GNAMIEN KONAN : ‘‘ la seule manière de prendre le pouvoir, c’est par les urnes. Si on ne peut pas le faire tout de suite, il faut savoir attendre’’

 

Le ministre GNAMIEN KONAN, président de La Nouvelle Côte d’ivoire

Le dialogue politique, les futures élections législatives, l’union sacrée au sein de l’opposition, autant de questions abordées par le ministre GANMIEN KONAN, prési­dent de la Nouvelle Côte d’ivoire, dans cet entretien. Pour lui, l’opposition doit aller aux législatives pour continuer le combat de la démocratie. Aussi, soutient- il que le pouvoir rejette un dialogue inclusif avec toute l’opposition.

 

Monsieur le ministre, le gouvernement a en­tamé un dialogue avec l’opposition, la se­maine dernière, sur plusieurs questions notamment sur la ré­forme de la CEI. Pen­sez-vous que ce dialogue peut donner des résultats satisfai­sants ?

 

Non, ce dialogue ne peut pas donner de résultats satisfaisants. En effet, nous avons affaire à un pouvoir tellement minori­taire que la moindre concession de sa part pro­voquerait immédiatement son déclin. Il ne peut que violer la loi, utiliser la force et la brutalité. L’élégance affichée n’est que de fa­çade et ressemble plus à la beauté de la peau d’un  serpent vivant.

L’opposition a réaf­firmé que ses exi­gences pour un dialogue inclusif et la libération des prison­niers demeurent. Est- ce que le pouvoir pourra-t-il accéder à ces exigences ? Oh, on libérera quelques jeunes marcheurs et des malades pour montrer comme un signe de bonne volonté. Mais le vrai dialogue inclusif avec toute l’opposition y compris le Président Laurent Gbagbo, nous ne l’obtiendrons pas avant les législatives de 2021. Enfin j’aimerais tant avoir tort. C’est le moment de prier pour les bons et pour les méchants.

Certaines voix s’élè­vent au RHDP pour af­firmer qu’en allant à la table du dialogue, c’est une façon pour l’opposition de reconnaître la victoire du président Ouattara. Est-ce que vous partagez cette af­firmation ?

Je partage leur crise et leur soif de légitimité et de reconnaissance. Mais nous irons pour démontrer démocratiquement qu’ils ne pèsent pas plus de dix pour cent et qu’ils sont condamnés à être illégitimes. Personne ne peut rien y faire. L’opposition a déjà fait plusieurs fois le sacrifice suprême par amour pour son pays. C’est ce qu’elle fera à nou­veau en allant aux législa­tives.

Pensez-vous qu’il est opportun pour l’oppo­sition de prendre part aux prochaines législa­tives ?

L’opposition n’a même pas le choix. On ne peut pas laisser 100 députés RHDP et 150 députés KKB aller voter des lois pour la Côte d’ivoire. Quand on crée un Parti politique, la seule manière de prendre le pou­voir, c’est par les urnes. Si on ne peut pas le faire tout de suite, il faut savoir at­tendre. Si on n’y arrive pas seul, il faut savoir s’unir. La force fait toujours le lit du chaos et des cancres.

Comment l’opposition doit aborder ces pro­chaines échéances électorales si elle doit y aller?

Elle doit garder sagement la logique de l’union. Les atouts et les armes dont dispose le pouvoir sont tels qu’il faut suspendre nos inopportunes différences. Un seul candidat de l’op­position par siège. Je pro­pose 80 pour cent pour PDCI et l’EDS. C’est une proposition.

Que répondez-vous à ceux de l’opposition qui pensent que les élections législatives doivent être boycot­tées par l’opposition vu qu’elle ne reconnaît pas le président Ouat­tara comme président de la République ?

Peut-être qu’ils ne savent pas que le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sont deux pouvoirs bien sépa­rés et indépendants aux termes de notre Constitu­tion. À ce stade, reconnaî­tre ou non le pouvoir de Monsieur Ouattara n’est pas le problème. La ques­tion est de savoir si nous sommes oui ou non avec les démocrates. C’est-à- dire ceux qui continuent le combat de la démocratie. De mon point de vue, ceux-là doivent aller aux élections législatives pour continuer le combat. Lorsque la majorité des députés de l’Assemblée Nationale sera issue des rangs de ceux qui ne re­connaissent pas le Prési­dent Ouattara, commencera alors le vrai dialogue national.

Quel est le message du président GNAMIEN KONAN pour les Ivoi­riens en 2021?

Je souhaite aux Ivoiriens beaucoup de santé, beaucoup de sérénité et beaucoup de paix. Je suis de cœur avec tous les ma­lades, tous ceux qui cherchent du travail, tous ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter des médica­ments ou de s’inscrire à l’école. Mais c’est déjà bon d’avoir du soleil, merci mon Dieu. Ce pays à de l’or. L’autre nom de DIEU c’est le temps.

                                                                                                                   Entretient réalise par JEROME N

LE NOUVEAU RÉVEIL N°5649 du Mardi 29 Décembre 2020