Plusieurs morts et des dégâts matériels consi- dérables. Pire, la mise à nu de l’inéficaté des méthodes de l’urbanisation initiées par tous les gouvernements successifs. Mais aussi et surtout notre propension à l’incivisme et au passe-droit pour construire de manière arnachique. Quelques semaines auparavant, c’était un im- meuble qui s’écroulait sur près d’une trentaine de personnes. Selon certaines indiscrétions, ni le terrain, ni le propriétaire, ni l’entrepreneur n’étaient connu au fichier du Ministère de la Construction. Le résultat est là. Que faire main- tenant ?
Tout d’abord, à ce stade des choses, il faut dé- politiser le débat, rester serein, accepter les cri- tiques justifiées ou non et regarder vers l’avenir après avoir fait l’état des lieux des politiques successives de l’urbanisation dans notre pays. En attendant, tout le monde se pose les ques- tions suivantes :
1. Pourquoi chaque année on se retrouve dans la même situation et presque toujours sur les mêmes lieux ?
2. Pourquoi dans un quartier de luxe, de dé- cideurs et avec des impôts les plus élevés, les habitants sont victimes de la saison des pluies ?
3. Tout le monde sait qu’il pleut abondam- ment à Abidjan et presque toute l’année. On y construit beaucoup de bassins d’orages. Mais que faire pour le débordement d’eau vers la lagune et la mer dans la mesure où les constructions deviennent des obstacles au cheminement de l’eau ?
4. Dans toutes les grandes villes du monde on voit des canaux qui traversent la ville et qui permettent de convoyer l’eau du plus haut niveau vers les niveaux les plus bas. A Abid- jan, entre Abobo et Cocody, il n’existe aucun canal en continue. Pourquoi ?
5. La technologie de la météo s’est dévelop- pée considérablement. Mais avons-nous tous les équipements nécessaires pour affirmer les prévisions météorologiques ?
6. Les citoyens ivoiriens sont parmi les plus
équipés en téléphonie cellulaire. Pourquoi ne pas utiliser les compagnies cellulaires pour informer en temps réel les citoyens sur les in– formations météo, et les chemins à éviter ? cela éviterait d’autres sinistres mortelles notre pays.
7. Avec la prolifération des radios de proxi- mité, la diffusion des informations devrait être obligatoire et dans les langues locales. En ce qui concerne les permis de constructions, on assiste à une accusation mutuelle.Le Minis- tère de la Construction se plaint des citoyens qui construisent sans autorisation tandis que les citoyens se plaignent du fait qu’ils attendent des années pour avoir un simple permis de construction d’une petite maison. Ainsi le Mi- nistère de la Construction menace d’envoyer des brigades pour arrêter les chantiers et em- barquer les pauvres ouvriers. Et les citoyens uti- lisent leurs moyens propres pour pouvoir continuer leurs travaux de construction. A la guerre comme à la guerre. Tous les moyens sont bons. Alors que faire dans ce bras de fer Etat- citoyen ?
D’abord, décréter une pause entre les deux par- ties. L’Etat doit reconnaitre, que du fait des lourdeurs administratives, les citoyens n’ont pas vite accès aux documents exigés pour l’ob- tention du permis de construction. Et les ci- toyens doivent admettre que le respect des normes est fait pour protéger leurs biens et leurs vies.
Ensuite, il faudra proclamer une période où l’Etat va vers les citoyens pour aider à régula- riser leur situation foncière. Parallèlement un site internet devrait permettre à chacun de sa- voir le statut de son terrain, sans se déplacer. Cela suppose au préalable une base de données fiable au niveau de l’Etat. En tout cas, cette stratégie de communication interactive permet- tra à l’Etat d’une part de mettre à jour sa base de données et d’autre part aux citoyens de sé- curiser pour eux-mêmes et leurs descendants, leurs biens fonciers et immobiliers.
En un mot, l’Etat et le citoyen doivent travailler ensemble dans la confiance et l’efficacité ad- ministrative.
A la semaine prochaine In cha Allah