La succession d’Aboudramane Sangaré, membre fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) et président par intérim de la branche dissidente, décédé le 3 novembre, révèle des rivalités internes au sein du parti de Laurent Gbagbo.
Les premières dissensions entre les deux principaux successeurs du « Gardien du temple », comme l’on appelait Aboudramane Sangaré, président par intérim de la frange dirigée par Laurent Gbagbo, ne se sont pas fait attendre après son décès, survenu le 3 novembre dernier.
Depuis Paris où il se trouve, Assoa Adou, le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), a publié samedi un communiqué annonçant que Laurent Gbagbo, actuellement à la prison de Scheveningen (Pays-Bas), suspendait les activités du parti « jusqu’à la fin des obsèques ».
Presqu’au même moment, Simone Gbagbo, deuxième vice-présidente et numéro deux de Sangaré dans l’ordre protocolaire, annonçait depuis Abidjan avoir « convoqué d’urgence ce jour, une réunion du secrétariat général du FPI ». Plusieurs pontes du parti ont ainsi participé à cette dernière.
Rivalités internes au FPI
Avec Laurent Gbagbo, Assoa Adou (73 ans) et Simone Gbagbo (69 ans) font partie des rares survivants parmi les fondateurs historiques du FPI, créé il y a trente ans. Si la succession du défunt devrait logiquement être assurée par Simone Gbagbo, en tant que numéro deux, les choses ne sont pas aussi évidentes. « Aucun texte ne dit que le deuxième vice-président passe automatiquement premier vice-président en cas de décès de celui-ci. Entre deux congrès, le président du parti a aussi la possibilité de nommer ou de démettre qui il veut au sein du bureau », explique à Jeune Afrique un journaliste travaillant dans un média proche du FPI.
À Abidjan, des proches d’Assoa Adou révèlent que celui-ci devrait prochainement être adoubé par Laurent Gbagbo comme président par intérim du parti, tandis qu’Odette Sauyet, jusque-là secrétaire générale par intérim, devrait être confirmée au poste de secrétaire générale. Cette ancienne journaliste aurait été désignée par Gbagbo comme « responsable de l’organisation des obsèques du camarade » Sangaré, selon un communiqué d’Assoa Adou. Mais de leur côté, les proches de Simone Gbagbo remettent en cause l’authenticité des parties de ces communiqués faisant référence à Laurent Gbagbo. Sur les réseaux sociaux, certains internautes évoquent « une tentative de coup d’État ».
Le décès de Sangaré a étalé au grand jour les rivalités internes au FPI entre les dissidents « Gbagbo ou rien » (GOR) d’une part, et ceux de Pascal Affi N’Guessan, président légal du parti. Laurent Gbagbo va ainsi devoir trancher. « Si Laurent Gbagbo choisit Assoa Adoa, Simone Gbagbo pourra alors comprendre que son époux n’est pas disposé à lui confier son héritage politique, en dépit de leur long cheminement commun. S’il choisit Simone Gbagbo, par contre, il devra lui-même dire adieu à son ambition de revenir un jour aux affaires, étant donné que l’ex-première dame rêve de jouer les premiers rôles », analyse notre source.
JEUNE AFRIQUE