Il n’y a pas de planète B : le Monde devra accélérer la transition énergétique

En décembre 2021, le film Don’t look up : Déni cosmique est sorti sur la plateforme Netflix avec un engouement extraordinaire. Cette comédie dramatique américaine met en scène Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et sa doctorante Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence), dans le rôle du scientifique annonçant avec sa doctorante le choc prévisible d’un astéroïde sur la Terre pour détruire toute vie. Le savant n’ayant pu convaincre la présidente des Etats-Unis Jane Orlean (Meryl Streep)

L’analogie avec la tragédie que nous vivons avec les changements climatiques a été faite et toute la détresse  des scientifiques, les porteurs de mauvaises nouvelles vis-à-vis des politiques, a été mise en évidence. A titre d’exemple, le dernier rapport du GIEC (Groupe des chercheurs des Nations unies spécialistes du climat) a été publié le jour de l’annonce du transfert de Lionel Messi au PSG.

A votre avis, entre le destin d’un joueur de ballon rond et celui de la planète, qu’est-ce qui a fait le buzz ? Plus que jamais le Monde devrait revenir à la raison et se lancer sans délai dans  un programme ambitieux de réduction drastique des gaz à effet de serre. C’est à cette unique contrainte acceptée que l’on peut penser pour éviter la sixième extinction

Dans ce combat pour la survie, l’Algérie  devrait faire  sa part, elle ne devrait pas baisser la garde. La lutte contre les changements climatiques devrait faire partie d’une stratégie d’ensemble concernant le futur : la transition énergétique. S’agissant de la formation d’ingénieurs et de la recherche d’une université de la transition énergétique et du climat. La post-graduation que nous démarrons  avec le MTEER et le MERS est le premier pas dans cette direction, nous devons continuer.

Le film Don’t look up : Déni cosmique sur la fin du monde s’est inspiré du thème de l’actuelle crise climatique, dont personne ne se soucie vraiment. « Le film évoque la chute prochaine d’une grande comète qui va complètement ravager la Terre et tuer tous ses habitants, découverte par les scientifiques Randall Mindy et  Kate Dibiasky, et la difficulté qu’ils rencontrent pour prévenir le monde face à la désinformation, au déni et aux sarcasmes du monde médiatique et politique comme du grand public, ainsi qu’à la cupidité et à l’inaction de la présidente des États-Unis. Leurs calculs montrent qu’une comète va détruire la Terre dans six mois ».

« Le déni parcourt notamment l’Amérique sur la réalité du danger, la présidente fait campagne sur le thème Don’t look up (ne regardez pas en l’air !) jusqu’à ce que la comète apparaisse dans le ciel, au vu de tout le monde, et détruise la Terre. Ils se rendent à la Maison-Blanche pour exposer les faits à la présidente des États-Unis Janie Orlean. Après bien des attentes, ils décrivent enfin la situation à la présidente, qui n’a d’autre réponse qu’« on patiente et on avise ». («sit tight and assess»).

La présidente semble plus préoccupée par son destin politique que par l’apocalypse à venir.  Mindy et Dibiasky décident alors de s’adresser à un grand quotidien new-yorkais pour révéler la catastrophe imminente au grand public. Ils sont invités dans l’émission de télévision «The Daily Rip».  Les deux scientifiques passent en derniers invités, ils exposent les faits, les présentateurs se moquent d’eux ».(1)

Pourquoi l’échec des Conférences-Grandes Bouffes sur les changements climatiques ?

L’histoire ne s’arrête pas là. Il a fallu des faits flagrants, celui de l’apparition du danger dans le ciel , mais même là il y a eu  déni.  «  Randall et Kate commencent à prévenir de nouveau le monde en disant de regarder. La présidente  américaine Orlean mène, pour sa part, une campagne de total déni, autour du slogan «Don’t Look Up» (ne regardez pas en l’air !), Une mission russo-indo-chinoise  destinée à dévier la comète échoue dans une grande explosion à Baïkonour. La comète frappe la Terre et la ravage entièrement. Les deux chercheurs en astronomie, le professeur Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et sa doctorante Kate Dibiasky, se confrontent à une administration sourde, incapable de prendre la mesure du désastre. (…) » (1)

Les scientifiques se heurtent à un mur. Ils trouvent en face d’eux des opportunistes plus intéressés par leur parcours personnel que par le danger planétaire : « Ils trouvent des démagogues outrageusement narcissiques, obnubilés par les scandales de mœurs qui bousculent leur parti (républicain) et l’imminence des élections de mi-mandat – visées court-termistes et bassement politiciennes »(1).

Même échec du côté des médias. « Les deux chercheurs se retournent vers les médias et visent l’opinion publique. Le message ne passe pas. Coulé dans le format d’un talk-show aseptisé, noyé dans le brouhaha des réseaux sociaux, soumis à une concurrence déloyale sur le marché des opinions, le phénomène scientifiquement avéré se retrouve minoré, folklorisé, tourné en dérision, et n’est surtout suivi d’aucun effet, d’aucune prise de conscience.»(2)

Analogie  du scénario du film avec les dangers du climat  

Ce film décrit en creux la détresse des scientifiques, qualifiés de prophètes de malheur parce que porteurs de mauvaises nouvelles. Pendant des décennies, des scientifiques ont alerté sur l’imminence du danger climat. Et ceci, bien avant le Sommet de la Terre de Rio et du Protocole de Kyoto, qui fut le seul à avoir posé les limites de la pollution dès 1997. On connaît son sort, il ne fut pas adoubé par les Etats-Unis de Bush.

Ce sera la même chose avec les kermesses-zerda des 26 COP, dont la COP15 à Paris ayant bénéficié d’un tapage indécent, en ce sens que rien de contraignant ne fut imposé. Le ministre de l’époque, Laurent Fabius, prenant en compte l’injonction des Américains ; malgré cela, Trump est passé par là, ce qui fait que depuis 2015, nous avons ajouté 6 milliards de tonnes de CO2 avec un fonds vert toujours dans l’attente.

Valérie Masson Delmotte, chercheuse en sciences du climat qui a travaillé au GIEC, écrit :  « Comme beaucoup, j’ai regardé en famille le film  diffusé le 24 décembre 2021 sur Netflix. J’ai entendu rapidement mes filles, étudiantes, dire : ‘’Eh, maman, c’est pareil que pour le changement climatique !’’ Le réalisateur Adam McKay veut faire réfléchir sur notre capacité à agir face à une menace grave, et souligner la nécessité de ‘’la prise de conscience, la volonté et l’action».  (…)  Le personnage de Kate Dibiasky — la jeune doctorante jouée par Jennifer Lawrence qui découvre la comète et réalise qu’elle se dirige tout droit vers la Terre – m’a particulièrement touchée. Par ses doutes, par son questionnement sur la bonne manière de s’exprimer (…) Le film montre le décalage, que j’ai souvent ressenti, entre la recherche scientifique, les médias et le pouvoir politique. Il pose ainsi la question de la formation des scientifiques pour s’exprimer dans les médias, et la difficulté des journalistes ou des décideurs politiques à regrouper les connaissances scientifiques. Le film montre aussi le décalage entre le mode de fonctionnement des scientifiques et les moments d’échanges, rares et brefs, avec les décideurs politiques. Ainsi, il m’est arrivé d’avoir trois minutes pour présenter un rapport du GIEC à un chef d’État ! Le film montre aussi le cynisme et le déni de responsabilité, l’absence de capacité d’analyse d’une situation inédite et des risques associés aux options d’action, l’incapacité à se projeter, et l’absence cruelle de leadership (…)»(3)

Il en fut de même d’un autre climatologue Jean Jouzel, qui a fait partie du  GIEC. Lui aussi a dû se battre contre les sceptiques, qui doutent du réchauffement climatique. Depuis les années 1970, le scientifique travaille sur le sujet et a été l’un des premiers à modéliser cette hausse des températures.

« Nous  avons beaucoup souffert du climato-scepticisme d’une partie de la communauté scientifique elle-même, qui a tout fait pour nier la réalité du réchauffement climatique et la responsabilité humaine dans ce phénomène. (…) Dans le cas de Nicolas Sarkozy, le Grenelle de l’environnement était extrêmement pertinent, faisant naître de bonnes propositions en 2007. Mais au Salon de l’agriculture, en 2011, il dit : « L’environnement, ça commence à bien faire ! », parce qu’il craint que cela ne lui rapporte pas de voix.»(4), a-t-il déploré.

Le climatologue Michael E. Mann, directeur du Earth System Science Center de l’université de Pennsylvanie, qui a inspiré l’un des personnages principaux du film diffusé sur Netflix, explique pourquoi les politiques et les sociétés ne prennent pas la mesure de la gravité du réchauffement.

« Le film est un récit à peine déguisé de l’incapacité des dirigeants politiques, mais aussi des populations, à réagir à la hauteur de la catastrophe du réchauffement climatique, malgré les alertes scientifiques de longue date. Le film illustre bien les traversées de la société du spectacle et de la surconsommation, la manière dont  fonctionnent certains médias, la désinformation qui se propage plus vite que les connaissances solides établies. C’est incontestablement une métaphore puissante de la crise climatique en cours. C’est la même chose lorsque des industriels des énergies fossiles soutenus par le Parti républicain choisissent d’ignorer les preuves scientifiques irréfutables du changement climatique causé par l’homme.»(5)

L’Afrique  en première ligne pour les catastrophes 

Nous rapportons dans ce qui suit comment un continent de plus 1,5 milliard d’habitants est durement impacté par les changements climatiques et comment les prévisions du futur sont sombres.

« D’ici à 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres [c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollar par jour] seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises ». « Au cours de l’année 2020, les indicateurs climatiques en Afrique ont été caractérisés par une augmentation continue des températures,  des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes tels que les inondations, les glissements de terrain et les sécheresses, et les impacts dévastateurs associés.»

L’an dernier, l’Afrique s’est réchauffée plus rapidement que la moyenne mondiale, terres et océans confondus. Pour se préparer à l’intensification des phénomènes climatiques dangereux à fort impact, l’OMM appelle l’Afrique à investir dans les infrastructures hydrométéorologiques et les systèmes d’alerte précoce. L’organisation estime que la mise en œuvre rapide de stratégies d’adaptation en Afrique stimulera le développement économique, et générera davantage d’emplois pour soutenir la reprise économique après la pandémie de la Covid-19. Elle appelle à favoriser une « relance durable et verte » du continent.(6)

Le toujours plus et le déni de la réalité des compagnies pétrolières 

Cette catastrophe annoncée qui, en 2021, a fait des centaines de morts du fait des incendies dans plusieurs régions vulnérables, des inondations et des pluies diluviennes au total, a coûté au bas mot 150 milliards de dollars. Il faut pointer du doigt les marchands de doute. Naomi Oreskes, professeure à Harvard, avait dénoncé, il y a dix ans, dans un livre-enquête, les marchands de doute.

« Une étude révèle que Total était au courant des effets dévastateurs des énergies fossiles sur l’environnement depuis 1971. Au lieu d’agir, et après ExxonMobil, BP ou encore Shell, c’est Total Energies qui aurait, au contraire, tout fait pour semer le doute dans l’esprit du grand public en remettant en cause les données scientifiques sur le climat. Ces multinationales devraient contribuer d’une façon importante dans le fonds vert, au vu des bénéfices qu’ils ont tirés depuis 50 ans. Car la menace n’est pas immédiate, elle touche en priorité les pays faibles, et dans tous les cas, les pays développés ont la parade. Ainsi, quand la mer envahit le littoral au Bangladesh, c’est la catastrophe, tel n’est pas le cas de citoyens riches en Australie qui ont érigé un mur de sept mètres pour protéger la plage des assauts de l’océan. Qui gouverne les biens communs ? Personne ? Les faibles pays sont livrés à eux-mêmes et subissent, sans pouvoir y faire face, les conséquences d’un climat erratique en termes d’incendie et de sécheresse.»(7)

La stratégie diabolique des climato-sceptiques

Léia Santacroce et Emeline Férard  nous expliquent la stratégie des climato-sceptiques, ces marchands de doute connus initialement dans le  commerce du tabac. Ils ont développé une stratégie en cinq points : « Les climato-sceptiques ont émergé aux Etats-Unis. Les climato-sceptiques ont piétiné des connaissances établies depuis les années 1970. Dans les années 1970, plusieurs textes scientifiques de référence indiquent que dans la communauté des spécialistes de la chimie de l’atmosphère, de la mécanique des fluides ou des transferts des masses d’air, tout le monde est convaincu, et vraiment de manière univoque », précise Stéphane Foucart, « que le changement climatique doit se produire. Parmi ces textes de référence, on peut citer le rapport Charney, du nom d’un grand physicien de l’atmosphère du MIT, commandé en 1979 sous la présidence de Jimmy Carter » (8).

Les climato-sceptiques ont usé de techniques d’enfumage similaires à celles employées par les lobbys du tabac. Remettre en cause ces résultats, les confronter à d’autres. Parmi les « marchands de doute », on retrouve de grandes multinationales, l’Arabie saoudite à l’image de Total et Elf dont on a découvert récemment, à l’automne 2021, qu’ils étaient au courant depuis 1971. Ils ont investi  (autour de 1 milliard de dollars par an) dans une galaxie d’organisations, de think tanks, de cercles de réflexion au service de la promotion et de la propagation notamment du climato-scepticisme » (8)

« Les climato-sceptiques se sont adaptés au fil des décennies. Très protéiforme, le discours climato-sceptique s’est adapté au fil du temps. Au départ, les climato-sceptiques répétaient simplement que le climat ne changeait pas. Quand il est devenu incontestable que la température montait, l’argument « le climat a toujours changé » est apparu. Les climato-sceptiques ont alors commencé à remettre en cause l’origine humaine du changement climatique. Mais les progrès des méthodes d’attribution le montrent : l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres. C’est « sans équivoque », d’après le GIEC.

Dernier étage de la fusée climato-sceptique : dire que tout va bien se passer et qu’on va s’adapter. « C’est dire qu’on va modifier tellement radicalement la technique – en utilisant des réacteurs nucléaires de quatrième génération, en faisant peut-être de la géo-ingénierie, une façon d’envisager les choses comme des problèmes que la technique va de toute façon réussir à résoudre.»(8)

Comment les scientifiques doivent-ils faire pour communiquer et convaincre ?   

Vaste programme ! Les scientifiques n’ont pas de visibilité médiatique, et même s’ils ont  accès  épisodiquement aux médias, ils ne disposent pas du  temps raisonnable pour expliquer l’essentiel du  challenge climatique. Ils ne savent pas vendre des vérités amères en divertissant ! Souvenons-nous dans Antigone de Sophocle, on peut entendre la phrase : « Personne n’aime le messager porteur de mauvaises nouvelles ». Ce qui explique le peu d’engouement de celles et ceux qui ne veulent que le divertissement climatique.

Peter Kalmus, climatologue américain, dans un texte au Guardian, abonde dans le même sens, en admettant que les scientifiques ne sont pas en phase avec les  canons de la communication de masse. Il écrit : «Don’t look up retranscrit la folie que je vois tous les jours  (…) Une métaphore puissante de la crise climatique en cours. Mais en tant que climatologue, je fais tout ce que je peux pour réveiller les gens et éviter la destruction de la planète.»

Valérie Masson Delmotte, que nous avons citée précédemment, se pose la question : « Comment les scientifiques doivent-ils communiquer ? Rester froids, distants, rationnels ? Sont-ils plus ou moins crédibles lorsqu’ils laissent transparaître leurs émotions, qui les rendent plus humains ? Trop humains ?  (…) Nous n’avons pas forcément d’emblée les codes pour le faire et besoin parfois de média training.»

Elle pointe « la dissonance » entre la façon dont sont abordés des enjeux graves, liés au changement climatique, et le monde médiatique en tant que tel qui «cherche la distraction, les aspects simplistes, la dispute, le tout entre deux publicités favorisant la surconsommation».(9)

Que pourrait faire un gouvernement mondial du bien commun ? 

Au niveau mondial, un tiers des réserves de pétrole, la moitié des réserves de gaz et plus de 80% des réserves de charbon doivent rester inutilisées. La transition énergétique est déjà en cours, car la baisse des coûts rend les énergies renouvelables omniprésentes et plus abordables que les combustibles fossiles. Plus nous retardons, plus les efforts nécessaires deviendront difficiles. Un effort a d’ailleurs bel et bien été engagé en 2020, mais de façon totalement involontaire puisque c’est la crise sanitaire de la Covid-19 qui nous y a contraints.

C’est donc possible pour accélérer la décarbonisation. Cette démarche doit être décidée d’une façon responsable par le conseil de sécurité de la Terre, en associant les grands pays émergents. Notamment la Chine qui fait des efforts exceptionnels et qui, par habitant, consomme 3 fois moins que les pays occidentaux. Déployer plus largement la tarification et les marchés du carbone, c’est là qu’intervient la tarification du carbone.

Planter des dizaines de milliards d’arbres   

Beaucoup de pays s’y consacrent, à l’image de l’Éthiopie qui a déjà planté 6 milliards d’arbres, de l’Arabie saoudite qui annonce 10 milliards d’arbres d’ici à 2030, du Pakistan qui ambitionne de planter 10 milliards d’arbres  d’ici à 2023. (Ten Billion Trees Tsunami Programme pour 500 millions de dollars 2021 2023). Il en est ainsi, à titre d’exemple, de la France qui veut rendre les forêts plus résilientes, planter sur 45 000 ha avec un budget de 200 millions d’euros sur deux ans. Toutes ces actions sont faites d’une façon volontaire.

L’essentiel serait qu’au niveau des Nations unies, dans le cadre de la protection du bien commun qui est la Terre, une répartition par pays en termes de plantations d’arbres soit faite et notamment étudiée. Une étude primaire annonce qu’il faut au moins planter 1 200 milliards d’arbres d’ici à 2050 pour absorber les 2/3 de CO2 produits par l’homme, 9 millions de km², sachant qu’un hectare d’arbres plantés absorbe entre 3 et 5 tonnes de CO2.(7)

Mettre l’accent sur le développement du renouvelable et sur l’innovation 

Il s’agit de mettre partout des plans Marshall pour les énergies renouvelables, maintenant qu’elles sont très compétitives. Le soutien à l’innovation permettra de développer les véhicules électriques, l’éolien offshore, la géothermie, le captage du carbone et l’hydrogène vert, qui pourrait, à terme, remplacer le gaz naturel.

Privilégier les financements verts  

Plus de 160 banques et groupes d’investissement sont impliqués dans ces financements, qui consistent à investir de moins en moins dans les financements fossiles. Dans le même ordre, toutes les multinationales du pétrole, du gaz et du charbon devraient contribuer d’une façon déterminée à prendre en charge une partie du financement. Dans ce cadre, il est impossible de savoir si les 100 milliards de dollars prévus depuis 2009, à Copenhague, suffiraient ; les dégâts étant importants, l’atténuation coûterait et la lutte pour les changements climatiques demanderait plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année.(7)

La transition énergétique pourvoyeuse d’emplois

S’agissant des métiers générés par la transition énergétique, des études montrent qu’elle créera 4 fois plus d’emplois qu’elle n’en détruira. La  palette des nouveaux métiers concernent tous les niveaux, de l’apprenti au technicien, l’ingénieur, l’électricien, l’installateur, technicien de maintenance : le secteur des énergies renouvelables  pourra créer des emplois à tour de bras. Pour former les agents de demain, il faut spécialiser certains instituts de la formation professionnelle dans les énergies renouvelables. De l’apprenti à l’ingénieur, les énergies renouvelables mobilisent une grande variété de métiers. Ainsi, le concept doit immerger les élèves dans des conditions réelles de travail.

« Les jeunes apprennent grâce aux chantiers du renouvelable, mais aussi de l’immense chantier de la rénovation du vieux bâti estimée à 10 millions de logements. Peu à peu, nous allons créer de nouveaux métiers avec de plus en plus de technicité. La pratique représentera les 2/3 de la formation, le tiers restant étant de la théorie en classe.»

« Selon un nouveau rapport publié par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) et l’Organisation internationale du travail (OIT), le nombre d’emplois liés aux énergies renouvelables dans le monde s’élevait à 12 millions à la fin de l’année dernière. Les perspectives d’embauche dans le secteur sont excellentes : un scénario élaboré par l’OIT prévoit la création de 24 à 25 millions de nouveaux postes de travail d’ici à 2030.   En 2020, la Chine a représenté 39% des jobs liés aux énergies renouvelables dans le monde, suivie du Brésil, de l’Inde, des États-Unis et des pays de l’Union européenne. Les perspectives pour les transitions énergétiques mondiales de l’Irena prévoient que les énergies renouvelables pourraient employer 43 millions de personnes d’ici à 2050.»(10)

La formation et la recherche nécessaires à l’Algérie pour la réussite de la Transition énergétique 

C’est la clé de la réussite pour la mise en place de  la transition énergétique en Algérie . L’Algérie est déterminée à respecter ses engagements climatiques internationaux. Comment pourra-t-elle le faire ? Un travail important a été réalisé par le MTEER en relation avec une dizaine de départements ministériels : le livre blanc sur les changements climatiques et les efforts faits par l’Algérie pour en atténuer les effets. De plus, des conférences webinaires préparatoires avec l’Irena, l’AIE ont affiné la position de l’Algérie qui a pu être élue à la vice-présidence de l’Irena. Elle avait sollicité l’accompagnement pour ses grands chantiers,  le barrage vert, la plantation de 1 milliard d’arbres, l’hydrogène vert.

L’Algérie pourra ainsi, graduellement, développer une politique de la justice énergétique et de la vérité des prix. Elle fera la chasse au gaspillage par la mise en œuvre de l’efficacité énergétique. Pour accélérer le plan renouvelable avec la dimension de l’hydrogène vert, j’en appelle à la mise en place d’une taskforce regroupant les départements concernés. Plus que jamais, nous devons continuer l’effort.

Conclusion

Que voulons-nous en définitive pour la planète ? À l’échelle de la naissance supposée de la Terre, 5 milliards d’années, l’apparition de l’homme est tardive. Très tardive. Sa présence représente 2 à 3 minutes sur une horloge de 24 heures. La Terre a donc fonctionné sans l’homme. Elle s’en remettra après la sixième extinction, qui ne serait pas due à un météore, mais à l’homme. L’énergie est un enjeu citoyen du monde. Comment défendre la sobriété face à ceux dont l’accès à l’énergie est déjà insignifiant faute de moyens ?

Devons nous attendre qu’il soit trop tard pour agir ? Car contrairement au fil  Don’tlook up, le danger n’est pas immédiat. On se trompe ! Comme le rappelle Albert Jacquart dans « L’équation du nénuphar » : « C’est la progression selon la raison géométrique et non arithmétique. Si un nénuphar est planté dans un lac, et se multiplie d’un facteur 2 tous les jours, que se passe-t-il ? Disons, par exemple, qu’en 30 jours le lac sera entièrement recouvert de nénuphars qui se retrouveront privés d’espace et de nourriture, et ainsi mourront. (…) Le 28e jour c’est environ 25%, le 29e jour, 50% et la totalité le 30e jour. Ceci veut dire que la catastrophe ne devient évidente et inévitable que les derniers jours du cycle » (11).

« Les anti-décroissance font dans la fuite en avant. Ils mettent en avant Descartes: «  L’homme maître de la nature» et même la Bible: « Dominer la Terre et soumettez » la Genèse (1,28). Dans le même ordre cette citation « L’homme blanc, dont le Dieu marche avec lui et lui parle comme un ami». «Son appétit dévorera la Terre et il ne laissera derrière lui qu’un désert». (11)

Les COP ont terminé leur mission maintenant que le diagnostic est fait. Il faut passer aux actes. Il n’y a qu’un gouvernement mondial, un conseil de sécurité de l’humanité. Il faut sortir de la culture du secret, en posant sur la table l’avenir de la planète, et définir enfin les conditions d’un débat mondial démocratique et informé, qui associe concrètement tous les humains, l’objectif étant triple : une justice climatique et énergétique, une énergie verte.

Et, par-dessus tout, la conviction que nous sommes tous sur le même bateau Terre que nous devons mener à bon port. Nous n’avons pas, contrairement au film Don’t look up, de planète de rechange. Faisant en sorte que  la sixième extinction promise par les collapsologues ne soit plus d’actualité, grâce à la vigilance de chacun, sous la bienveillance d’un gouvernement  éclairé des Nations enfin Unies.

Source, Oumma.com