Europe-Afrique: vers un nouveau partenariat ?

La crise migratoire est à nouveau à l’ordre du jour de l’agenda européen, avec le sommet qui commence ce soir à Salzbourg en Autriche. Les 28 parleront de ce qui les divise encore: la gestion des flux, mais aussi des solutions de long terme pour aider les pays d’origine à se développer. L’Europe veut renforcer ses relations économiques avec son voisin africain.

Les Européens multiplient les appels du pied vers l’Afrique ces derniers temps. Le Premier ministre autrichien Sebastian Kurz qui assume en ce moment la présidence de l’Union propose un nouveau sommet consacré au développement de l’Afrique avant la fin de l’année. La semaine dernière le président de la Commission Jean-Claude Juncker a fait sensation avec son projet de nouvelle alliance avec l’Afrique pour des investissements et des emplois durables. Il promet 10 millions d’emplois. Enfin, à titre individuel, les chefs de gouvernements européens sont de plus en plus présents en Afrique. Angela Merkel est l’une des plus actives. Elle était en Algérie cette semaine après avoir effectué une tournée au Sénégal, au Ghana et au Nigeria. Des visites où la question des migrations et celle des affaires sont toujours mêlées.

Comment se portent les relations économiques entre les deux continents ?

En volume elles sont impressionnantes. L’Europe est de loin le premier partenaire commercial de l’Afrique, le montant des échanges (c’était 286 milliards d’euros en 2015), est environ deux fois important qu’entre la Chine et l’Afrique. L’Europe est aussi le premier investisseur, le premier bailleur. Les relations sont denses mais elles tendent à s’essouffler. « La dynamique est décevante » déplore l’Union africaine dans son bilan économique de l’accord de Cotonou. Tandis que le commerce avec la Chine connaît toujours une croissance annuelle vigoureuse. L’Union africaine attend d’ailleurs beaucoup de la renégociation de cet accord de Cotonou signé en 2000 et qui arrive à échéance en 2020.

La révision de cet accord pourrait servir de base pour renouveler les relations entre l’Afrique et l’Europe ?

Le préalable de l’accord de libre échange ébauché par Jean-Claude Juncker est la réalisation des accords de partenariats économiques (APE) qui découlent de Cotonou, donc les deux sont liés. Or on voit bien aujourd’hui que ces APE ne suscitent pas l’enthousiasme des Africains ; un grand pays comme le Nigeria le rejette. C’est le cas aussi de la Tanzanie. Seul l’accord signé avec les pays d’Afrique australe, dont l’Afrique du sud, est aujourd’hui effectif. L’accord de Cotonou qui régit l’ensemble des relations entre les deux continents -politiques, sécuritaires, commerciales- pourrait servir de base à condition d’être revu de fond en comble, car beaucoup d’éléments sont contestés par les dirigeants africains. Notamment le lien entre aide au développement et respect des droits de l’homme. Il faudrait aussi revoir son périmètre puisque l’accord actuel concerne aussi le Pacifique et les Caraïbes.

Dans quel état d’esprit les pays africains abordent-ils ces négociations ?

Avec détermination. Et avec beaucoup plus d’assurance qu’en 2000, car leur continent a beaucoup changé. Il est en train d’organiser son marché intérieur avec la toute nouvelle Zone de libre échange continentale ratifiée cette année. Et c’est aussi une région de plus en plus convoitée par des pays à la recherche de nouveaux débouchés. Il y a la Chine bien sûr, et bien d’autres encore. Et il y aura bientôt le Royaume Uni qui compte sur les pays du Commonwealth pour relancer son commerce après le Brexit. Les Africains sont donc en bien meilleure position que par le passé pour négocier un accord « d’égal à égal ». Cela tombe bien, c’est ce qu’a promis Jean-Claude Juncker.

La Chine relativise la nouvelle hausse des tarifs douaniers décidée par Donald Trump.

« Elle sortira plus forte de cette guerre commerciale » estime l’éditorialiste du China Daily. Tandis qu’au Forum de Tianjin, le Davos chinois, le Premier ministre Li Kequiang reconnait que son pays aura du mal à maintenir une croissance régulière mais il promet de ne recourir ni à la relance ni à la dévaluation du yuan.

Aux Etats-Unis, les ennuis continuent pour Tesla, désormais dans le viseur de la justice américaine.

Le constructeur de voiture électrique est rattrapé par les déclarations fantasques de son créateur Elon Musk. Cet été il annonce qu’il envisage de retirer Tesla de la Bourse en rachetant les titres cotés. Le cours s’envole avant de dégringoler une fois l’information démentie. L’autorité des marchés financiers tout comme une brochette d’investisseurs portent plainte et veulent savoir s’il a voulu manipuler la bourse ou bien s’il était vraiment sincère. L’action Tesla a perdu plus de 3% hier mardi à Wall Street.

RFI