La fête de la rupture du jeûne (Aïd El Fitr)

Le comportement à adopter par le musulman pendant Aïd El Fitr

Comme toutes les années, après l’observation de la lune, l’Aïd El Fitr marque la fin du mois béni de Ramadan. Pendant cette fête, il y a plusieurs actions et comportements à adopter. Quelles sont ces différentes actions ? Islaminfo met à votre disposition quelques conseils concernant cette période

L’Aïd al-Fitr, fête de la rupture du jeûne et qui marque la fin du mois de ramadan est célébrée le 1er shawwâl, 10ième mois de l’année hégirienne. On l’appelle communément ʿÎd as-Saghîr, petite fête, par opposition à ʿÎd al-kabîr, grande fête ou ʿÎd al-Adha, fête du sacrifice, alors que ses rituels et les festivités qui l’accompagnent sont tout autant importants. Ces deux fêtes sont les deux fêtes canoniques de l’islam et se fondent sur la Sunna, tradition du Prophète. Étant les deux fêtes par excellence, elles sont désignées par la forme duelle al-ʿidân (les deux fêtes). Ce duel indique qu’un rituel est commun à ces deux fêtes (celui de la prière), bien qu’il y ait entre elles des différences substantielles. Deux principaux rituels caractérisent cette fête : la prière d’al ʿÎd précédée du versement de la zakât. Zakât al-fitr La Zakât al-fitr peut être donnée un ou deux jours avant la fin du mois de ramadan. Selon des hadîths, elle doit être versée au plus tard, avant d’effectuer la prière de ʿÎd al-Fitr. C’est l’ultime limite au-delà de laquelle la zakât devient sadâqa « charité » et perd sa vertu purificatrice en vertu d’un hadîth : Ibn ʿAbbâs a dit : « L’Envoyé de Dieu a déclaré obligatoire l’aumône de la rupture du mois de ramadan. Il l’a instituée comme purificatrice, pour le jeûneur, des propos futiles et indécents ; et comme nourriture pour les pauvres. Pour celui qui s’en acquitte avant la prière de la fête de la rupture, elle est aumône purificatrice agréée par Allah, mais pour celui qui s’en acquitte après la prière de la fête de la rupture, elle n’est qu’une simple aumône ordinaire. » hadîth rapporté par al Bukhâri Zakât al-fitr, appelée aussi al fatra, est une aumône purificatrice est une obligation (wâjib) qui relève de la Sunna où chaque musulman doit s’en acquitter pour lui et les différents membres de sa famille. Son acquittement purifie le musulman de ses péchés et c’est aussi un acte de solidarité à l’égard des pauvres. Le soutien à ces derniers leur évite de quémander et leur permet surtout de célébrer, dans la décence, la fête de ʿÎd al-Fitr. Cette aumône purificatrice se verse en denrée alimentaires. Un hadîth, qui marque les usages du temps du Prophète, définit les différents types d’aliments et leur quantité qui étaient versés : « …1 saa’ de nourriture, ou bien 1 saa’ d’orge, ou 1 saa’ de dattes, ou 1 saa’ de fromage séché, ou 1 saa’ de raisins secs. » hadîth rapporté par Al Bukhâri, Mouslim, At-Tirmidhi, Abou Daoud, Ibn Madja et Nassaï La valeur du sâʿ est fixée dans le droit religieux par le Prophète en l’an 2/623, lorsqu’il a prescrit les détails rituels de la fête de ʿÎd al-Fitr, comportant l’aumône obligatoire dite zakât al fitr dont la valeur en grain est d’un sâʿ par personne de la famille. Le sâʿ est une unité de mesure associé au moud. Le sâʿ équivaut à 4 mouds selon l’usage de Médine ; ce dernier correspond à la quantité que l’on peut mettre dans les deux mains lorsqu’elles sont assemblées. La quantité d’un sâʿ équivaut environ à 2,5 kg et 3 kg. Ces aliments versés sont spécifiques aux denrées produites dans le pays où l’on réside (riz, graines, blé…). Pour respecter la Sunna, zakât al-fitr doit être donnée en nourriture. Aussi la majorité des juristes n’ont pas permis de la verser par un équivalent, argent ou autre. Néanmoins certains musulmans donnent la valeur de cette aumône en argent. Spécificités de salât ʿÎd al-Fitr La salât (prière) de ʿÎd al-Fitr a lieu quand le soleil s’élève au-dessus de l’horizon de la longueur de deux lances (environ deux fois trois mètres) alors que celle du sacrifice la distance équivaut à une lance (environ trois mètres). Ce décalage est expliqué par le souci de laisser assez de temps, le jour de la première fête, à ceux qui ne se seraient pas encore acquittés de la zakât al-ʿîd, ou zakât al-fitr. Les fêtes de ʿÎd al-Fitr et ʿÎd al-Adhâ ont en commun la salât al-îd, prière publique de l’ensemble de la communauté qui est considérée comme Sunna. Hommes, femmes et enfants y participent. La tradition veille qu’elle soit célébrée en plein air sur le musallâ (nom de lieu formé sur le verbe sallâ, prier). Quand le Prophète eut fixé sa résidence à Médine, il accomplissait les prières ordinaires chez lui. Les prières extraordinaires s’accomplissaient au Sud-ouest de la ville, à l’extérieur des remparts. À cet endroit, le Prophète (paix et salut sur lui) et ses partisans accomplissaient la prière le 1er shawwâl et le 10 dhû al-hijja. Ainsi le musallâ désigne un espace ouvert, généralement à l’extérieur d’une localité, et servant, à l’occasion des deux fêtes canoniques à toute la communauté. Cette pratique est toujours en cours, bien que la préférence soit donnée à la mosquée. Avant la prière, la glorification d’Allah est fortement recommandée. Elle consiste à répéter trois fois une invocation comme celle-ci : « Subhâna-Llâhi wal hamdu li-Llâhi wa lâ ilâha illâ-Llâhu. Allâhu Abkar, Allâhu Akbar, Allâhu Akbar wa li-Llâhi-l-hamd. » « Gloire à Dieu et louange à Dieu. Il n’y a pas d’autre divinité que Dieu. Dieu est le plus grand et à Dieu la louange. » Contrairement à la prière rituelle, ni l’adhân (premier appel à la prière), ni l’iqâma (deuxième appel à la prière) n’indique le moment où la prière d’al ʿÎd va commencer et on ne l’annonce que par les mots « jâmiʿat ». La prière d’al ʿÎd ne comporte que deux rakʿa, unité de prière ; et plusieurs takbîr (prononcer la formule Allâh Akbar), elle est suivie d’un sermon : « Le jour de la fête de la rupture du jeûne, le Prophète pria deux raka’a, sans faire d’autres prières soit avant, soit après cela… », hadîth rapporté par al Bukhâri « L’envoyé de Dieu sortit (pour se rendre au mosalla) le jour de la fête de la rupture du jeûne. Il commença par la prière, puis il fit le sermon. » Pour le retour chez soi, et pour respecter une tradition prophétique, il est recommandé d’emprunter un chemin autre que celui qu’on aura pris à l’aller, comme le faisait le Prophète : « Quand c’était un jour de fête le Prophète prenait un chemin différent (au retour). » hadîth rapporté par al Bukhâri Visites, échanges, réconciliation et plats traditionnels Cette fête est ponctuée par les visites faites aux différents membres de la famille, aux voisins et aux amis, par des échanges de vœux et de cadeaux. Différentes formules consacrées à cette occasion sont échangées lors de cette fête. C’est surtout un moment pour se réconcilier, de mettre fin à la rancune et à la rancœur et de se demander mutuellement pardon : « Taqabala-Allâhu minnâ wa minkum. Ghafara-Allâhu lana wa lakum » « Qu’Allâh accepte de nous et de vous. Qu’Allâh nous pardonne et vous pardonne. » Soumahoro A