Une visite familiale aux allures de pré-campagne électorale. Guillaume Soro s’est lancé depuis jeudi, dans une tournée dans le Nord, région restée jusque-là un bastion du Rassemblement des républicains (RDR, parti d’Alassane Ouattara).
La visite a été minutieusement préparée. Le comité d’organisation, chapeauté par le maire de Ferkessédougou, Kaweli Ouattara, ville natale de Guillaume Soro, a mis les petits plats dans les grands. Résultat, c’est une foule importante qui a accueilli le « fils du pays », jeudi, deux semaines après sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale.
Ce dernier avait prévenu qu’avant de se prononcer sur toute éventualité de candidature à la présidentielle de 2020, il irait d’abord obtenir l’onction de ses parents. « J’irai m’incliner sur la tombe de mes parents et ensuite échanger avec la chefferie », a-t-il précisé.
Rencontre prévue à Daoukro avec Henri Konan Bédié
Ce samedi, après deux jours de tournée dans la région du Tchologo, dont Ferkessédougou est le chef-lieu, il doit rencontrer Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), qui s’apprête à le recevoir en héros dans son fief de Daoukro.
Les deux ex-alliés de Ouattara, en rupture de ban avec lui, doivent arrêter une stratégie commune en vue des batailles politiques à court et moyen terme, notamment la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) et la présidence de l’Assemblée nationale, restée vacante.
En attendant, sur Twitter, Guillaume Soro se défoule sur certains « thuriféraires » du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, mouvance présidentielle), coupables à ses yeux d’avoir sapé les relations entre lui et son ancien mentor.
« Regardez bien ces photos. Si j’étais encore président de l’Assemblée nationale, il me serait interdit de saluer les populations ainsi. J’ai été sermonné, lors d’une même scène à Agboville. Les thuriféraires ont vite fait de le rapporter et de conclure que je me comportais comme un président de la République », a-t-il commenté en diffusant des images de lui le montrant à bord d’un véhicule à toit ouvrant, saluant les foules.
Une rivalité entre Guillaume Soro et Amadou Gon Coulibaly
Le succès de l’étape de Ferkessédougou fait certes rêver ses partisans, mais pour conquérir les dix régions du Nord, qui votent massivement RDR depuis un quart de siècle, il faut bien plus qu’une simple visite dans sa circonscription natale.
Jeudi, Yacouba Traoré, député d’Odienné, département dont est native la défunte mère d’Alassane Ouattara, a prévenu que les populations du Nord ne suivraient pas Soro dans une aventure présidentielle.
En juillet 2018, un meeting du Rassemblement pour la Côte d’Ivoire – RACI, mouvement proche de Soro qui s’est récemment mué en parti politique qui revendique une quinzaine de députés, tous dissidents du RDR – à Korhogo, ville natale du premier ministre Amadou Gon Coulibaly et voisine de Ferkessédougou, avait été la cible d’une attaque par des jeunes présentés comme des militants du RDR. Un étudiant supporteur de Soro avait alors été tué. Un incident présenté alors par plusieurs analystes comme le signe d’une rivalité qui ira croissante entre Guillaume Soro et Amadou Gon Coulibaly, les deux hommes de la « nouvelle génération » qui se disputent le Nord.
Par jeuneafrique