Selon le septuagénaire Fofana Mamadou, la multiséculaire mosquée de Kani de plus ou moins 600 ans, a été construite au quartier Kiela par un groupe de mandingues, des Soumahoro et Fofana. C’était des mu- sulmans et marabouts venus du Mandé (Mali) qui ont trouvé à leur arrivée en Côte d’Ivoire, les familles Bakayoko et Dosso qui étaient des féticheurs.
Ayant jugé la nécessité d’avoir une mosquée, l’aîné a invité ses cadets. Il leur a demandé de se tenir de- bout derrière lui pour une prière. Aussi miraculeusement que cela puisse paraître, l’espace s’est dégagé devant eux et la Mecque est apparue à l’horizon. Ils décidèrent donc de construire la mosquée à cet en- droit avec une orientation dirigée avec précision vers la Kaaba, enseigne notre interlocuteur. Sitôt cette décision prise, à en croire le vieux, ils décident de faire un sacrifice en vue de sanctifier le lieu de culte. Le plus jeune des trois est envoyé dans la forêt pour débroussailler un espace. Après quoi, il sème du riz. La semence pousse le même jour, mûrie le même jour et est cueillie quelques instants après. De retour au village avec la moisson, le riz est préparé. Puis, on fait appel aux marabouts (dé- tenteurs de la science cultuelle et ésotérique en islam) pour des bénédictions avant de donner le repas en sacrifice. L’espace purifié, la bénédiction divine ayant envahi l’endroit, la mosquée est construite. Tout cela le même jour. Il y a très longtemps, reconnaît le septuagénaire. La bâtisse est en terre battue et coiffée de tôles. La cour est cimentée. Une clôture en dur permet de délimiter l’espace. A l’entrée principale, une ampoule néon est fixée au-dessus. A gauche, un disjoncteur et, en haut, à droite, un haut-parleur. Une sorte de minaret supplante la maison. A son sommet, trône une boule blanche appa- remment en équilibre. Il ne pourrait pas et n’est jamais tombé, précise-t-il. C’est la vieille mosquée de Kani. Juste à côté, une annexe a été construite, faute de places, pour les femmes. Interdiction à tout non-musulman et mauvais pratiquant d’y pénétrer. Celui qui a un souci l’exprime aux vieux. Il leur de- mande de le conduire à la vieille mosquée pour des bénédictions