« Ce chiffre est effrayant ! ». L’homme qui broie du noir en annonçant que près de 10 000 ingénieurs tunisiens, pour la plupart des experts en informatique et télécommunications, ont déserté leur pays au cours de ces trois dernières années, sans doute la mort dans l’âme, afin d’échapper à un chômage endémique, sait de quoi il parle.
Il s’agit de Oussam Kheriji, président de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT), qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur cette fuite des cerveaux, lourde de conséquences, que rien n’enraye, malgré ses appels réitérés à y remédier sans tarder.
Dimanche dernier, en marge d’une rencontre organisée avec des parlementaires, il n’a pas caché sa vive inquiétude devant le chômage de masse qui frappe la fine fleur des jeunes ingénieurs du pays du jasmin. Des ingénieurs dont le nombre est en constante augmentation chaque année et qui, en outre, choisissent de plus en plus de se former dans des établissements privés, en recrudescence également.
Face à cet exode alarmant des talents tunisiens, Oussama Kherji appelle de ses vœux la création d’une instance indépendante d’accréditation, qui serait chargée de surveiller la qualité de la formation dans les établissements publics et privés, tout en plaidant pour revoir à la hausse leur grille des salaires. Une condition sine qua non pour juguler cette véritable hémorragie que représente leur départ massif vers d’autres eldorados.
A la préoccupation légitime de Oussama Kherjifi s’ajoute celle non moins justifiée de Mounir Maknia, président du Conseil de l’Ordre des médecins, qui fait, lui aussi, un amer constat : près de la moitié des praticiens, fraîchement inscrits à l’Ordre en 2017, sont allés voir ailleurs si l’herbe est plus verte.
oumma.com