L’insuffisance de liquidé des banques ivoiriennes risque de ralentir l’achat du cacao produit au cours de la saison, avec comme conséquence le report des exportations jusqu’au début de la prochaine récolte. Au cours de la saison 2016-2017, les cours mondiaux de cacao ont connu une chute brutale, à l’origine d’une crise qui a empêché de nombreux producteurs de cacao d’honorer leurs engagements auprès des banques.
Le secteur du cacao ivoirien traîne les séquelles de la crise de l’année dernière. Les banques ayant financé la filière sont durement touchées par le montant élevé de la dette non remboursée par les producteurs, hypothéquant la prochaine campagne. En juin déjà, ces banques ivoiriennes réclamaient des arriérés d’une valeur de 349 millions de dollars aux producteurs de cacao pour la saison 2016-2017. Des producteurs en difficulté, comme l’illustrent les soucis récents d’un des plus grands d’entre eux. Il y a environ un mois, un tribunal a ordonné la liquidation de SAF-Cacao, le plus gros exportateur national ivoirien, dont les créances ont été évaluées à plus de 150 milliards de francs CFA, environ 261 millions de dollars.
La crise de ces deux dernières années a révélé au grand jour les nombreuses failles de la production de cacao, contraignant le Conseil Café-Cacao (CCC) à renforcer la réglementation et poussant de nombreux petits exportateurs locaux à se désengager. Un départ qui risque de retarder le plan des autorités pour promouvoir la participation des acteurs locaux dans la filière. La CCC va délivrer entre 30 et 40 licences d’exportation pour la saison 2018/19, lesquelles bénéficieront principalement à des multinationales.
70 à 87 millions de dollars par semaine
Les mesures instituées ont assaini le secteur en réduisant le risque, mais le problème de liquidité des banques ivoiriennes durement touchées par la crise de l’année précédente persiste. Ce manque de financement peut ralentir l’écoulement des récoltes, faisant que les producteurs risquent d’exporter moins de cacao en octobre et novembre que d’habitude, créant un cercle vicieux et une menace sur les prochaines saisons.
Habituellement, c’est en septembre que les banques ivoiriennes débloquent les fonds utilisés par les exportateurs pour préfinancer les intermédiaires acquéreurs de la production auprès des agriculteurs. Un processus menacé par les difficultés supposées des banques ivoiriennes, qui en théorie, doivent disposer de 40 à 50 milliards de francs CFA de liquidité par semaine, soit 70 à 87 millions de dollars, une fois la saison ouverte, selon les exportations.
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