Côte d’Ivoire : quand les travailleurs réclament leur part de croissance économique

La Côte d’Ivoire a connu en 2017 un taux de croissance de près de 8,1 %. Une performance économique vantée par le gouvernement et certains partenaires au développement, mais dont les retombées ne sont pas toujours ressenties par la population. À l’occasion de la fête du travail du 1er mai, les porte-paroles des travailleurs ont tenu à le rappeler au chef de l’État Alassane Ouattara.

Dans la cour du palais présidentiel du Plateau (Abidjan), ce mardi 1er mai, l’ambiance est à la fête. Au son du tam-tam parleur, succèdent des airs de musique urbaine d’artistes ivoiriens en vogue. Le président Alassane Ouattara, costume-cravate bleu, chapeau melon noir, avance, tout sourire au milieu des travailleurs qui n’hésitent pas, pour certains, à lui tendre la main. Cette année, l’atmosphère est moins tendue, comparée à la fête du travail de l’année dernière, tombée dans un contexte de tensions sociales.

De fait, une trêve sociale négociée et obtenue le 17 août 2017, par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, explique en partie l’ambiance bon enfant. Mais pas seulement. « Le démarrage, depuis janvier 2018, du paiement du stock des arriérés induits par les accords pris en 2009 et qui s’élèvent à 249,6 milliards de FCFA (380,5 millions d’euros), [ainsi que] la revalorisation, depuis le 1er janvier 2018, grâce à une bonification indiciaire de 100 et 150 points, des salaires des fonctionnaires ne bénéficiant pas d’une grille salariale particulière », rappelés par Ouattara lors de son discours ; ont contribué à l’apaisement relatif du climat social, depuis lors.

« Une croissance inclusive, c’est ce que nous appelons de tous nos vœux »

Il n’empêche que les travailleurs désirent un peu plus d’efforts de la part du gouvernement. Et pour cause : « La Côte d’Ivoire s’est davantage enrichie, a souligné Soro Mamadou, secrétaire général de la centrale syndicale Humanisme. Une croissance inclusive, c’est ce que nous appelons de tous nos vœux. Pour nous, il urge que les fruits de la croissance parviennent effectivement aux populations ».


 


Dans son rapport 2018 sur la Côte d’Ivoire paru en février, la Banque mondiale a salué « l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique », annonçant que le « taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 7 % en 2018 et 2019 ».

En dépit du taux de croissance économique élevé enregistré par notre pays, le niveau de paupérisation nous interpelle », a souligné Joseph Koffi Akanza

Une situation qui engendre chez de nombreux Ivoiriens une frustration, sinon « un réel pincement au cœur », à en croire Joseph Koffi Akanza, secrétaire général adjoint de l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (UGTCI, principale centrale syndicale ivoirienne).

Une revalorisation du salaire minimum ?

« En dépit du taux de croissance économique élevé enregistré par notre pays, a-t-il dénoncé face aux ministres et au président, le niveau de paupérisation nous interpelle. Pour la satisfaction au mieux de nos besoins incompressibles, nous sollicitons […] la revue à la baisse du prix des produits de grande consommation tels que l’huile, le riz, le savon et de bien d’autres produits ».

La Confédération ivoirienne des syndicats libres regroupés au sein de la centrale syndicale Dignité, a quant à elle et par la voix de son secrétaire général, David Bli Blé, suggéré une revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) du secteur privé de 60 000 FCFA (91,5 euros) à 120 000 FCFA (182,9 euros).

Une revendication que Alassane Ouattara a subtilement choisi de ne pas commenter.

par jeuneafrique