Aux Etats-Unis, Donald Trump va dévoiler – en grande pompe – ce lundi 9 juillet, le nom du juge qu’il a choisi pour siéger à la Cour suprême. Une annonce très attendue.
Alors qu’un certain équilibre prévalait jusqu’à présent, le président américain a l’opportunité de donner une majorité conservatrice durable à cette puissante institution.
C’est en effet à la Cour suprême que revient régulièrement la responsabilité de trancher définitivement sur les grands débats de société, et le profil des candidats favoris pourrait remettre en cause certains acquis de ces dernières décennies, par exemple le droit à l’avortement ou le mariage homosexuel.
Mais le juge nommé par Donald Trump devra ensuite être confirmé par le Sénat. Or la marge de manœuvre du locataire de la Maison Blanche y est réduite car la majorité des républicains n’est que d’un siège, et les élections de novembre pourraient renverser le rapport de force.
L’enjeu est de taille : un juge à la Cour suprême est l’un des héritages les plus conséquents laissé par un président.
Alors que Trump ne cache pas qu’il va nommer, pour la deuxième fois, un ultraconservateur, le sénateur républicain Lindsey Graham dit regretter la polarisation de l’échiquier politique.
« Je n’ai jamais vu un tel dysfonctionnement. Aucun candidat choisi par Trump ne pourra obtenir beaucoup de voix démocrates s’il a le moindre penchant conservateur. Mais certains sénateurs démocrates seront peut-être obligés de le soutenir pour des raisons de politique locale. »
Le parti démocrate redoute en effet que certains soutiennent le choix de Trump, simplement pour ne pas s’aliéner leurs électeurs dans des Etats où le président est populaire.
Une stratégie individualiste lourde de conséquence, dénonce le sénateur Dick Durbin, qui agite donc le chiffon rouge : « Tous ces prétendants ont été présélectionnés par un groupe appelé la Société fédéraliste. C’est un lobby qui scrute chaque candidat pour s’assurer qu’il répond à tous les critères concernant la mise en œuvre de l’agenda politique le plus conservateur qu’il soit en Amérique. »
Quatre favoris
Le juge démissionnaire jouait régulièrement un rôle de pivot, le profil des quatre favoris à sa succession, très religieux voire traditionalistes, parfois adeptes d’une interprétation littérale de la Constitution, fera en effet clairement pencher la balance à droite. Et pour plusieurs décennies puisque le plus âgé d’entre eux a aujourd’hui 53 ans.
Trois magistrats tiennent ainsi la corde: Brett Kavanaugh, un ancien conseiller de George Bush fils ; Amy Coney Barrett, une juge réputée pour ses valeurs religieuses traditionalistes et Raymond Kethledge, défenseur d’une interprétation littérale de la Constitution. Mais le président pourrait créer la surprise en choisissant Thomas Hardiman, un farouche défenseur du port d’armes, considéré jusqu’à présent comme un outsider.
Cette nouvelle nomination découle du départ à la retraite inattendu du juge Anthony Kennedy. Ce sera la seconde depuis l’entrée en fonction du président qui avait déjà choisi un jeune conservateur, Neil Gorsuch, en 2017.
RFI