GBI DE FER : “Qu’on arrête de manipuler les jeunes… il faut sortir de ses mensonges pour aller à la réalité des programmes”

L’actualité politique est explosive. Vous-même être porteur d’une nouvelle initiative en direction des populations pour des élections sans violence. Pour vous, les hommes politiques mentent aux jeunes ?

En Côte d’Ivoire, les gens ne disent pas la vérité. Les politiciens profitent- de l’analphabétisme d’une grande frange de la popula­tion ivoirienne. C’est ce qu’ils ont fait en 2010-2011. Et nous avons eu 3000 morts. Il fallait donc attirer  l’attention de tous et surtout des hommes politiques. Il faut que les politiciens évitent d’évoluer selon leur seul intérêt. Chacun est en train de manipuler de gauche à droite. Un jour, on entend que la constitution permet à Ouattara d’être à nouveau candidat. Un autre jour, c’est le contraire, le président ne peut plus être candidat. C’est n’importe quoi. Le Président Alassane Ouattara est allé à Daoukro pour présenter la nouvelle constitution au Président Henri Konan Bédié. C’est seulement après qu’il est revenu lancer le référendum pour son adoption. C’est à partir de ce moment que j’ai dit aux Ivoiriens que si cette consti­tution est adoptée, cela va permettre au Président Alas­sane Ouattara d’être candidat. Dans une de mes émissions à Radio Jam, j’ai reçu le ministre Cissé Ibrahim Bacongo, l’un des rédacteurs de cette constitution. Nous avons échangé pendant près de deux heures. Je lui ai demandé si cette constitution permet à Alassane Ouattara d’être candidat ? Voilà, ce qu’il m’a répondu : « Gbi de Fer, ce que tu dis est vrai. Mais, on ne peut pas dire ça comme ça ». J’ai répliqué pourquoi ? Il m’a répondu que si on le dit, les gens trouveront à redire. Et que cela peut créer d’autres problèmes. Que sinon, cette constitution permet au président de la République d’être candidat.

Donc pour vous il ti’ y a pas lieu de faire un débat. Ouattara est éligible?

Le président du parti Lider, Mamadou Koulibaly, a développé la même chose avec les mêmes arguments. Il a dit aux Ivoiriens que si cette constitution passe, le président Ouattara sera candidat. Le président du FPI, Affi N’Guessan, l’opposant Bamba Moriféré, KKB.., ont également dit la même chose. Tous ceux-là ont fait la campagne contre la constitution avec cet argument. A l’époque le Pdci et le Rdr, dans le cadre du Rhdp. ont    fait la campagne pour inviter les Ivoiriens à voter oui à la nouvelle constitution. Donc. Qu’on ne vienne pas nous dire le contraire aujourd’hui. (…) On va même jusqu’à me dire que Ouattara lui-même a dit qu’il ne sera pas candidat. Que le président le dise, ça c’est son émotion. Moi, je ne suis pas dans les émotions. Ce que je regarde, c’est la loi. Que dit la loi de la constitution de la troisième République sur cette affaire ? Ce que je sais c’est que la loi dit que Ouattara peut être candidat. C’est pourquoi, je pense qu’il est inutile d’organiser des marches et de casser les bus. Que les gens ne nous polluent pas l’air avec ces appels à manifester et à bloquer le pays.

Est-ce que vous comprenez tes sorties de certains artistes et ac­teurs culturels. Ces derniers, Alain Tailly, Meiway.. Comme vous ont adopté des positions plutôt tranchées ?

Les gens ont souvent cette manière de faire des calculs. Alain Tailly est un dramaturge. C’est un ami. il a sa vision. Chaque artiste ou créateur a sa vision. Et sa vision actuelle est fonction de comment il ressent la situation. Il ne s’oppose pas à la candidature du président Alassane Ouattara, Moi, j’ai toujours dit, depuis plus d’un an, que si la Constitution passe, le Président Ouattara tiens ma position. Alain Tailly ne le dit pas parce qu’il est contre Ouattara. il dit qu’il constate que depuis l’annonce de la candidature de Ouattara, il y a des trou­bles. (…) Nous autres artistes, nous ne sommes pas là pour appeler à voter un candidat. Dans mon cas par exemple, je veux plutôt alerter l’opinion nationale. Et dire, à tous de se débarrasser des mensonges qu’on veut nous inoculer. Que cha­cun vienne avec son pro­gramme. Le peuple va choisir. Bédié lui-même a affirmé dans un média international que l’expression de la démocratie, c’est que chacun se présente devant le peuple avec son programme. Et que c’est le peuple qui va trancher. Qu’on arrête de manipuler les jeunes en leur disant que la constitution dît que Ouattara ne peut pas être candidat. Il faut sortir de ces mensonges pour aller à la réalité des programmes. (… ) C’est parce que les gens veulent manipuler nos parents et les jeunes que j’ai fait venir des délégations, de l’intérieur du pays. Bien­tôt je serai sur le terrain pour demander à mes parents de réclamer le programme du candidat qui se présentera devant eux. (…) C’est l’oc­casion pour moi d’interpeller surtout les jeunes. Ceux qui sont morts où qui trouveront la mort pour Ouattara, Bédié, Gbabgo… seront morts cadeau.

Qui accompagne Gbi de fer dans cette campagne pour des élections apaisés ? Tout de suite après l’annonce de votre campagne, certains vous taxé de vendu et à la solde du pouvoir ?

C’est difficile. Je confiais récemment à un ami que la conférence de presse pour lancer cette initiative m’a coûté plus d’un million de F cfa. En plus, il fallait payer le transport de toutes les délégations venues de l’intérieur du pays. Notamment le déplacement de mes parents Krou. Mais, je suis fier du travail déjà abattu. Et, je mets quiconque au défi de montrer que j’ai bénéficié de l’accompagnement d’un homme politique ou d’un parti politique. Personne ne peut m’accuser d’avoir bénéficié de 1000 F cfa d’un politicien. J’ai lancé cette initiative sur tonds propre. Cela parce que j’ai le titre d’Ambassadeur de la paix. Lorsqu’on vous désigne comme un Ambassadeur de la paix, vous devez faire des efforts pour mériter cette distinction. Même si ce n’est pas facile tous les jours. On dit que Gbi de Fer est un pro Soro. Mais, je n’hésite pas à le critiquer. Je suis par exemple convaincu que le Président Ouattara n’a pas été ingrat vis à vis de Guillaume Soro et de ses compagnons. (…)  Mais par sa faute, nous sommes aujourd’hui arrivés à un niveau ou tu as l’impression que le président Ouattara peut pardonner à Guillaume Soro. (.. .)  Alassane Ouattara n’est pas mon camarade. Mais, sur le plan du développement, je le dis très sincèrement, le Président Ouattara a hissé la Côte d’Ivoire à un niveau bien élevé. Et, je suis fier de le dire. J’ai connu Félix Houphouët-Boigny, Bédié, Guei, Gbagbo. Ma conclusion, c’est qu’après le père Fondateur Félix Houphouët- Boigny, Alassane Ouattara est le meilleur président. C’est une seconde chance pour la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas être à la solde du pouvoir que de dire cette vérité que nous voyons tous.

Est-ce que ce titre d’ambassadeur n’est pas plutôt un prétexte pour les artistes afin de s’immiscer dans le jeu politique ? On  voit aujourd’hui, les artistes sont profondément divisés concernant la prochaine présidentielle ?

Une chose est sûre. En tant qu’artiste, nous devons éviter de développer la fibre militantisme. Nous sommes dans une situation complexe. Fît à un moment donné, il faut être responsable avec les gens. J’aimerais également dire à tous ceux qui, hors du pays, lancent des messages à la haine et à l’affrontement. Venez en Côte d’Ivoire. Nous autres sommes ici à Abidjan, nous connaissons la réalité du terrain. Je n’ai rien contre les artistes qui ont pris position pour un candidat. Mais, je leur demande de modérer un peu leurs réactions, Car, nous autres au pays, nous n’avons plus les moyens. Gadji Céli a eu la chance de sortir pour se retrouver aujourd’hui en Europe. Meiway, lui fait des vas-et-vient en France, Nous autres, ce n’est pas notre cas. Au lieu de mettre de l’huile sur le feu, ils (Gadji Céli, Mciway, Serge Kassy, etc.) doivent toujours contribuer à l’apaisement. Je respecte leur position. Nous sommes en démocratie. Mais, nous leur demandons de savoir dire les choses. Cela parce que nous sommes dans une situation d’exception. Il y a des tensions un peu partout. Sinon chaque artiste est libre de choisir son candidat. Nous avons des artistes pdci comme N’Guess bon sens, Antoinette Konan. Lorsque Gbagbo était au pouvoir, on a vu les gadji ceki, Aicha Koné, Hanny Tcheley. Etc.. Il n’y a pas de problème  à cela. Moi, je n’ai jamais été militant d’un parti politique en Côte d’Ivoire. Je n’ai jamais animé un meeting d’un parti politique en Côte d’ivoire. (…) En tant qu’artiste nous devons être la poche moralisatrice pour interpeller les politiciens. Nous devons toujours participer à dédramatiser l’atmosphère.

l’Expression N°3118 du Mercredi 16 septembre 2020 Page 9