PARTIE II : RAPPORTS ENTRE ADO et YACE, BEDIE et GBAGBO
I. YACE et ADO
Dans les années 90, trois personnalités ont animé la vie politique autour du Président HOUPHOUËT-BOIGNY.
Ainsi, il s’agit de Monsieur YACE Philippe Grégoire, Henry KONAN BEDIE et Alassane OUATTARA.
Dans la guerre de successions d’HOUPHOUËT-BOIGNY, le Président Philippe YACE du Conseil Economique et Social, avait été réduit à l’état de spectateur, car le Président Felix HOUPHOUËT-BOIGNY, avait pris soin de l’écarter, pour faire la place à Henri KONAN BEDIE.
Cependant, Philippe YACE avait une personnalité et une popularité chez les peuples du sud lagunaire ivoirien qui faisaient de lui une vraie référence dans la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi dans la bataille de succession, il avait sonné l’alerte en parlant de feu à la maison HOUPHOUËT. Mais ses adversaires regroupés autour de Henri KONAN Bédié, se demandaient où était le feu dont parlait YACE. YACE partageait beaucoup d’idées avec Alassane OUATTARA et certains pensent que c’est lui qui aurait favorisé le rapprochement entre Henriette DAGRI BIABATE et Amon TANOH. Donc dans le système HOUPHOUËT, Alassane avait trouvé deux oreilles attentives chez les barons du PDCI, c’était Philippe YACE et chez les jeunes cadres, c’était Djenny KOBINA. Cependant, ceux qui lui étaient opposés était de plus nombreux et de plus en plus agressifs.
Il s’en est fallu de peu qu’il démissionne de son poste de Premier Ministre n’eût été l’intervention et la supplication du Président Philippe YACE.
II. BEDIE et Alassane
BEDIE et Alassane se connaissaient très bien. Mais pourquoi se sont-ils engagés dans un bras de fer sous et après HOUPHOUËT ?
Gaoussou OUATTARA, grand frère de Alassane OUATTARA a fréquenté la même école primaire de Bocanda avec Henri Konan BEDIE. Et c’est lui qui a présenté son jeune frère à Henri Konan BEDIE. On raconte aussi que la mère d’Alassane OUATTARA connaissait très bien Henri Konan BEDIE. Et pourtant, elle a été interrogée pendant des heures pour qu’elle prouve qu’elle est la mère d’Alassane.
Une fois nommé à la primature, Alassane a maintenu le pont avec Henri KONAN BEDIE Président de l’Assemblé Nationale avec qui, il travaillait sur les dossiers du Conseil des Ministres chaque mardi. Et pourtant il ordonna un mandat d’arrêt international contre Alassane OUATTARA.
Dr BERRAH, un fin connaisseur des marigots politiques ivoiriens confirme dans son volumineux livre ²un rêve pour la paix² que le coran entre les mains, Alassane lui a confirmé, après la mort d’HOUPHOUET, que la constitution serait appliquée. Autrement dit BEDIE succèdera à HOUPHOUËT BOIGNY. Et pourtant le sept décembre 1993, quand HOUPHOUËT meurt, les deux ne se parlent pas par rapport à la mort de leur mentor, ni de la méthode de passation du pouvoir. Tant et si bien qu’on constate que Henri KONAN BEDIE se précipite pour prendre en possession la Côte d’Ivoire, tandis que Alassane se précipite pour en sortir et depuis c’est la guerre.
III. Les trois guerres BEDIE – ADO
La première, c’était de 1990 à 1993 en présence d’HOUPHOUET quand l’un était a la Primature et l’autre à l’Assemblée Nationale. A la mort d’HOUPHOUET, BEDIE prend définitivement le dessus.
La deuxième guerre se déroulait entre 1993 et 1999 qui s’est soldé par le départ de BEDIE du Pouvoir. Entre 2000 et 2010 c’est la trêve et même la collaboration pour faire front à GBAGBO. Ce qui permet à ADO d’emmener le RHDP au Pouvoir en 2011.
Mais sept ans après, la troisième guerre est déclenchée entre BEDIE et Alassane. Cette fois-ci, elle porte sur l’alternance au Pouvoir.
Pour cette bataille ultime BEDIE, avec ses 86 ans révolus, a regroupé toute la gauche derrière lui. ADO, à 79 ans, a réussi à faire du RHDP un parti qui compte sur l’échiquier national. Au-delà de la bataille électorale de 2020, il y a la bataille de leurs successeurs. Car en 2025, les deux auront respectivement 91 ans et 85 ans. Aussi, de toutes évidences, entre 2020 et 2025 ce sont leurs lieutenants qui auront la gestion des affaires de l’Etat.
IV. Alassane et GBAGBO
Aucune trace du fait que les deux, Alassane et Gbagbo, se soient connus avant l’arrivée d’ADO à la primature.
Quand ADO arrive à la Primature, GBAGBO dirige la toute nouvelle opposition qui manifeste dans les rues d’Abidjan. HOUPHOUËT est malade et brocardé dans la rue par les partisans de GBAGBO et de l’opposition. Le pouvoir vacille. ADO est là. Mais sa mission première, c’est le redressement économique, un point un trait. Ici, dans les feux de l’action, il découvre le lien étroit entre la politique et l’économie. Pas de paix, pas de sécurité donc pas d’économie. Aussi, est-il contraint de donner désormais la priorité au maintien de l’ordre et GBAGBO est arrêté et incarcéré à la MACA avec son épouse Simone. Cet épisode marquera à jamais leurs rapports tout au long de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire.
PARTIE III : ADO ET SES ADVERSAIRES POLITIQUES IVOIRIENS : STRATEGIES, LES OBJECTIFS, LES MOYENS, ET LES RESULTATS
Depuis le départ, et dès son arrivée dans le marigot politique ivoirien, les adversaires d’ADO se sont donnés pour mission de l’éloigner et l’écarter de la politique ivoirienne. Pour eux, HOUPHOUËT l’a fait venir, comme « un manœuvre », pour travailler. Et après il doit s’en aller. Tous les moyens ont été utilisés ainsi sur le postulat de base qu’il n’est pas, et ne peut pas être ivoirien. Les lois seront adoptées alors pour résoudre l’équation ADO : Registre de naissance, acte de naissance, certificat de nationalité, tout sera détruit, ou annulé une fois produit. Ses adversaires ont eu la maladresse, d’élargir leur combat contre ADO dans la rue d’une part au sein des populations proches culturellement, et religieusement d’ADO et d’autre part aux populations et pays de la sous-région.
Face à cela, ADO, a mis tout en jeu pour obtenir les papiers qui font de lui un citoyen ivoirien à part entière. Qu’à cela ne tienne. Même les papiers produits par l’administration ivoirienne sont contestés. La bataille juridique entre ADO et ses adversaires s’est déportée sur le plan politique. Ceci a permis à ADO d’être éligible et élu. ADO tente alors d’élargir sa base de légitimité populaire en créant le RHDP avec le PDCI, avec en point de mire l’alternance au pouvoir d’état en 2020.
Chemin faisant, entre le PDCI et le RDR, les divergences graves sont apparues sur la stratégie pour avoir le nom du candidat du RHDP à la présidentielle de 2020 dès 2018. Cela était prévisible, car dans la nouvelle constitution, le verrou de la limite d’âge de 75 ans avait été supprimé à la demande d’Henri KONAN BEDIE. Car, pour les experts du PDCI après deux mandats, Alassane ne pouvait guerre rempiler pour un troisième mandat, avec ou sans le RHDP. Donc le PDCI pouvait raisonnablement s’affranchir du RHDP et aller aux élections présidentielles.
Mais cette stratégie va se heurter au destin. Car bien qu’entre-temps ayant renoncé à un autre mandat, la mort subite du candidat désigné du RHDP, à quelques semaines du dépôt des candidatures bouleverse totalement le calendrier électoral. C’est à son corps défendant qu’Alassane se déclare candidat. Les adversaires sont obligés de changer leur plan de bataille qui avait été concocté contre le Premier Ministre Amadou GON COULIBALY. Il faut tout reprendre, et le temps presse. Pour Alassane il y a un seul objectif, tenir les élections le 31 Octobre 2020. Pour ses adversaires plusieurs objectifs : empêcher la candidature d’ADO, et aboutir à une période de transition dirigée par quelqu’un d’autre que Alassane OUATTARA. Pour ce faire, tous les moyens sont utilisés : désobéissance civile, boycott actif, et violent, recherche d’appui des chancelleries, et des organisations internationales.
A quelques jours des élections, les stratégies des deux camps sont en marche avec cependant un avantage pour ADO. Car toutes les organisations internationales sur lesquelles l’opposition comptait, recommande la tenue des élections le 31 octobre 2020. Le candidat ADO lui-même déroule sa campagne sans obstacles majeurs. Quelques incidents graves sont signalés çà et là, mais pas de nature à empêcher les élections dans tout le pays.
Par Comoe Alex Brou
A suivre…..