La difficulté à attirer les fonds étrangers est souvent considérée comme un des freins majeurs au développement de l’Afrique. Avec un taux d’accès à l’électricité qui n’atteint pas 20% dans la moitié des pays africains (source : Banque Mondiale), une demande parfois très faible et une instabilité politique, le secteur énergétique ne devrait pas faire exception. Pourtant, les énergies renouvelables semblent susceptibles d’attirer des investisseurs venus d’ailleurs. Une étude récente (Havas Horizons, 2016) a même fait de l’énergie solaire l’investissement le plus prometteur pour l’Afrique en 2020. De l’Asie au Moyen-Orient, voici quatre exemples significatifs.
L’Europe du Nord mise sur l’éolien
L’annonce récente en dit long sur le changement de position des pays occidentaux par rapport à l’investissement énergétique en Afrique. La Finlande devrait, par l’intermédiaire de la Société Financière Internationale* (IFC) injecter pas moins de 114 millions d’euros dans différents projets éoliens menés par des entreprises privées sur le continent africain. Premier équipement visé : la ferme du lac Turkana, au Kenya, avec ses 365 turbines censées augmenter de 17% la puissance électrique installée du pays. L’Allemagne, via l’entreprise spécialisée en énergie éolienne Nordex, va également produire 252 MW dans la région du Cap Nord, en Afrique du Sud.
Du «off grid» pour l’Angleterre
De passage sur le continent cet été, la Première ministre britannique Theresa May a annoncé le déblocage, via le Fonds pour les technologies propres (CTF), de près de 75 millions de dollars pour le développement de batteries à sel en Afrique du Sud. Ce projet, dont le budget est estimé à 500 millions de dollars, permettrait de répondre aux carences de production en énergie solaire pendant la saison des pluies (quatre mois par an). Le Royaume-Uni demeure par ailleurs très investi dans les initiatives «off grid» en milieu rural, notamment à travers le programme Energise Africa qui vise à apporter de l’énergie propre à 125 000 personnes vivant en Afrique subsaharienne et dans lequel les Britanniques ont investi deux millions de dollars.
L’influence grandissante de la Chine
Les études se suivent et se ressemblent pour démontrer que la Chine, d’ores et déjà leader mondial des investissements dans les énergies renouvelables (40% des nouvelles capacités d’énergie verte selon l’Agence Internationale de l’Énergie), a fait de l’Afrique son partenaire privilégié. Depuis 2012, les fonds chinois pleuvent sur le continent jusqu’à atteindre neuf milliards de dollars entre 2016 et 2017 selon une étude du cabinet Baker McKenzie. Et, toujours selon l’Agence de l’Énergie, d’ici 2020, la Chine pourrait avoir financé près de 200 projets dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique subsaharienne. De quoi faire en sorte qu’un Mégawatt africain sur deux soit chinois.
Un axe solaire pour les Émirats arabes unis
Depuis quelques années, les relations entre l’Afrique et les Émirats arabes unis se sont considérablement renforcées. Selon la Chambre de commerce de Dubaï (DCCI), le nombre d’entreprises africaines enregistrées dans la première ville des Émirats a bondi de 41% en 2016, tandis que le volume d’échanges commerciaux entre les deux régions a atteint 35 milliards de dollars. Le secteur énergétique bénéficie largement de cette embellie. L’Éthiopie devrait ainsi obtenir deux milliards de dollars, dont une partie financera des projets dans le secteur du renouvelable. Du côté du Tchad, la compagnie Almaden Emirates Fortune Power a signé un contrat pour la construction d’un parc solaire de 200 à 400 MW. De quoi booster le développement d’un pays où le taux d’électrification peine à dépasser les 5%.
* La branche de la Banque mondiale dédiée au financement des entreprises.
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