L’Arabie Saoudite suspend les Omras à 2 mois du Ramadan à cause du coronavirus

Avec 7 millions de pèlerins internationaux en Omra chaque année, l’Arabie Saoudite est particulièrement exposée à la crise sanitaire internationale du Coronavirus qui a débuté fin décembre 2019 en Chine et dont le nombre de décès dans le monde ne cesse d’augmenter.

L’épidémie n’est pas encore officiellement qualifiée de pandémie mais plusieurs foyers existent déjà en Chine, en Corée du Sud, en Italie, en France, en Algérie, en Iran et depuis peu au Koweït et Bahreïn voisins. C’est d’ailleurs au Koweït et au Bahreïn que 7 saoudiens et saoudiennes ont été diagnostiqués du virus CoVid-19 ce qui a finit de convaincre les autorités que le risque de propagation de l’épidémie en Arabie Saoudite est désormais avéré.

On ne peut qu’imaginer les conséquences désastreuses d’une propagation rapide du virus à Médine ou à la Mecque ou des dizaines de milliers de personnes seraient potentiellement au contact de personnes infectées chaque jour.

L’Arabie Saoudite a donc annoncé la suspension immédiate de toutes les Omras internationales, sans préavis, et également la suspension de tous les visas touristes depuis les pays en proie à l’épidémie (la liste n’est pas disponible officiellement à notre connaissance). 

Nous vous donnerons d’avantage d’informations à mesure que les autorités clarifient leur décision.

A noter que l’isolement sanitaire est bien une mesure conseillée en Islam, qui remonte même à l’époque du Prophète lui-même ﷺ.

Boukhari relate ainsi l’histoire suivante dans son recueil des ahadiths authentiques: D’après Ibn `Abbâs, Omar ibn Al-Khattab, qu’Allah soit satisfait de lui, se rendit au Châm. Arrivé à Sargh, une étape entre Médine et Tabouk, il rencontra les gouverneurs des villes du Châm, Abou `Ubayda ibn Al-Jarrah et ses compagnons, qui l’informèrent qu’une épidémie de peste y sévissait. Omar me demanda de faire venir les premiers émigrés (Muhâjirîn). Une fois autour de lui, il les informa de l’épidémie qui sévissait au Châm et leur demanda conseil mais ils eurent des avis divergents. Certains dirent: ‘Tu es sorti avec un objectif combattre l’ennemi que tu te dois d’atteindre.’ D’autres dirent: ‘Nous ne pensons pas qu’il faille exposer à ce fléau le reste des compagnons du Prophète, .’
Omar leur demanda de se retirer puis fit chercher les Ansâr qu’il consulta également mais ces derniers montrèrent le même désaccord. Il les invita également à se retirer puis me demanda de faire venir les notables de Qouraych qui avaient émigré après la conquête de la Mecque ce que je fis. Omar les consulta sans qu’apparaisse la moindre divergence entre eux. Ils dirent: ‘Le mieux, selon nous, est de rebrousser chemin et de ne pas exposer les gens à cette épidémie.’ Alors, Omar déclara: ‘J’ai l’intention de faire marche arrière, et je veux que vous en fassiez de même.’ Abou `Ubayda ibn al-Jarrâh dit: ‘Veux-tu fuir ce qu’Allah nous a destiné?’ Omar répliqua: ‘Si seulement un autre que toi l’avait dit, ô `Ubayda! En effet, nous fuyons le décret d’Allah pour aller vers le décret d’Allah. Imagine que tu aies des chameaux avec lesquels tu descendes dans une vallée ayant deux versants, l’un couvert de verdure et l’autre aride. Si tu fais paître tes bêtes sur le versant plein de verdure, n’agis-tu pas selon le décret d’Allah? Et si tu les laisses paître sur le versant aride, n’agis-tu pas de la même manière selon le décret d’Allah.’ Vint alors `Abdur-Rahmân ibn `Awf qui s’était absenté pour quelque affaire. Il dit: ‘Je sais quelque chose concernant cette affaire. J’ai entendu le Prophète, , dire: « Si vous apprenez qu’une épidémie ravage une région, ne vous y rendez pas et si vous vous trouvez dans une région frappée par une épidémie, ne la quittez pas. » Omar loua Allah puis reprit le chemin du retour.

A noter également qu’il est interdit de s’enfuir d’une région mise en quarantaine, et l’interdiction est tellement grave qu’elle est comparée au fait de quitter le champ de bataille et donc de s’exposer à la mécréance!
Selon Jabir ibn Abdillah, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète, , a dit:  » Celui qui fuit une contrée touchée par la peste commet un péché aussi grave que celui qui fuit l’ennemi sur le champ de bataille. Et celui qui patiente dans une contrée touchée par la peste aura une récompense identique à celui qui patiente sur un champ de bataille. » (Ahmed).

Dans ces hadiths, le miracle prophétique se manifeste à travers l’injonction qui est faite à un homme demeurant dans une contrée où sévit une épidémie de ne pas en sortir quand bien même il n’en serait lui-même pas atteint. Ce n’est qu’à la lumière de la science récente que l’on a compris qu’effectivement les porteurs sains sont souvent les principaux moyens de propagation des virus, et qu’il ne suffit donc pas de limiter le déplacement des personnes malades, mais bel et bien de toute personne au contact de la maladie.

L’occasion enfin de rappeler à tous nos lecteurs de prendre des précautions de base comme le lavage fréquent des mains au savon, en particulier après contact avec des foules, le port du masque en cas de déplacement en zone potentiellement risquée, et le maintien d’une bonne hygiène de vie et de sommeil.

ajib