Eléphants, éliminatoires CAN 2021 au Cameroun, FIF, Drogba….
FRANCK YANNICK KESSIE à CŒUR OUVERT
En vacances de fin d’années à Abidjan, nous avons eu le grand privilège d’être reçu par Franck Kessié, la star du Milan AC et des Eléphants de Côte d’ivoire pour un entretien à bâtons rompus.
Votre Voie : Qu’est- ce qui explique votre présence à Abidjan en cette fin d’année ?
Franck Kessié : Nous sommes venus nous ressourcer auprès de la famille à Abidjan. Nous allons repartir parce que la seconde phase du championnat reprend bientôt. Disons que nous sommes là en ce moment pour fêter avec la famille.
Vous auriez pu rester en Italie comme les autres joueurs !
Après tout, les vacances, c’est personnel. Il y a d’autres effectivement qui prêtèrent aller ailleurs. Nous c’est ici que nous trouvons la force pour réarmer. Chaque fois qu’il y a un bout de vacances nous revenons au pays pour les passer auprès des amis et des parents.
Pour tes Ivoiriens, Franck Kessié, ce sont les Eléphants. La dernière sortie à Madagascar s’est soldée par un match nul. Quels commentaires faites-vous de cette performance ?
On a fait un bon match. Il ne fallait pas perdre. Nous avons gagné à Abidjan. Au retour, il ne fallait pas perdre. Nous avons pris un point. Aujourd’hui, nous sommes en tête de la poule. C’est bon à prendre. Il nous reste deux matchs décisifs à bien négocier pour avoir le ticket de la CAN au Cameroun en 2022.
Au regard de la physionomie de la rencontre largement dominée par les Eléphants, nombreux sont ceux qui pensent que la Côte d’ivoire aurait pu avoir le gain du match. Un point, c’est d’abord bien à prendre parce qu’on était à l’extérieur. C’est vrai qu’on avait les qualités pour gagner mais quand tu joues à l’extérieur, ce n’est pas toujours facile, il y a beaucoup de conditions qui comptent. Le plus important était de ne pas perdre à l’extérieur. Et nous jouions aussi contre le premier de la poule. Le nul nous a permis d’être les premiers de la
Les prochains rendez- vous seront contre le Niger et l’Ethiopie. Comment voyez-vous ces rencontres ?
On va pas à pas. On va attaquer le Niger. Un match à l’extérieur, il va falloir gagner pour pouvoir maintenir la première place. Après, nous allons jouer contre l’Ethiopie. Ce sont de bonnes équipes. De toutes les façons, il n’y a plus de petites équipes. Toutes les équipes ont aujourd’hui des joueurs dans les grands championnats. Donc tous les matchs sont difficiles et c’est le plus décisif qui fait la différence. Nous allons chercher à être décisifs et mettre les atouts de notre côté pour terminer premiers.
Des deux matchs, lequel est le plus important ?
Le premier match est le plus important parce qu’on va pas à pas. Nous jouons au Niger. Il faut faire un résultat. Et après on vient faire la fête ici à Abidjan,
Le résultat au Niger, est- ce une victoire ou un nul ?
Au Niger, on va pour chercher les points de la victoire pour maintenir notre place de leader de la poule. Il va falloir aller battre le Niger à Niamey et faire la fête avec nos supporters à Abidjan.
Quelles sont les chances des Eléphants pour remporter justement ces deux demies matchs ?
Nous avons les joueurs qu’il faut. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs qui ont intégré la sélection. Parmi eux, il y a des binationaux qui s’intègrent bien. Il ne faut pas oublier les anciens qui sont revenus. On peut parler d’une bonne équipe. Le capitaine Gervinho et Serey Dié sont, comme beaucoup, de bons atouts pour l’équipe.
Peut-on parler de corne back de la grande équipe des Eléphants ?
Nous laissons le soin aux coachs et observateurs avertis d’apprécier. Il y a eu pas mal de nouveaux joueurs qui sont venus. A un moment donné, c’est vrai, il y a des bas. En ce moment, nous pensons que l’équipe est toujours à la recherche de sa stabilité. C’est ce que nous recherchons pour prendre le décollage de l’avion. Sur ce coup-là, nous pensons que le coach nous sera d’un apport important surtout pour les nouveaux qui ont intégré l’équipe.
Est-ce que la qualification pour la CAN au Cameroun est garantie pour les Eléphants ?
Nous sommes premiers de la poule. Donc nous avons nos chances pour nous qualifier et faire un bon tournoi pour faire plaisir à nos supporters.
L’instance dirigeante du football en Côte d’ivoire, c’est bien sur la Fédération ivoirienne de football (FIF). Quel est votre regard sur la crise qui secoue cette structure depuis quelque temps ?
Les histoires de FIF, ce n’est pas notre affaire. Nous sommes des joueurs. Et quand on nous convoque, nous venons jouer pour mouiller le maillot pour la Nation. Pour la gestion du football, il y a d’autres personnes qui s’en chargent (Rires). Après, on espère que tout rentre dans l’ordre. Que le championnat redémarre et que nos frères reprennent leur activité, car c’est ce qu’ils savent faire. Que le championnat reprenne pour que nos frères, comme nous le disions, puissent avoir leur chance comme ça a été le cas pour nous.
Vous êtes joueur, mais vous n’êtes pas étranger à la FIF puisque c’est elle qui chapeaute tout ce qui est football en Côte d’ivoire !
Evidemment la FIF nous concerne mais peu importe le président élu, nous nous alignons. Nous ne sommes pas votants. Les votants, ce sont les présidents de club, les médecins, les arbitres, etc.
Didier Drogba, l’ex-capitaine des Eléphants est candidat. Quelle est votre opinion sur sa candidature ?
Il y a beaucoup de joueurs qui ont fini leur carrière professionnelle et qui rentrent au pays pour faire autre chose. Certains s’investissent dans le football. Comme Didier Drogba veut aussi s’investir dans le football local, c’est une bonne chose. Il a été une icône. Il reste une légende, donc c’est une bonne initiative. Dans tous les cas, nous pensons qu’ils vont tous s’arranger pour que le championnat reprenne.
Vous voulez dire que vous soutenez la candidature de Drogba ?
Rires. Nous ne sommes pas votants. C’est l’affaire des présidents de clubs. Pour nous, peu importe le président qui est là. Quand on nous appelle en sélec
Quelles sont vos relations avec Didier Drogba et les autres anciens ?
Didier Drogba est un grand frère. Nous avons des relations de grand-frère à petit- frère. Il n’y a rien d’autre. Il nous donne des conseils et comme ce sont des devanciers, nous suivons pour pouvoir avancer.
Et les autres ?
Nous avons effectivement des contacts avec d’autres. Nous parlons souvent avec Yaya, Kolo Touré et bien d’autres. C’est sur eux que nous copions pour avoir une carrière comme eux.
De l’Italie, comment vous appréciez aujourd’hui le football local ?
Pour nous, le niveau est bon. Nous pensons qu’il a évolué parce qu’aujourd’hui en sélection A, nous nous retrouvons souvent avec trois ou quatre joueurs locaux. Et très souvent, ils ont un rendement satisfaisant. Ça veut dire qu’ils ont le niveau
Le leadership de l’Asec et l’Africa est très contesté. Votre commentaire ?
Comme nous l’indiquions, c’est la preuve que les choses ont évolué. On peut dire que les autres équipes ont progressé. Plus il y a de la concurrence, plus il y a des joueurs compétitifs pour bien défendre les couleurs nationales.
Au regard de vos prestations, on a l’impression vous êtes très à l’aise au Milan AC. Vous confirmez cela ?
Aujourd’hui, ça fait sept ans que nous jouons en Italie. Nous connaissons le championnat. Nous arrivons à nous éclater. Ça fait cinq ans que nous sommes en Sérié A. Voilà, après tu as des petits secrets.
Qu’est-ce qui a permis au Milan AC de revenir aujourd’hui au premier plan en Sérié A ?
Comme on le dit, un grand club ne meurt jamais. Il y a des hauts et des bas dans la vie des clubs. Le Milan AC a vécu cela pendant quelque temps. Aujourd’hui, avec le travail et les changements, les choses rentrent dans l’ordre.
Le Milan AC peut-il terminer champion cette année ?
Rires. Nous dirons « pourquoi pas ?” Mais en même temps, il ne faut pas vite
aller en besogne. Nous ne sommes que dans la première partie du championnat. Il reste encore beaucoup de matchs à jouer. Notre objectif est d’être parmi les quatre premiers pour retrouver la Ligue des champions.
Qu’est-ce qui fait la force du Milan AC?
Sans un bon encadrement, c’est difficile de trouver de bons joueurs. Donc, c’est le staff, l’encadrement, toute l’équipe du Milan, du jardinier au premier responsable.
Qu’est-ce qui fait que Franck Kessié explose ? Comme nous le disions tantôt, c’est l’ensemble du staff. Il y a aussi les co-équipiers, le staff technique qui nous est également d’un bon apport.
Votre expérience y est-il pour quelque chose ?
Quand tu es dans un club aussi mythique, les eux premières années ne sont pas évidentes. Aujourd’hui, nous sommes à notre quatrième année. L’expérience dans le club nous aide beaucoup.
Comment voyez les chances du Milan AC en Europa Ligue ?
C’est une compétition. A partir du deuxième tour, tout est possible. Nous aurons notre mot à dire en League Europa.
La Côte d’ivoire, une fois encore, a été secouée par une crise électorale. Quel est votre regard sur le processus de réconciliation nationale ?
L’idéal est d’être unis, de se parler. Les politiciens tiennent les rênes du pays. C’est eux qui savent ce qui est bien pour le pays. Nous pesons qu’ils trouveront les solutions qu’il faut.
L’ancien président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Bernard Daniel Anouma est candidat à la présidence de la CAF. Votre appréciation sur sa candidature ?
Nous sommes d’accord avec cette candidature. S’il est élu, la Côte d’ivoire en tirera beaucoup de bénéfices.
Comment voyez-vous ses chances ?
Il a beaucoup de chance car il n’est pas à sa première tentative. En son temps, sa candidature a eu un problème. Aujourd’hui, il a tout le monde du football ivoirien avec lui. Nous saisissons cette opportunité pour lui dire nos encouragements.
Interview réalisée par César Ebrokié
Notre Voie n° 6525 du lundi 28 décembre 2020 page 6 à7