L’impact du sucre sur votre santé peut varier selon son mode d’ingestion, révèle une étude britannique et chinoise. Les boissons sucrées favoriseraient davantage la prise de poids et le diabète que les aliments sucrés.
Boire un verre de soda serait bien plus nocif que de manger un cookie. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Molecular Metabolism. Des chercheurs de l’université d’Aberdeen, au Royaume-Uni, et de l’Académie chinoise des sciences de Beijing ont montré que la consommation de boissons sucrées favorise davantage la prise de poids et le diabète que les aliments sucrés.
L’impact du sucre peut varier selon son mode d’ingestion
Pendant huit semaines, les scientifiques ont ajouté du sucre dans la nourriture d’un groupe de souris, et dans la boisson d’un autre. Un groupe témoin a conservé une alimentation classique. “Nous cherchions à déterminer si l’impact du sucre sur la régulation du poids corporel variait selon son mode d’ingestion (liquide ou solide) chez la souris”, précise le Pr. John R. Speakman, auteur principal de l’étude.
Les chercheurs ont surveillé le poids des souris, mais aussi leur masse grasse, leur apport en calories et leur dépense énergétique. Ils ont aussi mesuré leur glycémie et leur réponse à l’insuline, afin d’évaluer leur risque de développer un diabète de type 2.
Les boissons sucrées favorisent la prise de poids et le diabète
Les résultats ont montré que les souris dont l’eau de boisson contenait du saccharose liquide consommaient davantage de calories, prenaient plus de poids et voyaient leur masse grasse augmenter. En revanche, celles dont on avait additionné la nourriture de la même dose de saccharose, mais qui buvaient de l’eau, “étaient plus minces et métaboliquement plus saines que leurs homologues” exposées aux boissons sucrées.
En outre, la consommation de sucre sous forme liquide semble avoir aussi diminué la tolérance au glucose et la sensibilité à l’insuline chez ces animaux, ce qui a augmenté leur risque de diabète. Néanmoins, les auteurs estiment que ces marqueurs métaboliques sont associés à l’augmentation de la graisse corporelle, et non directement à l’apport en saccharose.
« Les résultats actuels montrent que lorsqu’elles sont exposées au saccharose liquide, les souris ont un apport énergétique supérieur que lorsqu’on leur donne la même quantité de macronutriments, mais sous forme solide”, expliquent les chercheurs.
Les boissons sucrées, plus nocives que les aliments sucrés
De nombreuses études réalisées sur les hommes ont déjà révélé un lien entre les boissons sucrées et l’apport total en calories. Celles-ci ont notamment montré que lorsqu’une personne consomme plus de glucides sous forme liquide, elles ne compensent pas en réduisant la quantité consommée sous forme solide.
En effet, on peut facilement avoir l’impression qu’un verre de limonade ne nous fera pas de mal, et le boire avec moins de réserve que l’on ne mange une part de gâteau au chocolat, sans se dire qu’on fera un repas plus léger le soir pour compenser.
Dans les récents travaux, les souris qui ont bu de l’eau sucrée ont légèrement réduit la quantité de nourriture ingérée, mais “pas suffisamment pour contrebalancer la hausse de l’apport calorique induite par le saccharose liquide”.
Ces nouvelles données “confirment donc le rôle suggéré des boissons sucrées dans le développement de l’obésité et de la résistance à l’insuline induites par l’alimentation”, ont conclu les chercheurs.
Cette étude présente néanmoins deux limites…
Le Pr. Gunter Kuhnle, chercheur à l’Université de Reading qui n’a pas participé à l’étude, tempère néanmoins ces conclusions. Interrogé par Medical News Today, il estime que cette nouvelle étude est “très intéressante”, et confirme bien le fait que les boissons sucrées augmentent l’apport énergétique global.
En revanche, il rappelle que les résultats obtenus sur des souris ne sont pas toujours transposables à l’homme, et que la quantité de saccharose ajoutée à l’eau des souris était beaucoup plus élevée que celle présente dans la majorité des boissons sucrées. En effet, la boisson des souris contenait 50 % de sucre, soit cinq fois plus que dans du coca, et deux fois plus que dans un milkshake.
“Malgré ces limites, cette étude souligne clairement la nécessité de mieux comprendre les raisons sous-jacentes de la consommation excessive de nourriture, et la façon dont elle peut être modifiée”, précise-t-il.