On ne présente plus George Clooney. C’est sans doute pour cela, mais aussi parce qu’il était l’invité vedette de « Power of Women », un grand événement récompensant chaque année, à Los Angeles, des femmes d’exception, connues pour leur philanthropie, que l’ancien célibataire endurci le plus célèbre d’Hollywood a tenu à se présenter comme le « mari d’Amal Clooney ».
On ne présente plus non plus son engagement politique et sa fibre humanitaire qui le font vibrer et lui imposent de ne pas se taire. C’est sans doute pour cela que devant un parterre trié sur le volet réunissant près de 500 invités, de toutes confessions, origines et sensibilités, il n’a pas hésité à fustiger le sinistre artisan des peurs et de la haine de Washington.
Dans son palais doré de la Maison Blanche, les oreilles, guère chastes, de Donald Trump, ce sexiste patenté qui verse souvent dans la vulgarité, ont dû siffler lorsque George Clooney, après s’être avancé vers la tribune sous des applaudissements nourris, a prononcé un discours puissant qui fut indéniablement le temps fort de la soirée.
« Peur des musulmans. Peur des immigrants. Peur des minorités. Peur des femmes fortes », a-t-il martelé en préambule, renchérissant : « Et parce que notre gouvernement a besoin que nous ayons peur, la question est de savoir si nous avons vraiment peur de tout ce qui fait que l’Amérique est grande. Et si la réponse est oui, alors nous devrons en répondre devant l’histoire. Parce que ce sont ces idées qui définiront et nourriront les générations futures. »
« Lorsque vous qualifiez d’ennemi toute une religion, vous pourriez très bien en faire un ennemi d’une religion entière. Lorsque vous dites à un groupe de personnes que vous leur accordez moins de valeur, ne soyez pas alors surpris que ces mêmes personnes remettent en question vos propres valeurs. Quand vous dites aux femmes que témoigner de leur agression est une blague, ne soyez pas choqué qu’elles se tiennent sur votre pelouse et se mettent à rire, comme ce fut le cas le 7 novembre ! », s’est-il indigné, en se référant au lendemain des élections de mi-mandat.
S’il y a une personnalité américaine, conviée à cette cérémonie de remise de prix, qui a bu les paroles de George Clooney, c’est bien Ibrahim Hooper, fondateur de l’influent Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR). Celui-ci ne cesse, en effet, d’alerter sur la flambée des actes islamophobes et leur spirale infernale de violence, depuis que Trump joue les pyromanes de la concorde nationale, retranché derrière le Bureau ovale.