Quand elle ne sort pas sa botte secrète sur les pistes d’escrime, Ibtihaj Muhammad, l’athlète américaine voilée entrée dans la légende du sport, s’empare de sa plus belle plume pour la laisser courir avec aisance sur la page blanche.
Ce n’est plus à la pointe de l’épée que cette championne d’exception, médaillée aux JO de Rio en 2016, donne la pleine mesure de son talent, mais sous une plume alerte et imaginative d’où a jailli un joli conte illustré « The Proudest Blue – A Story of Hijab and Hamily » (Le bleu le plus fier – une histoire de hijab et de famille). Un conte plein de poésie, qui a l’art d’enchanter et de valoriser les petites filles musulmanes à qui il est spécialement dédié.
Rares sont ceux qui s’attendaient à ce que cette fine lame excelle dans le registre livresque, et qu’elle y fende l’armure en puisant dans ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle était la seule écolière revêtue d’un hijab de sa classe, pour raconter une belle histoire, touchante et réconfortante, à ses jeunes coreligionnaires.
« J’ai grandi dans une ville, dans la banlieue de New York, où mes parents, mes frères et sœurs, nous étions l’une des seules familles musulmanes du coin. A l’école primaire, j’étais la seule élève à porter le hijab et on me regardait comme une bête curieuse au début. J’ai dû faire beaucoup d’efforts pour m’intégrer. C’était une lourde charge à un si jeune âge », s’est confiée à cœur ouvert Ibtjihaj Muhammad dans un entretien à la presse américaine.
Sous la cuirasse de l’escrimeuse multi-médaillée bat le cœur d’une femme sensible, qui a su retrouver son âme d’enfant au fil des pages, à mesure qu’elle avançait dans son récit, et à travers les deux petites héroïnes nées sous le crayon du dessinateur Hatem Aly : les sœurs, Asiya et Faizah.
Inséparables, les deux petites filles savent que le jour de la rentrée scolaire sera très spécial et qu’il faudra s’armer de courage, car l’aînée, Aisya, arborera pour la première fois un hijab. Un hijab, conçu dans une étoffe soyeuse et d’un bleu océan magnifique, dont elle a tout lieu d’être fière, mais que la société environnante tend à empoigner comme un épouvantail, en jetant de surcroît l’anathème sur celles qui le portent.
« Dans cet album, je veux à la fois rassurer, valoriser et insuffler un sentiment de fierté aux petites filles musulmanes voilées, tout en leur donnant des clés pour affronter l’hostilité ambiante. Ce conte pour enfants se veut être aussi une ode à la tolérance et à l’acceptation de nos différences », a souligné la première escrimeuse voilée des Etats-Unis qui, mieux que quiconque, a fièrement défié l’islamophobie tout au long de son fabuleux parcours, avec dextérité, élégance et à fleurets mouchetés.
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