EID EL KEBIr, sEns Et PortEE

L’eid el kébir (la grande fête), eid el adah (la

fête du sacrifice) ou encore la Tabaski, est la 2ème fête de l’islam après l’eid el fitr (la fête de la rupture du ramadan). Elle est la plus importante et est surtout marquée par l’immolation d’une bête, de préférence un bélier, pour celui qui en a les moyens.

Historiquement, cette fête commémore principalement l’acte de soumission totale d’Abraham et d’Ismaël son fils unique (paix sur eux) à Allah. Pour le premier en acceptant, sans rechigner, l’ordre reçu en songe d’Allah, d’immoler son fils unique. Pour le second pour avoir aussi obéi à Allah en acceptant, sans difficulté, la proposition de son père. Voici ce qu’en dit le saint Qur’ane au verset 102 du chapitre 37 (Les rangs): « … Abraham dit : ‘ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses. Ismail dit : ‘ô mon père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plait à Allah du nombre des endurants ». En guise de récompense pour cette obéissance sans faille, Allah remplaça son fils par un bélier : « Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il eut jeté sur le front… nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse. » (Dixit le saint Qur’ane aux versets 103 et 107 du chapitre 37). Au-delà de cette charge historique que retenir ?

Premièrement, ce fait nous ramène au cœur du dogme fondamen- tal de l’islam. A savoir que tout humain, se proclamant musulman, se doit de se soumettre totalement et exclusivement à Allah, son Créateur. A travers cet acte, Ibrahim ainsi que sa descendance, montrent la voie et ouvrent la lignée des prophètes d’Allah, jusqu’au dernier d’entre eux, Mohammed (paix et bénédiction sur lui). Ceux-ci n’auront de cesse d’appeler les hommes à la même injonction: se soumettre, à travers ses pensées et actions, à Allah. Deuxièmement, face à la crise d’autorité que l’on constate de nos jours dans les relations parents-enfants, l’acceptation sans hési- tation par Ismaël de l’invite de son père à l’immoler, peut déton- ner, à juste titre, plus d’un ; quand on sait que la tendance est à la liberté de choix des enfants. Encore qu’ici, les échanges nous montrent qu’Abraham (psl) laisse le choix à son fils, qui lui, ne fait aucune difficulté à lui obéir, malgré la gravité de ce qui l’at- tend. On comprend ici que c’est l’exemplarité de la dévotion du père, qui lui vaut la confiance aveugle de son fils. En consé- quence, on pourrait en déduire que, tout parent devrait afficher une vision claire de son choix de vie et incarner à tout instant, les valeurs essentielles qui le portent, dans son vécu quotidien. C’est à ce prix que l’autorité parentale s’en trouvera légitimée et effec- tive.

Réciproquement, ce fait rappelle aussi aux enfants, leur devoir d’obéissance à leurs géniteurs. Bien entendu, dans la mesure où ceux-ci ne les incitent pas à enfreindre les convenances sociales et les lois en vigueur.

Troisièmement, dans un monde aux mains d’un matérialisme à tous crins et d’un ultralibéralisme soumettant tout, à une mar- chandisation sans limite, l’Eid el kébir vient réaffirmer la néces-

sité de l’effectivité de la solidarité humaine. En effet, tout(e) mu- sulman(e) ayant immolé une bête, est invité (e) à partager celle- ci avec sa famille élargie, ses amis, ses voisins et les plus démunis. Un acte fondamental, qui sort l’individu de l’enferme- ment de son égoïsme, pour l’inviter à s’ouvrir aux autres, à l’amour.

Quatrièmement, l’eid-el-kébir est célébrée en même temps que le hajj, 5ème pilier de l’islam. Parmi les rites du hajj, les pèlerins observent la course entre Safa et Marwa (deux monticules de terre); imitant ainsi, les va-et-vient de Hadjar (la mère d’Ismaël) alors à la recherche d’eau pour son fils Ismaël. Pour répondre à ses supplications, Allah fit jaillir de l’eau de cette terre aride : c’est le puits de zam-zam que l’on trouve de nos jours près de la Kaaba. Il n’a pas tari jusqu’à ce jour et les pèlerins s’en désaltè- rent, depuis toujours, à satiété après cette course, ou à tout mo- ment.

Si l’on veut épouser les concepts contemporains, on voit là que le respect du genre est là respecté, dans la panoplie des actes de dévotion qui entourent la vie d’Ismaël. Cela, pour dire qu’en dépit de certains clichés, l’islam a depuis son avènement intégré l’équité entre les sexes.

Enfin, cinquièmement, cette histoire met en exergue la nécessité de la patience face à toute épreuve. En effet, malgré le difficile examen auquel Abraham (psl) est soumis par son Créateur, il reste dans la logique de sa soumission à Allah. Cette exemplarité de- vrait inspirer chacun face aux difficultés de la vie. C’est pourquoi, cette vertu est fortement recommandée au musulman pour espérer la grâce d’Allah, à l’instar de celle dont Il a cadeauté Abraham (psl): « Et nous perpétuâmes son renom dans la postérité, ‘paix sur Abraham’. Ainsi récompensons-nous les bienfaisants ; car il était de Nos serviteurs croyants. » Qur’ane chapitre 37 versets 110 et 111.

Qu’Allah nous accorde ainsi qu’à notre progéniture, la soumis- sion et la grâce dont a bénéficié Abraham. Amine.

NURUDINE OYEWOLE [email protected] COMMUNICATEUR