Une étude américaine menée sur plusieurs milliers d’applications pour enfants diffusées par la boutique en ligne de Google, révèle que nombre d’entre elles, récupèrent les données personnelles de ses jeunes utilisateurs.
Depuis fort longtemps, les géants de l’Internet nous ont persuadés que l’enregistrement systématique de nos données personnelles en échange de publicités ciblées était le seul modèle économique permettant de développer durablement des services en ligne innovants. Mais trop, c’est beaucoup trop ! Cette collecte menée sans le consentement éclairé des internautes finit par exaspérer, comme le démontre le réseau social Facebook qui vient d’en faire les frais. Après l’affaire du détournement des données de ses usagers par Cambridge Analytica, la méfiance des internautes se généraliserait, touchant aujourd’hui tous les grands acteurs du web.
Partages des données personnelles des enfants
La semaine dernière, des associations américaines ont accusé la plateforme web de diffusion vidéo YouTube, dont la maison mère est Google, d’avoir collecté des données personnelles sur les enfants pour mieux cibler leurs publicités. Vingt-trois organisations de défense des droits numériques de l’enfance ont déposé une plainte auprès de la FTC, le régulateur américain du commerce. Elles accusent « Google de réaliser des profits gigantesques avec les pubs pour enfants sans respecter la COPPA », la loi américaine sur la protection des données privées des jeunes de moins de 13 ans. Les applications familiales pour smartphones de la firme américaine sont maintenant sur la sellette.
Des milliers de programmes conçus pour le système d’exploitation des mobiles Android, qui sont proposés sur la boutique en ligne de Google, espionnent les enfants, affirment les chercheurs de l’International Computer Science Institute. Sur 5 855 applications examinées à la loupe, l’étude révèle que certaines récupèrent à leur insu la localisation des jeunes utilisateurs, que d’autres partagent en masse les données personnelles des bambins à des fins de « publicité comportementale ». La plupart de ces appli, en dépit des règles imposées par Google en matière de confidentialité et de sécurité sur les smartphones, croisent et diffusent les informations d’un même enfant sans jamais en informer les parents.
Les auteurs de l’étude précisent cependant, que toutes les applications de la boutique en ligne de Google ne violeraient pas forcément la loi COPPA américaine protégeant la vie privée numérique des enfants. C’est la raison pour laquelle les chercheurs invitent plutôt les adultes à bien vérifier si ces programmes exigent au préalable un consentement parental. L’étude rappelle, toutefois, que s’il est peut-être temps d’alerter les bébés qu’un parfum de « Big Brother » aux relents mercantiles plane au-dessus de leur berceau, malheureusement, en ce qui concerne le smartphone des parents qui téléchargent tout et n’importe quoi sur leur mobile, il est déjà trop tard…
RFI