S’il y a une parlementaire qui a attiré tous les regards, jeudi 3 janvier, dans le centre névralgique du pouvoir américain, c’est bien Rashida Tlaib, la représentante démocrate du Michigan et l’une des deux premières femmes musulmanes à y entrer par la grande porte.
Elle l’avait annoncé sur son compte Instagram en décembre dernier et elle a tenu parole, c’est tout de rouge vêtue qu’elle est apparue, radieuse, lors d’une cérémonie solennelle, ô combien chargée d’émotion pour la fille d’immigrés palestiniens qu’elle est : sa prestation de serment sous les ors du Congrès.
Rayonnante de bonheur dans sa tenue d’apparat traditionnelle qui a donné de l’éclat au temple législatif, tout en faisant briller les couleurs de la Palestine, Rashida Tlaib, à l’instar de Ilhan Omar, sa collègue et coreligionnaire du Minnesota, espère que 2019 verra se lever une nouvelle aurore politique sous la coupole du Capitole. On observera qu’Ilhan Omar a, elle aussi, fait une entrée très remarquée sous son voile aux reflets chatoyants (voir photo ci-dessus).
Entourée de ses deux jeunes fils, si fiers de leur maman propulsée sur le devant de la scène publique, et sous l’œil bienveillant de la fringante Nancy Pelosi, la femme la plus puissante de Washington qui, à 78 ans, remonte sur le perchoir de la Chambre des Représentants pour donner du fil à retordre à Donald Trump, elle a tenu à rendre hommage à sa mère en ce jour mémorable, à marquer d’une pierre blanche.
« Tous les enfants de parents immigrés connaissent les sentiments ambivalents qui animent leur père et leur mère. Ils sont tiraillés par l’envie que nous réussissions dans notre pays d’accueil et par la crainte que nous finissions par renier nos racines, nos valeurs, que nous perdions un peu de notre âme », a confié, les yeux brillants, l’une des figures de proue du renouveau législatif de l’autre côté de l’Atlantique.
En plus d’être l’incarnation d’une nouvelle manière de faire de la politique, en bousculant ses codes et l’un des bastions du pouvoir masculin, tout en osant défier l’Aipac, le puissant lobby pro-israélien, sur son propre terrain de jeu, Rashida Tlaib imaginait-elle qu’elle serait aussi une prodigieuse source d’inspiration pour la communauté américano-palestinienne ?
Son haut fait d’arme, drapée dans sa thobe palestinienne, a insufflé un sentiment de fierté et d’appartenance comme rarement, qui s’est notamment emparé de la gent féminine et s’est amplifié sur les réseaux sociaux, à travers la création du hashtag devenu viral par-delà les frontières : #TweetYourThobe .
« J’ai été élevée dans une famille américano-palestinienne qui a toujours célébré la force des femmes. Voir Rashida Tlaib porter sa thobe aujourd’hui est une affirmation puissante de cette force. J’ai lancé #TweetYourThobe pour louer son véritable exploit, le glorifier, et revaloriser la richesse de notre culture auprès de nos compatriotes, d’abord d’origine palestinienne, mais également au-delà », a expliqué l’écrivaine Susan Muaddi Darraj, comblée par le succès de son initiative.Alors que son mandat cristallise plus que jamais de grands espoirs, Rashida Tlaib aura sans nul doute à cœur d’honorer ses promesses de campagne et de plaider avec ferveur pour la souveraineté de la Palestine, au risque de contrarier les noirs desseins nourris par l’Aipac et le pyromane de la Maison Blanche…