États-Unis: une partie des Boeing 737 MAX ont failli être cloués au sol dès 2018

L’avionneur Boeing est encore un peu plus dans la tourmente. Ce week-end, le Wall Street Journal puis l’AFP ont révélé que des problèmes avaient été identifiés sur les 737 MAX dès après le premier crash qui a provoqué la morte de 189 personnes, mais qu’aucune mesure n’a été prise. Des inspecteurs américains ont envisagé de clouer au sol l’an dernier une partie des Boeing 737 MAX après avoir appris que l’avionneur avait désactivé le signal d’alerte censé avertir des dysfonctionnements du système antidécrochage MCAS.

Avec notre correspondant à New York,Grégoire Pourtier

Deux 737 MAX des compagnies aériennes Lion Air et d’Ethiopian Airlines se sont écrasés, le premier en octobre, le deuxième en mars, faisant plus de 300 morts au total. Ces tragédies ont été imputées à des dysfonctionnements du système anti-décrochage MCAS équipant ces avions, qui sont désormais tous cloués au sol. Le constructeur américain était donc déjà sous le feu des critiques, d’autant que le service d’alerte était une option payante.

Les dernières révélations ce week-end par le Wall Street Journal et par l’AFP indiquent bien que des inspecteurs américains ont envisagé de clouer au sol l’an dernier une partie des Boeing 737 MAX. Des drames auraient-il pu être évités si Boeing avait fait moins de cachotteries ?

La responsabilité de l’avionneur Boeing est de plus en plus engagée

Alors que l’on reconstitue l’enchaînement de décisions ayant conduit à deux crashs aériens récents, la responsabilité de l’avionneur Boeing est de plus en plus engagée. Car non seulement son système anti-décrochage MCAS a des dysfonctionnements, non seulement il a choisi de rendre payant le signal d’alerte, mais en plus il ne semble pas avoir donné toutes les informations indispensables à ses clients, ne les prévenant même pas de certains changements.

Pire, alors que le crash de Lion Air en octobre 2018 aurait dû être l’occasion de remettre les choses au clair, les problèmes ont été ignorés. Car suite à cet accident, une compagnie américaine, Southwest, avait réalisé qu’on lui avait retiré le signal d’alerte alors qu’elle pensait qu’il restait opérationnel. Cette compagnie a donc décidé immédiatement de souscrire à nouveau à ce « service », ce qui a interpellé des inspecteurs de la FAA, Agence fédérale de l’aviation.

C’est à ce moment qu’il aurait été envisagé de clouer au sol les avions 737 MAX, le temps de réviser le système et de voir si une formation supplémentaire des pilotes était nécessaire. Mais l’hypothèse a été écartée, et le problème passé sous silence. Et il aura donc fallu un second crash, de l’avion de la compagnie Ethiopian Airlines, avant que les 737 MAX ne soient finalement interdits de voler.

RFI