Le pire des scénarios pourrait arriver avec cette pandémie sur le Continent, si les mesures de prévention et de protection ne sont pas scrupuleusement observées. La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), dans un nouveau rapport sur la pandémie de coronavirus intitulé Covid-19 en Afrique Sauver des vies et l’économie qu’entre 300 000 et 3 300 000 Africains pourraient perdre la vie à cause de la Covid-19, en fonction des mesures prises pour stopper la propagation du virus.
« Si l’Afrique est particulièrement vulnérable, c’est parce que 56 % de la population urbaine – hors Afrique du Nord – est concentrée dans des bidonvilles surpeuplés et mal équipés, et que seuls 34 % des ménages ont accès à de simples moyens de se laver les mains », expliquent les experts dans le rapport et dont l’équipe principale chargée de sa consolidation est composée de Jamie MacLeod, expert en politique commerciale au Centre africain pour les politiques commerciales, Christine Achieng Awiti, économiste, et Veerawin Su, économiste adjoint.
A côté du volet humain, la pandémie aura un impact certain sur des économies déjà en difficulté, alors que la croissance du continent ralentirait de 3,2 % à 1,8 % « dans le meilleur des cas », plongeant près de 27 millions de personnes dans l’extrême pauvreté.
Le rapport, lancé virtuellement ce 17 avril, indique que les systèmes de santé fragiles de l’Afrique verront des coûts supplémentaires leur être imposés en raison de la crise croissante qui, à ce jour, a vu 16 000 Africains infectés et faisant plus de 800 morts au moment du lancement du rapport.
« Afin de protéger et contribuer à la prospérité partagée du continent, 100 milliards de dollars sont nécessaires pour fournir de manière urgente et immédiate un espace budgétaire à tous les pays afin de répondre aux besoins immédiats des filets de sécurité des populations », réitère Vera Songwe, vice-secrétaire générale de l’ONU et secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique.
Autre constat rappelé par les experts dans le rapport de la CEA, 71 % de la population active est employée dans le secteur informel et la plupart de ces employés ne peuvent pas faire du télétravail. Près de 40 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. Et de tous les continents, l’Afrique est celui qui a la plus forte prévalence de certaines pathologies préexistantes, comme la tuberculose et le VIH/ sida. L’Afrique est vulnérable en raison du manque de lits d’hôpital et de professionnels de santé, de sa forte dépendance à l’égard des importations pour ses médicaments et produits pharmaceutiques, de la faiblesse de ses systèmes d’identité juridique pour le versement de prestations en espèces et, enfin, du fait que ses économies, déjà peu solides, sont incapables de faire face aux coûts de santé et aux conséquences d’un confinement
« Les coûts économiques de la pandémie ont été plus durs que l’impact direct de la Covid-19. À travers le continent, toutes les économies souffrent du choc soudain sur les économies. La distanciation physique nécessaire pour contenir la pandémie étouffe et noie l’activité économique », ajoute-t-elle.
Le rapport note que les PME africaines risquent de fermer complètement en l’absence d’un soutien immédiat. En outre, le prix du pétrole, qui représente 40 % des exportations africaines, a diminué de moitié et les principales exportations africaines comme les textiles et les fleurs fraîches coupées se sont effondrées. Le tourisme, qui représente jusqu’à 38 % du PIB de certains pays africains, a effectivement cessé, tout comme l’industrie du transport aérien qui le soutient.
Affronter la réalité de la crise
Pour pouvoir atténuer les effets de la crise le rapport souligne un nombre d’efforts concertés visant à maintenir le fonctionnement du commerce, en particulier dans les fournitures médicales essentielles et les aliments de base, avec une forte poussée politique pour lutter contre l’envie d’imposer des interdictions d’exportation. Il propose également que la propriété intellectuelle sur les fournitures médicales, les nouveaux kits de test et les vaccins doit être partagée pour aider le secteur privé africain à jouer son rôle dans la riposte.
Et comme Songwe, le secteur privé a besoin de liquidités, mais a également besoin de partenaires. « C’est pourquoi nous appelons la communauté internationale à nous soutenir en injectant plus de liquidités dans nos économies », ajoute-t-elle.
Afrique.latribune