IBRAHIMA DIABATE: « Notre jeunesse est une force » 

 

IBRAHIMA DIABATE, LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU CONSEIL NATION DES JEUNES DE CÔTE D’IVOIRE (CNJ-CI)

A 28 ans, Ibrahima Diabaté a été élu président du Conseil national des jeunes de Côte d’ivoire (CNJ-CI), le 5 août dernier, au Palais de la culture de Treichville pour un mandat de 3 ans. Il remplace à ce poste Emmanuel Edima N’Guessan en fin de mandat. A travers cet entretien, le nouveau président de la jeunesse ivoi­rienne définit ses ambitions.

Diabaté Ibrahima, nouveau président du conseil national des jeunes de Côte d’voire, avec votre brillant parcours et vos responsabilités à l’ONU, mesurez-vous l’ampleur de la tâche qui vous attend ?

Vous venez de le dire, j’ai assuré plusieurs responsabilités auprès de différentes organisations internationales, notamment L’As­semblée parlementaire de la Francophonie, l’Organisation in­ternationale de la Francophonie et le Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations Unies. T’ajouterai égale­ment mes fonctions en tant que chargé d’études de Ministres et mes dernières fonctions de Sous-directeur en charge de la Vie Associative au ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’in­sertion Professionnelle et du Service Civique. Au sein de ces ins­titutions, vous ne valez que par vos compétences et votre capacité à faire face aux difficultés, à trouver et à proposer des solutions pour l’atteinte des objectifs assignés. Ceci dit, je suis bien conscient de la tâche qui m’attend. Elle ne sera pas facile, mais je pense que dans l’union, notre travail aura le mérite d’apporter un nouveau visage au Conseil national des jeunes de Côte d’ivoire à ta fin de notre mandat.

Plus de la moitié de la population ivoirienne est jeune, que proposera le président Diabaté ?

Notre domaine d’intervention au conseil national des jeunes est bien précis. Nous travaillons avec et pour les jeunes. Ma foi c’est une bonne chose que la population ivoirienne ait un nombre im­portant de jeunes. Vous êtes d’accord avec moi que le dévelop­pement de la côte d’ivoire ne peut se faire sans nous. Prenez n’importe quel secteur d’activité, vous verrez que les jeunes sont très représentatifs. Et c’est ce qui permet justement au domaine concerné de s’épanouir et de s’adapter aux nouvelles tendances. Il nous reviendra de recenser au maximum leurs préoccupations et les transmettre au gouvernement mais également de propo­ser des solutions en fonction des domaines : santé, éducation, formation, entreprenariat, emploi, digital, etc. afin de promou­voir davantage l’épanouissement de la jeunesse dans tous les domaines.

Le CNJ-CI en devenant une véritable institution aura certainement les moyens de mener ses actions, un pan de votre mandat ?

 Vous demandez un plan de mes actions… permettez que je vous en donne trois. Pour les trois prochaines années, il nous revien­dra en premier d’apporter de la visibilité au conseil national des jeunes de côte d’ivoire à travers la création d’un site internet, mais surtout par la facilitation du partage d’expertise entre jeunes et organismes nationaux/ internationaux. Après, il faudra apporter plus de crédibilité à l’organisation. bien sûr cela pas­sera par ta redéfinition du fonctionnement du conseil avec la création de commissions thématiques fonctionnelles. Je parlais tout à l’heure d’emploi, entrepreneuriat, santé, immigration et autres.

Quelle est la contribution ou la vision de la jeunesse qui permettra de mieux orienter les choses ?

Cette réflexion sera menée au quotidien par des jeunes experts dans leurs domaines. Pour terminer, il im­porte de promouvoir la jeunesse, l’in­novation et les activités terrains. Les prix d’excellence et l’appui aux organisations de jeunesse sont des impératifs sur cet axe.

Beaucoup de jeunes sont les cobayes des hommes politiques, pourrez-vous être l’exception à cette “règle » ?

 Je suis tenté de vous reposer la même question : êtes-vous le cobaye des hommes politiques ?… Je doute fort que la réponse soit positive. Vous savez, en science, les cobayes sont utilisés pour des expériences. Ces derniers sont utilisés à maintes re­prises jusqu’à obtention du résultat souhaité. Pour revenir à votre question, à l’étape actuelle des choses, je pense que les jeunes sont beaucoup plus conscients pour se laisser manipuler par qui que ce soit. Ceci dit, nous travaillerons à renforcer la ré­silience des jeunes à travers des activités communautaires et des activités en relation avec le civisme et la citoyenneté.

De nombreux maux minent notre jeunesse : L’incivisme, l’indiscipline, la drogue, l’alcool, le broutage. L’immigration clandestine que proposera le CNJ-CI pour mettre fin à ces fléaux ?

 La consommation des stupéfiants ne date pas d’aujourd’hui. Mais les effets sur ceux qui les consomment et précisément sur les jeunes qui s’adonnent à leur consommation sont nocifs. C’est pourquoi, au Conseil National des jeunes, nous ambitionnons, et c’est ce qui sera fait d’ailleurs, de mener une campagne de sensibilisation auprès des jeunes pour leur expliquer et leur faire prendre conscience du danger sur l’individu lui-même et sur la société. Aussi, en collaboration avec les directions en charge du civisme, de la citoyenneté et de la protection de la jeunesse, nous entendons investir te terrain pour endiguer le phénomène.

 Les parents ne sont-ils pas les premiers responsables des maux de la jeunesse ivoirienne ?

Il est plus aisé de pointer du doigt une personne que d’assumer la responsabilité d’une action que nous avons posée. Pour vous répondre, je ne pense pas qu’un parent conseillera à son enfant d’aller consommer de la drogue ou de poser de mauvaises ac­tions. Ici on parle de jeunes, donc d’une personne qui a franchi le cap de l’adolescence et qui a la capacité d’apprécier ce qui est bien et ce qui est mal.

Pourquoi ne pas envisager les états généraux de la jeunesse ?

C’est une bonne initiative d’autant plus que plusieurs secteurs sont engagés dans ce mea culpa qui, ma foi, permettra de dé­celer les difficultés et mieux appréhender l’avenir. Sauf que le Ministère a déjà organisé ces assises du 09 au 11 janvier 2019. Elles ont réuni les jeunes de toute la Côte d’ivoire. Ce sont les propositions de ces assises qui ont permis à un jeune de siéger dans les conseils d’orientation du ministère. C’est également ces états généraux qui ont facilité aujourd’hui la subvention de 80 millions FCFA aux faitières d’organisations de jeunesse.

 Le ministère de la promotion de la jeunesse est fortement impliqué dans la lutte contre le chômage. Mais de nombreux jeunes rencontrés estiment que l’agence emploi jeunes est trop lourde et qu’il faut aller vers les jeunes surtout les analphabètes. Votre réaction ?

Je me demande en quoi aller vers les jeunes ou les analphabètes pourrait rendre moins lourde l’agence emploi jeune si vous es­timez toutefois qu’elle l’est. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à travers l’agence emploi jeune, plusieurs jeunes de tous les ni­veaux que ce soit, ont pu avoir un travail permanent ou tempo­raire. Et si je peux me permettre cet amalgame, je souhaite que vous nous accompagniez dans la sensibilisation. Conseillons à nos pairs jeunes de se rendre dans les guichets emplois de leur localité ou commune. L’agence emploi jeune se tient à la dis­position de tous. S’ils rencontrent des difficultés, il faut qu’ils nous les remontent.

Le président Diabaté Ibrahima est-il prêt à aller dans les gares routières d’Adjamé, d’abobo ou dans les espaces où les jeunes se trouvent ?

Bien sûr que oui (sourire). C’est comme si vous demandez à une mère si elle aime son enfant. Je vous donne un exempte, j’ai eu l’occasion d’échanger avec le président français Emmanuel macron en marge du sommet des chefs d’états de la francopho­nie. Quelques jours plus tard, mon organisation organisait une journée pour curer les caniveaux qui font face à la mairie d’abobo. Lorsque je suis descendu dans le caniveau, les autres m’ont suivi en disant : « il cause avec macron et puis il descend dans caniveau, donc moi aussi je descends pour curer ».

Bref, si c’est là que sont les associations de jeunesse, ou même là qu’elles mènent leurs activités, il n’y a pas de raison de ne pas s’y rendre le conseil national des jeunes est une entité qui réunit les jeunes sans distinction et tant que je serai à la tête de cet organe, c’est en étroite collaboration que je travaillerai avec les jeunes. Je suis moi-même né à abobo, j’ai grandi à Yopougon sicogi et à Daloa. Ce sont des milieux que je fréquente régulièrement, il n’y a pas de raison que je sois absent à des activités dans ces zones.

Un appel à toute la jeunesse ivoirienne ?

J’aime bien me convaincre que la jeunesse est une force capable de construire un environnement paisible dans lequel émergent toutes les autres entités. C’est pourquoi j’appelle cette jeunesse et plus particulièrement les délégués du conseil national des jeunes à plus de responsabilité, d’efficacité et de promptitude dans la gestion des affaires à tous les niveaux : villages, quar­tiers, communes, villes et régions car c’est avec cette jeunesse dynamique et responsable qu’on aura un pays plus prospère.  merci

 

PROPOS RECUEILLIS PAR ISK

ALLOPOLICE N°607 du 06 au 12 Septembre 2021, PAGE 6