Des étudiants ont affronté la police, mardi 11 septembre à l’université Houphouët-Boigny de Cocody, à Abidjan. Les étudiants protestent contre le niveau des frais de scolarité, jugés trop élevés.
Des affrontements ont eu lieu entre forces de l’ordre et étudiants aux divers points d’entrée du campus de l’université Houphouët-Boigny de Cocody, un quartier d’Abidjan. Les jeunes ont lancé des pierres et perturbé la circulation dans toute la ville. Les forces de l’ordre, déployées en masse, ont répliqué par de nombreux tirs de gaz lacrymogène et des jets de grenades assourdissantes.
« Nous manifestons contre les droits annexes », a expliqué Mamadou Soro, étudiant et membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Ces frais annexes sont réclamés par chaque établissement en sus des droits d’inscription, officiellement au titre des frais de dossiers. Ils peuvent varier de 10 000 francs CFA (15 euros) à 200 000 CFA (300 euros), selon le statut de l’établissement (public ou privé).
Il y a de l’argent pour les mutins, mais pas pour les étudiants
« On nous dit que l’école et l’université sont gratuites, mais en vérité on paie des droits d’inscription et après on nous demande des droits annexes. Trop c’est trop. Nos parents n’ont pas les moyens », critique le syndicaliste étudiant. « Ici, en Côte d’Ivoire, il y a de l’argent pour les mutins, mais pas pour les étudiants », ajoute-t-il, faisant référence aux importantes primes versées à des anciens rebelles qui s’étaient mutinés en 2017.
Les étudiants protestataires réclament aussi des bourses et de meilleures conditions d’études.
Une revendication récurrente
Lundi, la rentrée a été perturbée à Bouaké, deuxième ville du pays, par des étudiants portant les mêmes revendications. Des centaines d’étudiants affiliés au mouvement syndical du comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (CEECI), aidés par des élèves, ont sillonné les quartiers de la ville, allant chercher les élèves jusque dans les établissements scolaires.
En 2017-2018, les frais annexes avaient déjà débouché sur des manifestations et des troubles. Le ministère avait finalement suspendu leur paiement dans certains établissements. « On continuera tant qu’on ne supprime pas les frais annexes », a insisté Mamadou Soro. Créée en 1990 à l’avènement du multipartisme, la Fesci, vue comme une milice par ses détracteurs, a été accusée par le passé par des ONG de violences à l’égard des opposants à l’ancien président Laurent Gbagbo, ainsi que de racket en milieu étudiant. Les responsables de la Fesci ont toujours démenti.