Interview avec le consul général de Côte d’Ivoire en Arabie Saoudite

Bamba Soumaïla livre les rapports religieux et diplômatiques entre les deux pays

<< La Côte d’Ivoire est citée comme exemple par l’Arabie Saoudite et nous ambitionnons de maintenir le cap de cette belle image qu’elle présente. >>
Chapeau : Le pèlerinage à la Mecque est certes achevé, mais les relations entre l’Arabie et la Côte d’Ivoire demeurent, voire s’ameliorent. Bamba Soumaïla, consul général de la Côte d’Ivoire en Arabie Saoudite s’est prêté au jeu de questions-reponses au micro d’islaminfo sur le vécu des pèlerins et des résidents Ivoiriens. C’était le jeudi 14 juillet 2022, un entretien avec nos envoyés spéciaux. Ci-dessous l’intégralité.
Islaminfo : Depuis quand êtes vous consul général de la Côte d’Ivoire en Arabie Saoudite ?
Bamba Soumaïla : J’ai eu l’honneur d’être affecté ici par le président de la République le 10 Mai 2019. Et depuis lors, nous essayons de satisfaire la mission qui nous a été assignée.
Quelles sont vos principales missions ici à Djedah et à Médine ?
La circonscription consulaire de Djedda s’étend sur les villes de Djedda, Médine et la Mecque. Nous avons donc deux missions principales. L’organisation du pèlerinage à la Mecque, d’une part et de l’autre, l’assistance aux Ivoiriens résidents dans la circonscription consulaire ainsi qu’aux Ivoireins de passages dans cette circonscription.
Depuis votre nomination quelles ont été vos actions majeures en faveur des Ivoiriens résidant en Arabie Saoudite ?
En ce qui concerne les hommes d’affaires Ivoiriens, il faut reconnaître quand n’y a pas eu de régularité de leur venue ici en, Arabie Saoudite. Et c’est à cela que nous nous atelons pour essayer d’intéresser nos opérations économiques à la destination « Arabie Saoudite ». Nous avons dans ce cadre en vue l’organisation au cours de cette année d’une journée ivoirienne au profit de la Chambre de commerce et d’Industrie de Djedda et de la Mecque. Cette journée avait été programmée depuis 2020, mais la pandémie à Corona virus a malheureusement freiné l’élan. Par ailleurs, nous intéressons les opérateurs économiques saoudiens à la la destination « Côte d’Ivoire ». Depuis mon arrivée, nous avons effectué trois missions avec les opérateurs économiques qui sont intéressés par le domaine de l’hôtellerie, mais également par la grande distribution avec les morgues en Côte d’Ivoire. Notons que ces différentes investigations operées au pays sont dans de bons sens, car nous avons le soutien des autorités qui nous encouragent. Et je pense que les traces seront incessamment visibles à partir des premièrs actes qu’ils auront posés en Côte d’Ivoire.
Est-ce à dire qu’en plus des deux missions, vous ajoutez aussi l’écodiplomatie ?
Tout à fait. Nous nous inscrivons dans la vision du président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara, qui souhaite de la diplomatie ivoirienne et une opération de charme auprès des investisseurs à l’effet de voir arriver un grand nombre d’opérateurs économiques en Côte d’Ivoire pour soutenir son action de développement. Et c’est dans ce cadre que trois opérateurs économiques ont déjà visité la Côte d’Ivoire en notre compagnie.
Et les résidents ?
La communauté est composée de 1500 personnes. Elle comprend d’ étudiantes et étudiants au nombre de 500 environ, et de travailleurs qui sont arrivés individuellement à travers des contrats qu’ils ont signés avec des partenaires soudiens. Il y a également des femmes de ménage qui arrivent dans des circonstances peu rassurantes. Et nous ne sommes informés de leur situation que quand il y a un problème. Alors lorsque nous organisons les tournées auprès de la communauté, nous les encourageons à retourner en Côte d’Ivoire pour essayer de s’insérer puisqu’il y a eu des dispositions prises par les autorités ivoiriennes pour faciliter l’insertion des aventuriers qui se trouvent à l’étranger. Et depuis notre appel, nous constatons un certain intérêt. Certains résidents décident de rentrer au pays pour essayer de se donner une autre chance dans leur pays d’origine.
Est-ce que cela n’est pas dû à la cherté de la vie, l’augmentation incessante des taxes, par exemple ?
Vous savez l’inflation est mondiale et l’Arabie Saoudite n’échappe pas à cette inflation. Mais ce qui explique leur décision de retour au pays, c’est la fin de l’illusion. Ils avaient envie de trouver une vie meilleure ici, mais il s’en est suivi la désillusion. Et vu les différents efforts qui sont faits par le président Alassane Ouattara pour le développement de la Côte d’Ivoire, je pense que ce retour est promoteur pour eux.
Quelles sont vos relations avec les étudiants résidents et quelle est votre implication personnelle dans le résolution de leurs difficultés ici ?
Les résidents étudiants vivent en parfaite harmonie avec les résidents. Rarement nous sommes confrontés à des difficultés avec les étudiants. Nous leur rendons régulièrement visite et il nous invitent à la soutenance de leur thèse de doctorat de troisième cycle. Et nous leur donnons aussi des conseils autant que faire se peut. Et nous leur donnons aussi des conseils pour faciliter leur insertion en Côte d’Ivoire. Nous les escadrons aussi pour l’apprentissage de la langue française. Et cela à travers des formations parallèles qui se font aujourd’hui en ligne afin de compléter leur cursus universitaire. Beaucoup s’inscrivent donc dans cette option. Aussi nous leur demandons aussi dmm, en s’inscrivant ici, de ne pas se focaliser sur l’aspect religieux. Car, généralement, tous ceux qui venaient faisaient des formations religieuses de l’imamat. Mais de plus en plus nous faisons de nos mieux pour initier les étudiants dans des formations académiques aussi bien dans le domaine économique, social, médical. Donc c’est beaucoup encourageant. Et nous ambitionnons, lors d’une visite en Côte d’Ivoire, d’inviter les ministres de la Recherche scientifique et de l’Enseignement supérieur à venir faire un tour pour rencontrer les autorités académiques. C’est un vœu que nous avons formulé auprès de celles-ci et nous pensons pouvoir le réaliser en soumettant cette requête auprès du ministre.
Quel regard portez-vous sur l’insertion des résidents dans leur pays notamment la Côte d’Ivoire ; car ils sont très souvent confrontés à un problème d’insertion professionnelle à leur retour. Avez-vous des solutions à cet effet ?
L’un des premiers problèmes, c’est l’équivalence des diplômes. Je disait tantôt que l’un des conseils que nous leur inculquons, c’est de se former en langue française, parce que c’est la langue officielle en Côte d’Ivoire. Ce faisant l’insertion pourra être facile. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, grâce au ministère de l’Éducation nationale, les instituts de formations musulmans sont aujourd’hui autorisés à particuper aux diplômes nationaux, tels le CEPE, le BEPC, le BAC… c’est donc une étape essentielle pour leur insertion. Vous imaginez ceux qui ont fait ce parcours et sont détenteurs du baccalauréat, il va sans dire que ces derniers ne feront pas une formation religieuse ; ils auront beaucoup d’ouverture ce qui facilitera leur retour en Côte d’Ivoire.
Quels sont vos principales actions que vous menées dans l’organisation du hadj après deux ans d’interruptions ?
C’est vrai après deux années d’interruptions, c’est la reprise. Mais les acquis sont là. Cette reprise se fait à partir des acquis que la Côte d’Ivoire avait déjà. Au niveau de l’hébergement, nous avons des contrats que nous signons sur trois ans pour nous garantir le logement de nos pèlerins. Nous avons des contrats de restauration que nous signons également sur trois ans. Ce sont des actions qui assurent aux pèlerins Ivoiriens un séjour ici. Du coup le fait que nous ayons eu deux mois seulement pour organise ce hadj 2022, nous navons pas eu véritablement de contrainte majeure pour la réussite de tout ce qu’il y avait à faire sur place en Arabie Saoudite.
Nous sommes au soir du voyage, les pèlerins commencent à regagner leur pays et dites-nous quel bilan vous faites de l’édition 2022 après 2 années d’interruption pour les non résidents ?
C’est un bilan satisfaisante ici en Arabie Saoudite. Tous les pèlerins convoyés par la Côte d’Ivoire, aussi bien les pèlerins du groupe de l’État que ceux des opérateurs privés, ont pu effectuer leur pèlerinage. C’est donc une satisfaction puisque c’était le but à atteindre.
Après 4 ans à la tête du consulat quelles sont vos perspectives tant pour les Ivoiriens résidents que dans l’organisation du Hadj ?
C’est d’amener ceux qui ont une difficultés d’insertion à regagner la Côte d’Ivoire. Il y a des possibilités d’intégration pour le retour au pays. Pour ce qui est du hadj, nous avons pour ambitions de maintenir le cap à savoir la belle image que la Côte d’ivoire a auprès de l’Arabie Saoudite dans l’organisation de son pèlerinage. Nous sommes cités en exemple. Et lorsque j’ai sollicité l’adhésion de la Côte d’Ivoire à ce qu’on appelle << la route Macca >> qui consistera à aller sur place en Côte d’Ivoire à la veille du départ des pèlerins de faire tous les contrôles aéroportuaires afin que, lorsque le pèlerin atterri en Arabie Saoudite, la n’y ait plus de contrôle. Il va directement son logement. Et lorsque nous avons sollicité l’adhésion à ce programme, les autorités saoudiennes sans hésiter ont répondu favorable. Nous avons aussi pour ambition de réduire le coût du transport de nos pèlerins par des partenariats avec les autorités compétentes de la Côte d’ivoire. De même nos ambitions est aussi que le hadj soit progressivement rétrocéder aux opérateurs privés. Que la part de l’État soit basse par rapport à la tendance actuelle. Car l’État a le maximum de pèlerins à convoyer contrairement aux opérateurs privés. Également il faudrait que nous parvenions à inverser cette tendance.
Balla