L’homme éprouve le besoin d’assoupir sa douleur morale chaque fois qu’il traverse des moments de malaise ou de gêne. Il chercheaussi, d’une autre manière consciente, les moyens de calmer les agitations de son cœur et de son esprit quand il se trouve en présence d’un choix délicat. Avant de s’engager dans la réalisation d’une oeuvre, grande ou petite, il veut que sa pensée se dégage du doute qui pourrait remettre en cause sa décision. Quand bien même ses convictions sont fondées, il est en quête d’autres éléments d’appréciation pour être à même de concrétiser un acte sans aucune hésitation.
Telle fut l’attitude d’Abraham dont la foi en Dieu n’était pourtant pas suspecte, mais qui voulait toutefois vérifier sa théorie de la résurrection des corps.
« Et quand Abraham dit : « Mon Seigneur ! Montre-moi comment Tu rends la vie aux morts. » Dieu dit : « Est-ce que tu ne crois pas encore ? » Il répondit : « Oui, je crois, mais c’est pour que mon, cœur soit apaisé. » (S.2, 260)
La recherche de la Vérité fait pénétrer dans le cœur du croyant la paix qui consolide la confiance en lui-même, l’aide à surmonter les obstacles et à parvenir aisément au stade de la certitude. Cette quiétude de l’âme ne s’acquiert qu’en évoquant Dieu, aussi bien dans des moments de perturbations morales que dans les périodes d’apparentes sérénité.
« N’est-ce pas que les cœurs se tranquillisent au Rappel de Dieu ? » (S.13, 28).
C’est à cette condition que le croyant calme son âme agitée et se fraie le chemin qui le conduit au salut éternel.
« Ô âme apaisée ! Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréé ; entre donc parmi Mes serviteurs et entre dans Mon Paradis. » (S.89, 27 et 28)
La paix de l’âme suppose la fermeté et la constance des convictions. Elle se vérifie dans les vérités que le doute et le découragement ne préoccupent pas, dans les actes que la peur et la tristesse n’inquiètent pas et dans l’espoir que sa finalité soit vraiment agréée par Dieu, avec les idées que les besoins sensibles et matériels de l’homme se manifestent et se ramifient pendant un temps déterminé et s’évanouissent après dans l’espace infini, tandis que tout ce que le Tout-Puissant normalise est marqué par le sceau de l’éternité.
« Tout ce qui se trouve ici-bas périt alors que la Face de ton Seigneur demeure, pleine de majesté et de magnificence. » (S.55, 26 et 27)
La paix de l’âme git dans les cœurs des gens sensés qui évoquent sincèrement le Très-Haut en toutes circonstances, dans la joie et la peine, et de ceux qui, constants dans leurs louables activités, se reprochent les désagréments causés à autrui et ne manifestent pas leur désappointement lorsque les illusions les abusent.
La paix de l’âme connaît divers degrés. Il y a celui du cœur dont les tourments sont apaisés différemment par des prières surérogatoires et des jeûnes échelonnés. Il y a celui du comportement qui consiste à suivre, par divers moyens, la voie de la rectitude, de sorte à atteindre l’objectif fixé, en demandant sans cesse l’assistance du Créateur.
« Dis : Voici mon chemin ; j’en appelle à Dieu, moi et ceux qui me suivent, en toute clairvoyance » (S.12, 108).
Quel que soit le procédé adopté, le croyant ne doit pas regretter le non-renouvellement des succès du passé ou de s’attrister de l’inaccomplissement de ses projets, et encore moins de craindre les incertitudes du lendemain.
Le Prophète (p.p) nous donne cet exemple de la paix de l’âme. Il restait toujours confiant en dépit des permanentes difficultés de sa mission, aggravées par les menaces répétées de ses ennemis. Les obstacles, qui se dressaient sur son chemin, et les intimidations, voire les menaces auxquelles se heurtaient ses sermons, n’affaiblissaient pas sa détermination et sa certitude d’une victoire finale. Il montra sa confiance en Dieu aux moments les plus critiques de sa vie, tels que ce jour où, en compagnie d’Abû Bakr, il se réfugia dans une grotte, poursuivi par l’injuste vindicte des polythéistes.
« Si vous ne portez pas secours au Prophète, Dieu l’a déjà soutenu lorsque les incrédules l’avaient banni, lui, le deuxième des deux, le jour où tous les deux se trouvaient sans la caverne et qu’il disait à son compagnon : Ne t’afflige pas ; oui, Dieu est avec nous. » (S.9, 40)
La lecture assidue du Coran, la profonde méditation de son contenu et son honnête pratique spirituelle, selon les capacités physiques et intellectuelles de chacun, offrent au croyant des clés consistantes qui lui ouvrent la voie de la paix et de la sérénité avec lui-même et avec son milieu ambiant, tant il est vrai que le Livre Saint représente le guide le plus sûr vers la consolidation de la foi, laquelle dissipe le doute, cause de perplexité et d’indécision.
La paix de l’âme se conditionne par la certitude qui s’obtient d’une manière intellectuelle, mais aussi auditive et visuelle, chaque fois qu’il s’agit de s’assurer par soi-même de l’exactitude d’une idée ou d’un fait. A cet effet, Abraham est cité en exemple : il ne doutait point de la Résurrection des morts, mais il tenait à en être le témoin oculaire, de sorte à mieux apaiser son cœur.
Sur un autre plan, le Miséricorde divine chasse la mélancolie qui serre le cœur ; elle affirme les résolutions, tandis que le Rappel du châtiment de Dieu l’emplit d’appréhension et l’incite alors au repentir de sorte à purifier son organe de cette pesanteur qui perturbe sa conscience. Selon Fakhr ar –Râzî : chaque fois que le cœur atteint un stade de satisfaction, il réclame aussitôt le passage à un autre état plus noble car le monde en miniature qu’est l’homme ne connaît de repos moral que si son bonheur se concilie avec les phases du plaisir en continuelles mutations. Dès lors que le cœur et la raison s’imprègnent fortement des enseignements divins, ils s’élèvent au niveau le plus parfait de la félicité.
« L’âme apaisée », dont parle Coran, est celle qui n’ordonne pas le mal parce qu’elle se conforme aux Décrets de Dieu et se persuade que Ses promesses ne sont pas de vains mots. C’est aussi celle qui se caractérise par l’invariance de la foi, quelle que soit la gravité des épreuves traversées, et exclut de son espace la vanité et les fausses illusions de la vie.
« Tel, parmi les hommes adorent un Dieu en hésitant : si un bien lui arrive, il en jouit tranquillement. Mais si une tentation l’atteint, il se détourne immédiatement et perd ainsi la vie de ce monde et la vie future : voilà une perte certaine. » (S.22, 11)
Le Coran signale dans la sourate intitulée Jonas, le cas de ceux qui, insouciants et négligents, s’imaginent être en paix avec leur conscience.
« Quant à ceux qui n’espèrent pas Notre rencontre, ceux qui se satisfont de la vie présente, ceux qui y trouvent la tranquillité et qui restent inattentifs à Nos signes : voilà ceux dont le refuge sera le Feu, pour le prix de ce qu’ils ont acquis. » (S. 10, 7 et 8)
L’homme a un grand besoin de cette Morale qui, en établissant la paix dans le cœur, fortifie la confiance en lui-même, éclaire son chemin vers les cimes de la certitude et de la sérénité, et l’aide aussi bien à vaincre les difficultés de l’existence qu’à endurer les souffrances qui la jalonnent.
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