nationale (RTI), à l’occasion de son discours de célébration de la fête nationale. Le président ivoirien a annoncé avoir procédé, lundi 6 août, à la signature d’une ordonnance portant amnistie de 800 détenus poursuivis pour des crimes en lien avec la crise post-électorale de 2010-2011, mais aussi pour des infractions contre la sûreté de l’État commises après son investiture, le 21 mai 2011.
« Sur les 800, environ 500 sont déjà en liberté provisoire ou en exil et verront leur condamnation pénale effacée », a précisé Alassane Dramane Ouattara (ADO), qui a insisté sur le fait qu’une soixantaine de militaires ayant commis des crimes de sang ne sont pas concernés par la mesure.
Simone Gbagbo, Soul to Soul et Lida Kouassi amnistiés
Parmi les personnes concernées par l’amnistie figurent l’ancienne Première dame Simone Gbagbo, les ex-ministres Lida Kouassi et Assoa Adou, ou encore Souleymane Kamaraté Koné, alias Soul to Soul, le collaborateur de Guillaume Soro. « Ils seront libérés prochainement », a expliqué le chef de l’État.
« Il s’agit là d’une mesure de clémence de la nation entière envers ses filles et ses fils. J’invite tous les bénéficiaires de cette amnistie à faire en sorte que notre pays ne revive plus jamais de tels événements et ne sombre plus jamais dans la violence », a-t-il poursuivi.
Incarcérée depuis avril 2011, Simone Gbagbo avait été condamnée à vingt ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État. L’ancienne Première dame avait par la suite été innocentée par la cour d’assises d’Abidjan des accusations de « crime contre l’humanité » et de « crime de guerre ». Néanmoins ce jugement avait été cassé jeudi 26 juillet par la Cour suprême, ouvrant la voie à un nouveau procès.
Si tout se passe bien, Simone Gbagbo pourra sans doute être libérée cette semaine
« Je suis actuellement à l’école de gendarmerie avec Simone Gbagbo. Je viens de lui apprendre la nouvelle de son amnistie. Elle est ravie et elle est impatiente de rentrer chez elle. Je ne m’y attendais pas du tout. Pour moi, cette amnistie était à mettre sur le compte des rumeurs, je l’ai apprise en regardant le président Alassane Ouattara ce soir à la télévision », a déclaré à Jeune Afrique Me Rodrigue Dadjé, l’avocat de l’ancienne Première dame, dans les minutes qui ont suivi l’annonce.
« Je vais prendre contact avec le ministère de la Justice. Si tout se passe bien, Simone Gbagbo pourra sans doute être libérée cette semaine », poursuit-t-il.
Depuis 2015, ADO avait exprimé à plusieurs reprises la possibilité de procéder à une grâce ou à une loi d’amnistie. Son annonce intervient dans un moment de fortes crispations politiques avec le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié. Après la révocation de Noël Akossi-Bendjo, l’un de ses cadres, le PDCI avait dénoncé « la dérive autoritaire du gouvernement ».
Selon nos informations, une rencontre entre ADO et Bédié, alliés depuis 2005, pourrait intervenir ce mercredi.
JEUNE AFRIQUE