Dieu est beau et aime la beauté

Dieu nous fait fréquemment part dans Son Livre de ce qu’Il aime. Nous savons de ce fait, grâce à plusieurs versets que « Dieu aime ceux qui se repentent et qui se purifient », « les pieux », « les endurants » ou encore « ceux dont l’agir est beau ». Les adorateurs doués d’intelligence prêtent une oreille attentive à ces Paroles et portent beaucoup d’intérêt aux informations précieuses qu’elles contiennent. Cela parce qu’à chaque fois que Le Seigneur dévoile ce qu’Il aime, Il guide miséricordieusement vers un de Ses Sentiers menant à Sa Connaissance et à Son Amour. La beauté en est un des plus importants.

En effet, à l’homme qui questionna au sujet de l’amour des beaux vêtements et des belles chaussures, le Prophète Mohamed répondit : « Dieu est Beau et aime la beauté » [1], Paix et Salut sur le Messager du Beau. Oui, Dieu est Beau. Ses Noms sont des plus beaux. Sa Création est aussi belle que Son Ordre contenu dans le plus beau des récits.

Dans le Coran, le vocable « beauté » a été évoqué huit fois, une seule fois sous la forme nominale «ل جما/Jama’le » [2] et sept fois sous la forme adjectivale « جميل/Jami’le » [3]. Par ailleurs, plusieurs synonymes ont été également utilisés pour exprimer cette notion de la beauté tels que « حُسْن /Hossn » [4], « زِينَة /zi’na » [5] » ou encore « زُخْرُف /zokhrof » [6].

La beauté a de toute éternité suscité l’admiration et l’intérêt des Hommes. Fascinés par les formes de beauté éparses dans l’univers, beaucoup ont tenté de saisir réellement ce qu’elle est. On y voit alors la manifestation du Parfait, un signe de la présence d’une âme belle ou encore une forme spéciale du plaisir. Abstraction faite de toutes ces tentatives de définitions, la beauté demeure, cependant, indéfinissable et insaisissable. C’est peut-être finalement cela qui crée son charme.

Loin de moi donc, la prétention de saisir dans cet écrit la notion de la beauté. J’aspirerais simplement, à présenter les trois significations principales, à mon sens, qu’elle prend à travers les versets du Coran. Le Très-Haut dit :

1- « N’est-ce pas Lui qui a créé les cieux et la terre et qui vous a fait descendre du ciel une eau avec laquelle Nous avons fait pousser des jardins pleins de beauté. »[7]

2- « Nous avons placé ce qu’il y a sur la terre pour l’embellir, afin d’éprouver les hommes et de savoir par conséquent qui parmi eux sont les meilleurs dans leur agir. »[8]

3- « Dieu a fait descendre le plus beau des récits… » [9] ; Et « … ordonne la justice et le Bel agir. » [10]

Ainsi, incluse tant dans la Création que dans Le Commandement de Dieu, la beauté est à la fois un Signe du Grand Créateur, l’épreuve réservée aux Hommes dans ce bas-monde et la voie de la perfection morale et spirituelle

La beauté dans la création : un signe du Grand Créateur et une épreuve

De nombreux attributs divins sont regroupés sous l’appellation suivante « Les Attributs de la Beauté ». Il en est ainsi de l’attribut « Le Grand Créateur ». Dieu dit « Ton Seigneur, c’est Lui vraiment le grand Créateur, l’Omniscient » [11]. Non seulement Il a créé, mais Il a aussi bellement fait tout ce qu’Il a créé, à la perfection [12]. Dieu dit : « Nous avons créé toute chose avec mesure » ; « Qui a créé toute chose en lui donnant ses justes proportions ». De même, la diversité des formes de beauté dans Sa Création témoignent de Son Exubérance Créatrice.

Le Coran ne cesse de susciter l’intérêt de l’Homme pour qu’il observe et médite la belle et parfaite Création de Dieu. Dieu dit « N’ont-ils pas médité sur le royaume des cieux et de la terre, et toute chose que Dieu a créée ? ». Aussi, « Certes Nous avons placé dans le ciel des constellations et Nous l’avons embelli pour ceux qui regardent. »[13], dit Le Très-Haut.

Oui, à ceux qui regardent et voient clairement dans la beauté de la Création la manifestation du Parfait. A ceux qui y perçoivent l’Infini, celle-ci livre son secret, à savoir, qu’elle est l’expression sensible de la Vérité absolue qu’ « il n’y a de divinité autre que Dieu ». À ceux qui l’entendent également, dans le galop des chevaux ou dans le bruissement des rivières, dans le murmure du vent ou encore dans le chant des rossignols. Le compositeur Français Olivier Messiaen, prêtant une oreille attentive aux gazouillis des oiseaux, considérait ces derniers, telle une liaison entre l’humanité et les étoiles, dont la clarté est elle aussi un appel divin. Oui, un appel de Dieu à l’homme pour qu’il reconnaisse Son Unicité, exalté soit L’Unique. C’est ainsi que le beau, dans le Coran, est intimement lié au Vrai. Shaftesbury écrivit, « ce qui est beau est harmonieux et bien proportionné, et ce qui est harmonieux et bien proportionné est vrai»[14].

Autrement, la beauté devient prison et enferme l’homme dans l’illusion et le simulacre. Elle devient épreuve, d’autant plus qu’elle a la magie de plaire et d’exciter le désir. Dieu dit : « On a enjolivé aux gens l’amour des choses qu’ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d’or et d’argent, chevaux marqués, bétail et champs » ; « … afin d’éprouver les Hommes et par conséquent de savoir qui parmi eux ont le meilleur agir »[15]. Ainsi, au lieu de mettre l’homme en relation avec celui qui l’a produite et lui serve de voie à la perfection morale et d’embellissement de son âme, elle l’enferme dans la folie de ses passions corporelles et l’illusion de bien faire. Dieu dit « Ainsi rendent-ils profane ce que Dieu a fait sacré. Leurs méfaits leurs sont enjolivés. »

La beauté Dans l’Ordre : la beauté, une voie de la perfection morale

« Dieu a fait descendre le plus beau des récits » [16], dit Le Très-Haut. Le Coran est effectivement beau, aussi bien dans sa forme que dans le message qu’il porte. Sa langue est tellement belle que les habitants de la péninsule arabe, distingués par leur éloquence et leurs concours de poésie, embrassèrent l’Islam à la seule écoute de ses versets. Quant à son message, c’est la voie du juste milieu, le beau milieu auquel nous ne pouvons rien ôter ni ajouter. Tel un sommet, il se situe entre les deux extrêmes blâmables : l’excès et le défaut, à l’instar de cette belle leçon divine relative à la gestion des biens. Dieu dit « Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou (par avarice), et ne l’étends pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné. »[17]. Ou encore cette règle de conduite que le Prophète Mohamed, paix et salut sur lui, donne à sa communauté quand il confirme les propos de Salmane Al-Fârissi  qui disait à Abu Ed-dardâ : « Sache que Dieu a des droits sur toi, que ta personne a des droits sur toi et que ton épouse a des droits sur toi, alors donne à chacun d’eux son droit ». C’est ce bel équilibre que garantissent la balance et le livre que Dieu a fait descendre. « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice. »[18]. La justice qui, non seulement attribue équitablement à l’homme ce qui lui revient, mais le porte aussi à sa perfection, notamment quand celui-ci lui joint un bel agir. « Certes, Dieu commande la justice et le bel agir. »[19], dit Le Très-Haut.

Dans ce Beau Récit, le Beau commande de se faire beau. « Ô enfants d’Adam, faites-vous beaux auprès de chaque mosquée. »[20], dit-Il. De même, Il ordonne la belle patience « Il ne me reste plus donc qu’une belle patience ! »[21], le beau pardon « Pardonne-[leur] donc d’un beau pardon » [22], la belle parole « Et dis à Mes adorateurs d’exprimer les meilleures paroles » et la belle salutation « Si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure »[23]. Et Il commande même une belle séparation en cas de conflit relationnel. Il dit « Et endure ce qu’ils disent ; et écarte-toi d’eux d’une belle façon. »[24]. Il en va de même pour les autres comportements.

La beauté, ici, concorde harmonieusement et se confond avec la bonté, embellissant tant le corps de l’Homme, que son cœur et sa raison. Dieu dit : « Ô enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. – Mais le vêtement de la piété voilà qui est meilleur. » [25]. Les beaux vêtements sont alors pour son corps. La piété, elle, est pour son âme et se traduit par la miséricorde du cœur, la sagesse de la raison et la bonté du comportement.  C’est seulement ainsi que l’adorateur peut s’approcher du Beau. « Qui ne s’est pas fait beau soi-même n’a pas le droit d’approcher La Beauté »[26]. Qu’elle est belle cette parole !

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