Robert Faurisson est décédé ce dimanche 21 octobre à 89 ans. Ancien professeur de littérature et chef de file controversé du courant négationniste français, il niait l’existence des chambres à gaz dans les camps d’extermination nazis.
Robert Faurisson avait déclaré que les fours crématoires d’Auschwitz et de Birkenau sont « une tromperie » et le « plus gros mensonge du XXe siècle ». Il était la dernière figure du négationnisme connue du grand public après le décès de Roger Garaudy en 2012.
Celui qui avait été qualifié de « faussaire de l’Histoire » par l’ancien garde des Sceaux Robert Badinter, commence dès le début des années 1960 à se pencher sur l’histoire du génocide des Juifs. Jusqu’à la fin de sa vie, il n’a eu de cesse de poursuivre la défense de sa doctrine négationniste notamment à travers son blog.
L’universitaire, qui avait « soif de reconnaissance », savait « qu’en s’attaquant à ce sujet historique, un des plus tragiques du XXe siècle », il pouvait « satisfaire à son goût de la provocation » et de « s’installer comme un homme public », analyse l’historienne Valérie Igounet dans Robert Faurisson, portrait d’un négationniste (Denoël). « Antisémite falsificateur, (…), avide de scandales », il « n’a cessé d’adopter des méthodes de lecture, d’interprétation de documents historiques aux antipodes de la méthode scientifique », alors même qu’il n’était pas historien de formation, souligne-t-elle.
La thèse de Robert Faurisson est d’affirmer que les chambres à gaz n’ont jamais été utilisées pour gazer les hommes mais qu’elles servaient d’épouillage en temps de guerre. Condamné à de nombreuses reprises en France entre 1981 et 2007, notamment pour contestation de crime contre l’humanité et provocation à la discrimination, Robert Faurisson a été le premier justiciable français condamné en vertu de la loi Gayssot de 1990 visant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe.
Soutiens de l’Iran et de Dieudonné
Il est né le 25 janvier 1929 en Grande-Bretagne, d’une mère écossaise et d’un père français. Aîné de sept enfants, il connaît une enfance plutôt malheureuse et une éducation stricte. Agrégé de lettres, il exerce d’abord dans le secondaire où il a la réputation d’être un enseignant brillant mais aussi caractériel et violent.
Il a ensuite enseigné à l’université Paris III puis à partir de 1973 à l’université Lyon II. Celui qui se voulait « le maître à penser du négationnisme mondial » commence alors à diffuser ses idées dans les cercles universitaires puis dans les médias.
En 1978, Faurisson fait parler de lui en publiant dans Le Monde une lettre tribune intitulée « le problème des chambres à gaz ou la rumeur d’Auschwitz ». La polémique enfle : il ne peut plus exercer normalement ses cours et se consacre alors à l’enseignement à distance.
Il a été l’objet de plusieurs agressions, dont une près de son domicile à Vichy en 1989 par plusieurs membres d’une association baptisée « Les fils de la mémoire juive » qui le conduira à l’hôpital. Au début des années 1980, son discours négationniste prend un tournant politique. Il attire autour de lui une nébuleuse d’anciens écologistes, de militants d’extrême gauche ou d’extrême droite.
Il se proclame antisioniste : une position qui lui vaudra le soutien de l’Iran, où il devient une figure intellectuelle. En 2012, il reçoit du président Mahmoud Ahmadinejad le premier prix honorant « le courage, la résistance et la combativité ». Cette consécration le rapprochera également de l’humoriste Dieudonné. Ce dernier suscite la polémique en l’accueillant en décembre 2008 sur la scène du Zénith de Paris pour lui remettre un « prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » par une personne déguisée en déporté juif. En mars 2011, la cour d’appel de Paris a condamné Dieudonné à 10.000 euros d’amende pour « injures » à caractère raciste à la suite de propos tenus lors de ce spectacle.
« L’apparition de Faurisson au Zénith coïncide avec le renouveau de l’antisémitisme arabe et un contexte tendu autour d’Israël », explique l’historienne Valérie Igounet. Robert Faurisson était marié et père de trois enfants.