Pour les Palestiniens, se déplacer dans les Territoires occupés est toujours synonyme de casse-tête entre les checkpoints israéliens, les routes bloquées ou encore les embouteillages. Une start-up palestinienne a donc lancé en juin dernier un nouveau navigateur pour smartphone pour pallier au problème : Doroob.
De notre correspondante à Ramallah,
Doroob signifie « chemins » en français. C’est le nom de cette application qui compte déjà plus de 35 000 utilisateurs. Elle vient combler un manque, surtout en Cisjordanie, car Google Maps et Waze par exemple y fonctionnent très mal. Ces GPS très connus appartiennent tous deux à Google.
Ce géant du web a été plusieurs fois accusés de vouloir effacer les Territoires occupés de la carte par des ONG de défense des droits des Palestiniens. Waze qui est au départ une application israélienne indique même que vous entrez dans une zone dangereuse lorsque vous arrivez dans une zone palestinienne.
Entre cartes israéliennes, palestiniennes et onusiennes
C’est pour cela qu’une petite équipe de locaux a décidé de créer Doroob. L’application est déclinée en arabe et en anglais, avec une ergonomie simple. C’est un travail de titan pourtant qu’il leur a fallu accomplir.
Ils ont dû combiner des cartes routières israéliennes puisque 60% de la Cisjordanie est sous le contrôle exclusif de l’État hébreu, des cartes palestiniennes, mais aussi internationales comme les cartes élaborées par l’ONU.
Cette application a une particularité, celle de signaler les checkpoints en Cisjordanie. Mais contrairement à ce qui a été présenté par certains médias, Doroob n’est pas un « gadget anti-barrage militaire ».
En Cisjordanie, les emplacements des checkpoints israéliens sont déjà connus des Palestiniens. Au mieux, Doroob permet de savoir que les routes ou les checkpoints sont fermés ou qu’il y a des bouchons autour de ces goulots d’étranglement.
Ne pas se mettre en danger autour des colonies
Doroob sert surtout à assurer la sécurité des Palestiniens pour éviter qu’ils se perdent dans des zones qui leur sont interdites. Notamment les alentours des quelque 400 colonies israéliennes, illégales selon le droit international, insiste l’un de ses créateurs Mohammed Haleem :
« Par exemple si vous êtes palestinien et que vous conduisez entre Ramallah et Naplouse, dans la plupart des cas vous ne voulez pas vous retrouver sur un réseau routier israélien qui mène à une colonie donc l’application vous évite ça. En fait, elle vous conduit sur des routes qui sont autorisées aux Palestiniens en Cisjordanie. »
Mais l’application connait quelques faiblesses. Il est par exemple impossible de connaitre vraiment l’état du trafic en temps réel et donc le temps d’attente à ces fameux checkpoints. Elle n’est pas non plus encore disponible hors-ligne alors que les connexions 3G sont hors de prix en Cisjordanie. C’est le nouveau chantier de Doroob qui voit grand. La petite start-up palestinienne souhaite offrir ce service à l’avenir dans différents pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
rfi