Voici une parole prophétique que la majorité des musulmans connaissent et qui donne le sens de la spiritualité musulmane : « C’est d’adorer Dieu comme si tu le voyais, mais saches que si toi tu ne vois pas, Lui te voit ». La spiritualité est un cheminement qui a comme objectif de s’imprégner de la présence divine dans toute sa vie et qui a comme moyen l’observance permanente de Dieu. Il n’y a de spiritualité en Islam sans l’éloignement des grands péchés et sans la pratique religieuse assidue. La pratique religieuse est la base de toute évolution spirituelle.
Pour devenir un ami de Dieu, il faut commencer par les piliers de l’islam, renforcer sa foi en Dieu, prier cinq fois par jour, s’acquitter de l’aumône purificatrice, jeûner le mois de Ramadan et effectuer le pèlerinage à la Mecque si cela est possible. Il faut veiller à soigner ses adorations et leur donner du sens, il ne faut jamais qu’elles deviennent des habitudes et des rituels mécaniques vide de sens. La pratique sincère doit nous pousser à l’humilité et nous éloigner de la vanité et de l’orgueil. Celui qui se croit meilleur que les autres par sa pratique ne fait que s’éloigner de Dieu. Après avoir construit les fondements de son cheminement, l’ami de Dieu le poursuit sans précipitation ni excès de zèle mais avec modestie, constance et régularité. Il s’emploie à nettoyer son cœur des maladies qui le rendent insensible au rappel de Dieu, il combat son orgueil, lutte contre l’excès des passions, tempère ses espérances, éradique la haine et la jalousie vis à vis de ses semblables, régule son amour des biens de ce bas monde, déracine de son ingratitude innée envers son créateur et fait face au désespoir qui pourrait entraver sa progression.
Après avoir purifié son cœur de ces maladies, il s’emploie à le remplir par ce qui, le maintient en vie sur le droit chemin, la sincérité, la modestie, l’accessibilité, la bonté envers son frère humain, la miséricorde, la gratitude et la reconnaissance envers son créateur pour tous les bienfaits qu’il lui octroie à chaque instant. Avoir un cœur vivant, sain et pur est le travail le plus dure qu’il faut s’atteler à réaliser et c’est la tâche de toute une vie. Un maître spirituel compare le cheminement vers Dieu à un oiseau, sa tête représente l’amour de Dieu, ses deux ailes sont l’aile de l’espoir et l’aile de la crainte. Le battement de ses deux ailes lui assure l’envole et l’équilibre. L’espoir seul peut conduire au relâchement, la crainte seule peut conduire au désespoir.
Il s’agit ici d’une crainte révérencielle de décevoir son Seigneur. Pour cheminer vers Dieu, le musulman fait aussi des efforts pour multiplier les actes que Dieu aime, les adorations, la lecture quotidienne et réfléchie du Coran, l’observation du livre ouvert que représente l’univers qui nous entoure, la méditation dans la création divine, l’évocation de Dieu par ses noms sublimes, sa glorification, sa louange et sa sanctification. Pour s’aider dans son cheminement, le musulman s’octroie des moments de solitudes et de retraites spirituelles et notamment pendant le mois de Ramadan, il régule sa nourriture et son sommeil et évite tout excès ou négligence, il se maintient toujours sur la voie du juste milieu entre les besoins du corps et les besoins de l’âme. Plus on se rapproche de Dieu par les actes qu’il aime plus son amour s’enracine dans notre cœur et on devient des alliés de Dieu et c’est dans ce sens que s’inscrit le Hadith prophétique célèbre dans lequel Dieu dit : « Mon serviteur ne se rapproche guère de Moi par quelque chose qui M’est plus agréable que l’accomplissement de ce que Je lui ai prescrit. Mon Serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par des œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe par lequel il entend, son regard par lequel il voit, sa main par laquelle il saisit, et son pied avec lequel il marche. S’il M’invoque, Je l’exaucerai certainement. S’il cherche refuge auprès de Moi, assurément, Je le lui accorderai.