La police nigériane libère plus de 300 garçons torturés et violés dans une école religieuse

Plus de 300 garçons victimes de tortures et de viols ont été secourus jeudi soir par la police nigériane dans une école coranique à Kaduna, dans le nord du Nigeria.

Elle est désormais surnommée “la maison de l’horreur”. Vendredi 27 septembre, le Nigeria a découvert avec effroi l’existence d’une école coranique à Kaduna (nord du pays) où plus de 300 garçons étaient victimes de torture et de viol. La police les a secourus.

C’est lors d’une descente, menée jeudi soir dans une maison du quartier Rigasa, que la police de Kaduna a découvert plus de 300 élèves et étudiants de “nationalités différentes” enfermés et enchaînés.

Les responsables de l’établissement les faisaient vivre dans “des conditions inhumaines et dégradantes sous couvert de leur apprendre le Coran et de les redresser” pédagogiquement, explique le porte-parole de la police de l’État de Kaduna, Yakubu Sabo.

Le propriétaire de l’établissement et ses six assistants ont été arrêtés, a-t-il précisé.

“Chambre de torture”

“Nous avons trouvé une centaine d’étudiants, dont des enfants de neuf ans à peine, enchaînés dans une petite pièce, dans le but de les corriger et de les responsabiliser”, a déclaré Yakubu Sabo, précisant que “les victimes ont été maltraitées”. Certaines d’entre elles ont déclaré avoir été violées par leurs professeurs, a-t-il ajouté.

Quelques photos ont été diffusées dans la presse nigériane. Sur certaines, on y voit un enfant avec le dos couvert de plaies à vif, visiblement causées par des coups de fouet. Un autre a les pieds enchaînés à des barres de fer, et une foule de jeunes garçons sont entassés dans une cour insalubre.

Une “chambre de torture” a été trouvée par la police. Des élèves y étaient suspendus à des chaînes et battus lorsque les enseignants estimaient qu’ils avaient commis une faute.

Des plaintes répétées de voisins, qui se doutaient que quelque chose d’anormal se passait à l’intérieur de l’école, ont permis de déclencher le raid policier ayant mené à la libération des enfants.

“Les victimes étaient de nationalités différentes et deux d’entre elles ont déclaré lors de leur interrogatoire qu’elles avaient été amenées par leurs parents du Burkina Faso”, a ajouté le porte-parole.

“D’autres étaient morts avant”

Bello Hamza, l’un des garçons, cité par plusieurs journaux locaux, a affirmé qu’il devait partir étudier les mathématiques en Afrique du Sud lorsque sa famille l’a amené dans “la maison de l’horreur”, il y a trois mois.

“Ils prétendent nous enseigner le Coran et l’islam, mais ils font beaucoup de choses ici. Ils obligent les plus jeunes à avoir (des rapports) homosexuels”, a-t-il témoigné. “Ceux qui ont tenté de s’échapper d’ici ont écopé de punitions sévères : on les attachait et les suspendait au plafond.”

“Au cours de mon court séjour ici, quelqu’un est mort des suites des tortures”, ajoute-t-il. “D’autres étaient morts avant à cause de problèmes de santé et des tortures. Ils nous donnent une nourriture très pauvre et nous ne mangeons que deux fois par jour.”

Enseignement religieux strict

L’école, ouverte il y a une dizaine d’années, hébergeait des étudiants amenés par leur famille pour leur apprendre le Coran, mais surtout remettre dans le droit chemin des petits délinquants, ou consommateurs de drogues.

Majoritairement musulman, le nord du Nigeria accueille un grand nombre de “maisons de correction” plus ou moins formelles dispensant un enseignement religieux strict, en l’absence de structures publiques à même de prendre en charge les jeunes livrés à eux-mêmes.

Les parents de certaines victimes originaires de Kaduna, convoqués par la police, ont été “choqués et horrifiés” quand ils ont vu l’état de leurs enfants. Ils n’avaient aucune idée de ce qu’ils vivaient, selon le porte-parole. Ils apportaient régulièrement de la nourriture à leurs enfants et étaient autorisés à les voir une fois tous les trois mois.

Toutefois, Yakubu Sabo précise que les parents n’étaient pas autorisés à entrer dans la maison pour voir ce qui s’y passait. Les enfants étaient amenés à l’extérieur pour les rencontrer un bref instant.

france24.com avec AFP