La Tunisie frappée par un attentat-suicide

Sidération, indignation et polémique après l’attentat suicide qui a frappé, hier en début d’après-midi l’avenue Bourguiba, en plein cœur de Tunis. Le bilan officiel fait état de 20 blessés, dont 15 policiers et deux enfants.

« Depuis la révélation sur les réseaux sociaux de la photo et de l’identité de la femme kamikaze   une certaine Mouna, originaire de Mahdia  , chacun y va de ses supputations sur les commanditaires de cet attentat qui a plongé le pays et la classe politique dans la stupeur, pointe Jeune Afrique. Plusieurs heures après l’explosion, les Tunisiens attendaient des prises de position et des explications officielles. […]

“Voilà le résultat quand Ennahdha occupe de nouveau les directions du ministère de l’Intérieur”, a lancé un député indépendant, en référence aux récents mouvements et nominations au sein du ministère. Des accusations dont Ennahdha se défend. “Nous condamnons sans réserve et sans hésitation cet attentat, a assuré Larbi Guesmi, membre du conseil de la Choura et de son comité politique. Ce ne sont pas nos choix ni nos manières. Ceux qui ont fait ça sont des gens sans cœur, sans patriotisme, des irresponsables !”, s’est encore exclamé ce cadre d’Ennahdha. » Toujours est-il que « le président Essebsi l’a lui-même reconnu, poursuit Jeune Afrique : “l’atmosphère politique est mauvaise, a-t-il déclaré. Nous sommes tous occupés à parler d’un tel ou d’un tel, de qui va rester et qui va partir, de tel ou tel autre parti, mais ce ne sont pas ça les vrais problèmes de la Tunisie. C’est ce que nous rappelle un événement comme celui-ci”. »

Propos maladroits ?

Le président Essebsi qui a tenu des propos polémiques, rapporte pour sa part le site d’information Tunis Webdo : « censée rassurer les Tunisiens, la déclaration faite par le président de la République concernant l’attentat de Tunis a été contreproductive, créant une grande polémique sur les réseaux sociaux. »

En effet, relève Tunis Webdo, « dans sa première réaction, Caid Essebsi a commencé par dire : +cet attentat prouve que le terrorisme est toujours présent en Tunisie. Nous avons cru avoir exterminé le terrorisme, mais je crains, fort, que ce soit lui qui va nous exterminer ! + Des propos qui ont provoqué une grande +colère+ exprimée sur les réseaux sociaux. Certains internautes ont dénoncé cette déclaration estimant qu’elle ne provoquerait pas un état de choc, mais plutôt la panique dans les rangs des citoyens. »

Trois ans de tranquillité…

En tout cas, pointe Le Monde Afrique, « cet attentat survient alors que la Tunisie avait recouvré une certaine sécurité après l’année noire de 2015. Celle-ci avait vu se succéder l’attaque contre le musée du Bardo le 18 mars (22 morts dont 21 touristes et un policier), l’assaut contre la station balnéaire de Port El-Kantaou près de Sousse le 26 juin (38 touristes étrangers tués) et l’attentat-suicide contre un bus de la garde présidentielle dans la capitale le 24 novembre (12 policiers tués). Ces trois attaques avaient été revendiquées par l’organisation Etat islamique. […] Depuis, poursuit Le Monde Afrique, la menace dans les grandes agglomérations ou les centres touristiques avait considérablement décru alors que les forces de sécurité tunisiennes avaient notablement renforcé leur capacité de riposte. Témoin d’un évident regain de confiance, la fréquentation touristique est vigoureusement repartie à la hausse en 2018. »

Qui ?

En effet, complète Aujourd’hui au Burkina, « depuis 2015, les démons djihadistes somnolaient. » Alors « qui est derrière cet attentat, s’interroge le quotidien ouagalais, dont le mode opératoire, utilisation de kamikaze et de bombe artisanale, n’est pas sans rappeler celui contre la garde présidentielle ? Plusieurs pistes sont privilégiées. Notamment, celle de l’Etat islamique, via la branche de Seifdine Rezgui ou encore d’Ansar Al-Charia, de Kamel Zarouk, célèbre prêcheur donné pour mort à Raqqa en Syrie. »

En tout cas, conclus Aujourd’hui, « cet attentat-kamikaze vient aussi rappeler que la lutte contre la nébuleuse terroriste n’est jamais gagnée une fois pour toute. Elle frappe toujours, au moment où l’on s’y attend le moins. »

RFI