Les naufragés de l’Open Arms sont bloqués au large de Lampedusa depuis dix-huit jours maintenant. La situation est critique. Une centaine de migrants sont toujours sur le navire humanitaire sans solution globale de débarquement. Lundi 19 août, l’Italie a finalement accepté d’évacuer quelques personnes.
Il reste un peu moins de 100 personnes à bord de l’Open Arms et l’évacuation des migrants se fait au compte-gouttes lorsqu’il y a un danger pour leur santé. Psychologiquement, tous sont de plus en plus fragiles, une personne s’est par exemple jetée à l’eau ce mardi matin, neuf autres l’ont imité un peu plus tard dans la matinée pout tenter de rejoindre Lampedusa à la nage, mais les garde-côtes sont intervenus. La situation est très difficile. Cela fait des jours que les migrants voient la côte à quelques centaines de mètres du navire.
Le dénouement semble se rapprocher, à moins d’un changement, vu les dernières informations, Proactiva n’aura pas eu gain de cause, les migrants devraient reprendre la mer vers les Baléares. Ils devraient être transbordés dans les vingt-quatre heures sur un navire des garde-côtes italiens qui les y conduira. Mais il reste à résoudre, semble-t-il, la question du pavillon du navire humanitaire. Le ministre italien des Transports exige que l’Espagne le lui retire.
Matteo Salvini, c’est Matteo Salvini, mais toutes les fois où la France a envoyé vers l’Italie à Vintimille, sans rien dire, comme ça, des jeunes, des mineurs… Personne n’a rien dit !
Le bras de fer de Matteo Salvini sur les ONG n’a jamais été aussi loin et ce n’est pas un hasard du calendrier. Le ministre de l’Intérieur italien souhaite des élections le plus rapidement possible. Le Sénat se réunit d’ailleurs sur cette question ce mardi après-midi.
À Lampedusa, la vie continue
À Lampedusa, l’ambiance est plutôt aux paréos, aux parasols et les scooters des mers des vacanciers pétaradent autour du port. C’est actuellement le pic de la saison. La présence du bateau ne perturbe ni les touristes, ni les habitants que l’on a pu rencontrer. Ce qui revient dans les conversations, c’est que l’Italie se trouve seule dans cette situation, comme toujours.
D’autant qu’à Lampedusa, les gens sont bien placés pour constater que si Matteo Salvini s’en prend aux ONG et fait beaucoup de bruit sur Twitter, les migrants continuent à arriver chaque jour ou presque en Sardaigne, en Sicile ou à Lampedusa, à bord de ce que les Italiens appellent « les bateaux fantômes », de petites embarcations qui passent parfois inaperçues. Ces deux derniers jours 108 personnes sont arrivées seules de la Tunisie toute proche.
Ne pas savoir pourquoi le débarquement n’est pas autorisé ; ne pas savoir où, comment, et si ils arriveront à terre, crée beaucoup de tensions et ravive les traumas. Il ne faut pas oublier qu’ils ont vécu des tortures, des violences, des guerres pendant des mois voire des années pour certains. Donc se voir nier la possibilité d’arriver à terre est une nouvelle sorte de torture.
Le maire de Lampedusa, a lui, pu se rendre à bord du navire « Open Arms » à l’invitation de l’ONG Proactiva et quand on l’interroge sur l’état des gens à bord, sa réponse est simple : « Je vous souhaite de ne pas voir une chose pareille ».
rfi.fr