Discours du Président du CNI lors de la cérémonie d’installation officielle du Président du COSIM de la section communale de Cocody le 26 mai 2001 (suite)

– L’instauration d’un prix CISSE YACOUBA pour récompenser l’homme politique ou l’institution de la république, ayant au cours d’une année le plus contribué au rapprochement entre les hommes
politiques. CISSE YACOUBA avait 14 ans. Il fut abattu de 16 balles par les gendarmes à ABOBO GARE alors qu’il se rendait chez lui.
– L’instauration d’un prix Abdramane BAMBA pour récompenser l’homme religieux ou l’institution religieuse ayant au cours d’une année contribué, de façon significative au dialogue inter religieux. Il est mort abattu par les forces de l’ordre alors qu’il intercédait entre les belligérants qu’il avait du reste réussi à réconcilier. L’Imam Abdramane BAMBA était un jeune de (41 ans).
Cette disposition d’esprit pour œuvrer à tout ce qui concourt à la paix, à la justice et à l’égalité de traitement entre tous les fils et filles de ce pays, doit être la marque distinctive de nos actions.
Huit ans après la création du CNI, les musulmans ne se sont pas encore réveillés de leur cauchemar. Il persiste toujours des attitudes et des comportements qui font partie des causes endogènes qui ont engendré le charnier. A savoir :
– Les dérapages verbaux des hommes politiques et des médias publics et privés
– La diabolisation d’une religion
– Les attaques gratuites contre les dignitaires religieux musulmans.
– La propension de certaines personnalités politiques à afficher publiquement leur préférence et soutien à des groupes religieux sans retenue
– La mainmise virtuelle sur les rouages essentiels de l’Etat et des hommes qui les incarnent par des obédiences religieuses dont certains représentants locaux et extérieurs considèrent
publiquement que la Côte d’Ivoire, qui compte des mosquées de plusieurs siècles, est une terre vierge. D’où cette propension à transformer l’adversité politique en opposition religieuse entre les
habitants de notre pays et à prendre parti directement dans la compétition politique par des choix et des hostilités affichées ouvertement contre des citoyens ivoiriens.
Honorables Imams, Mesdames et Messieurs,
Le processus de réconciliation est une étape importante pour non seulement les ivoiriens, mais aussipour tous les amis de notre pays et de ses habitants. Dans le cas particulier de notre communauté, nous attendons au bout du processus de réconciliation :
– Une enquête sur les attaques subies par les lieux de culte afin de situer les responsabilités
– La publication des résultats des perquisitions effectuées dans les mosquées et les domiciles des dignitaires religieux musulmans
– La publication des résultats des enquêtes sur le charnier de Yopougon
– La publication des résultats des enquêtes sur les exactions commises sur les nombreux dignitaires et fidèles musulmans pris dans nos mosquée et conduits à l’école de police en décembre 2000
Il est à souhaiter que les débats de la réconciliation débouchent sur la naissance de la vérité et de la justice, sans lesquelles il n’y aura ni développement ni paix durable.
Honorable invités, je voudrais enfin me tourner spécialement vers les habitants de Cocody dont nous installons aujourd’hui le bureau local du COSIM, avec à sa tête l’imam Boikary FOFANA.

C’est dans cette commune, que le renouveau de l’Islam a trouvé les terreaux les plus fertiles. C’est dans cette même commune que se sont révélés les pionniers de l’imamat moderne. De cette complicité entre les imams et les cadres, l’Islam a continué à être présent dans les cœurs des cadres. Alors qu’en 1980, on ne comptait aucune mosquée ici, aujourd’hui 20 ans après, on y compte au moins 24 lieux de prière. Ce nombre est certes, encore insuffisant, mais c’est la preuve que les Imams et les cadres peuvent modifier le cours de l’histoire. Parmi les Imams et cadres acteurs
actifs et courageux de cette réussite, je voudrais saluer la mémoire de nos illustres défunts l’Imam Ahmed Tidiane BAH, Souleymane DOUMBIA, Youssouf FOFANA, Alpha CISSE. Nous rendons un vibrant hommage à leurs compagnons de route parmi nous, l’Imam Mohamed KABA et l’Imam Boikary FOFANA que nous intronisons ce matin, comme le Président communal du COSIM. Ce jour est une consécration pour tous ces pionniers. Je m’empresse d’associer à ces illustres combattants, l’ensemble de nos cadres. Car nos imams n’auraient pas réussi totalement leurs entreprises, si tous les cadres ne s’étaient pas impliqués suffisamment à leurs côtés avec courage, détermination et foi.

Excellence Messieurs les Imams,
Honorable invités, le grand Imam que nous intronisons aujourd’hui ne fait pas seulement partie des pionniers de l’Imamat moderne de notre pays. Il en est l’incarnation même. Il a osé ce que très peu de gens au poste de responsabilité
qu’il avait dans la vie professionnelle, pouvait faire. Par ses qualités professionnelles, sa compétence, il a su imposer et faire respecter sa personne, son personnage.
En outre, dans un contexte politique monolithique au plan national, et un contexte international très peu favorables à l’Islam, il n’a jamais reculé malgré les risques et les intimidations. A suivre…