La plupart des banques installées en Côte d’ivoire font des prêts aux clients pour les aidera face aux dépensés de la rentrée scolaire. Au taux moyen de 7%.
La rentrée scolaire 2020-2021 est fixée au 14 septembre 2020. Dans l’optique de bien préparer cette échéance et surtout de surmonter les difficultés liées aux frais d’écolage de Leurs enfants (inscription, achats de nombreux fournitures), bon nombre de parents ont recours aux prêts bancaires. Ce mercredi 26 août 2020, nous sommes à l’agence Société générale de Côte d’ivoire d’Adjamé. La campagne dos prêts scolaires bat activement son plein. D’où la présence en ces lieux de nombreux parents pour leurs opérations. Certains pour des retraits, d’autres pour les modalités d’obtention du prêt scolaire. Maxime Kouassi, accompagné de son épouse et portant son cache-nez, nous dit pourquoi il a recours à sa banque en cette période de rentrée scolaire. « Nous sommes là ce matin pour remplir des papiers afin d’avoir un prêt scolaire et faire face aux besoins de ma petite famille en cette rentrée. Notre père étant décédé, mes sœurs (petites et grandes) sont à ma charge. Il faut acheter leurs fournitures scolaires », a-t-il expliqué. Konaté Berna, rencontré à United Bank for Africa (Uba) d’Adjamé ne dit pas autre chose. « Après les grandes écoles privées, lorsque l’enfant veut faire un doctorat ou un master, il n’est plus à la seule charge de l’Etat. Quand il va en première année, Les parents paient 50% et L’Etat 50%. Quand il atteint un niveau supérieur, l’Etat s’en lave les mains. Ce qui nous oblige à avoir recours à nos banques, pour des prêts scolaires.
L’année dernière, mon fils était en master 3 à Agitel où j’ai dû payer 1 250 mille. Sans un prêt scolaire de la banque, qu’aurais- je fais puisqu’il faut gérer le quotidien », a fait savoir ce père de trois enfants. Même son de cloche pour Pita Jean. « Mon fils fréquente à Hetec, l’inscription était à 400 000 FCFA. J’ai recours à un prêt scolaire, n’ayant pas les moyens pour l’inscrire. La rentrée scolaire est une période de stress pour bon nombre de parents qui se trouvent confrontés à de nombreuses dépenses tant pour les familles que pour assurer les frais de scolarité (livres, cahiers, etc. », a-t-il révélé.
La plupart affichent un taux de 7%.
A la veille de la rentrée, le secteur bancaire a pris des dispositions pour permettre aux parents d’élèves de mieux négocier cette période cauchemardesque pour eux. La plupart des banques affichent un taux moyen d’intérêt de 7% ; soit une réduction de 3 à 5% comparativement aux années précédentes. Un tour dans des institutions bancaires telles United Bank for Africa (Uba), Société générale de Côte d’ivoire, Banque nationale d’investissement (Bni) etc. en atteste « Les prêts scolaires sont ouverts en ce moment. Les clients ont la possibilité d’emprunter de 250 000 FCFA à 3 millions de Fcfa. En outre, ce prêt est assorti d’un taux préférentiel de 7% », a souligné une conseillère clientèle qui a voulu garder l’anonymat. Du côté de la Banque Uba, les chargés clientèles exhortent constamment tes clients à souscrire à un prêt scolaire. Selon Mme Odoukou K., les conditions sont souples pour les parents. « Les parents ont la possibilité de prendre un prêt allant de 300 FCFA à 5 millions de Fcfa remboursable en 1 an. Le taux est estimé à 7%. Il y a un véritable engouement autour de ce prêt. Chaque client a La possibilité de prendre le prêt qui répond à ses besoins », a-t-elle dit. Soulignant que pour l’obtention du prêt, le client doit être domicilié à ladite banque, fournir entre autres les 3 derniers bulletins de salaire, un relevé de compte des 3 derniers mois. La Banque nationale pour l’investissement offre, elle aussi, un taux préférentiel de 7% remboursable sur 12 mois. La Banque de L’habitat de Côte d’ivoire (Bhci), cédée à la firme canadienne West Bridge Mortgage Reit, qui avait fixé son taux de crédit des prêts scolaires à 12% en 2016 et 7% en 2017, n’en fait pas, cette année.
Prêts étudiants, le chaînon manquant
Les études dans les universités et écoles privées coûtent cher, et hormis quelques bourses et aides de l’Etat, les dispositifs de financement comme le prêt étudiant sont rares.
Cette année, plus de 124 000 postulants ont été reçus au Baccalauréat. Une infime partie, environ 20% en moyenne, sera orientée vers des établissements publics d’enseignement supérieur. La grande majorité sera affectée dans des établissements privés où en dépit des subventions accordées par l’Etat aux unités en question, les frais de scolarité ne sont pas à la portée de toutes les familles.
Pour ceux qui souhaitent étudier dans l’établissement de leur choix, le coût de la formation est très souvent dissuasif. Des établissements privés d’enseignement supérieur en Côte d’ivoire pratiquent des tarifs de scolarité allant d’un million à 5 millions de francs CFA, voire plus s’agissant de certaines écoles internationales récemment implantées dans le pays. Dans certains cas, il faut débourser jusqu’à 10 millions de Francs CFA !
Comment suivre des formations de qualité à des prix aussi prohibitifs pour les bourses moyennes ? Ailleurs, des dispositifs de financement appropriés ont été mis en place. C’est le cas des prêts étudiants. En Côte d’ivoire, il est encore embryonnaire et peu différent des crédits à la consommation classiques. C’est véritablement le chaînon manquant pour permettre au plus grand nombre de financer ses études supérieures sans se ruiner.
Pourquoi un tel dispositif n’existe pas à profusion en Côte d’ivoire ? Sa pertinence est pourtant avérée dans les pays où le prêt étudiant est prévu et disponible. En France, par exemple, Le prêt étudiant est une pratique bien rodée qui soutient le financement des études des apprenants en même temps qu’il fournit une opportunité de recrutement de futurs clients.
Dans ce pays, des prêts étudiants garantis par L’État, sans caution ni conditions de ressources, sont proposés par des banques (la Société générale, le Crédit mutuel, le CIC, les 10 millions de Francs Cfa) de crédit bancaire sans avoir à fournir une foultitude de cautions et d’assurances vie de toutes sortes !
La plupart des établissements bancaires proposent des crédits étudiants comme produits d’appel afin d’attirer puis fidéliser une nouvelle clientèle. Les prêts étudiants sont plutôt attractifs avec des taux d’intérêt inférieurs aux prêts à la consommation classiques.
Comment obtenir un prêt étudiant ? Selon le site Studyrama, « Un prêt étudiant peut être souscrit afin de payer des frais de scolarité, subvenir à des besoins durant les études : une aide pour payer le loyer ou financer l’achat de meubles, ou encore acheter du matériel informatique. Le prêt étudiant n’étant pas un prêt affecté, il n’y a aucun justificatif à fournir quant à l’utilisation de l’emprunt. Il ne peut toutefois pas servir à financer l’achat d’un logement ».
Des taux d’intérêt faibles
Comme pour n’importe quel prêt, tout est affaire de négociation. Le montant, la durée, le taux d’intérêt et les options d’un prêt étudiant sont étudiés au cas par cas.
Fin avril 2020, renseigne Studyrama, les taux d’intérêt appliqués aux prêts étudiants dans les banques (pour celles qui les affichent sur leur site internet), étaient compris entre 0,75% et 2% environ. « Mais les taux peuvent s’avérer plus élevés dans certaines enseignes, qui ne proposent pas d’information ou de simulateur en ligne. A l’inverse, certains établissements, cherchant à capter une clientèle jeune, sont susceptibles de proposer des prêts à 0%, mais portant uniquement sur de petits montants. »
La plupart des banques disposent également d’offres spécifiques pour les étudiants de certaines écoles ou universités, souvent dans le cadre de partenariats avec les établissements concernés, poursuit le site étudiant. « Il existe également des partenariats entre les banques et certaines mutuelles étudiantes. Les étudiants des grandes écoles (commerce, IEP, ingénieurs) ou des filières réputées pour avoir des débouchés ont ainsi plus de chances d’obtenir un taux intéressant ».
Le montant du prêt qui fait l’objet de négociation peut varier, selon les cas et les enseignes, entre 750 euros (environ 491 000 FCfa) et 50 000 euros (environ 33 millions de Francs Cfa), voire plus.
Comme il s’agit d’un prêt, l’étudiant devra le rembourser à l’échéance convenue avec le banquier lors de la négociation. La durée de remboursement peut ainsi varier de 1 à 10 ans. Le plus souvent, souligne Studyrama, « l’étudiant commence à rembourser son crédit à la fin de ses études, lorsqu’il a trouvé un emploi. Pendant la durée de ses études, le souscripteur bénéficie d’une période de franchise, également appelée phase de différé. Elle peut être partielle ou totale. Lorsqu’elle est totale, l’étudiant ne paye que les éventuelles primes d’assurance ; si la franchise est partielle, il doit rajouter les intérêts. La durée de la franchise est généralement comprise entre 2 et 7 ans, le temps de terminer ses études ».
Au terme du différé commence le remboursement du crédit lui-même. Plus la période de franchise a été longue, plus celle du remboursement sera courte, entraînant de fait des mensualités plus importantes. À tout moment, il est possible de rembourser le prêt de manière anticipée, avec d’éventuelles pénalités, indique en outre le site étudiant.
Au final, il s’agit donc d’un dispositif gagnant-gagnant dans lequel chacune des parties trouve son compte. Les étudiants peuvent suivre leur cursus sans stresser au sujet du paiement de la scolarité, ce qui améliore sensiblement les résultats scolaires et réduit le taux d’abandon occasionné par la modicité des moyens financiers ; les banques recrutent de nouveaux clients futurs et améliorent leur image d’entreprises socialement responsables ; et l’Etat y puiserait un moyen de faire baisser la pression sur les finances publiques qui peinent parfois à régler à temps les bourses accordées avec parcimonie à un nombre réduit d’étudiants, notamment ceux étudiant à l’extérieur du pays.
Alors, qu’est-ce qu’on attend pour lancer ce dispositif ?
Source : Emergence économique spécial Rentrée Scolaire page 56 – 59