Le BLoG de fatIm djamILa : L’etat et NoUS, maLeNteNdUS et maLeNteNdUS Quel malentendu permanent entre l’etat et le peuple !

Le premier croit que tout ce qu’il fait de bien, c’est lui et lui seul qui le fait. Le se- cond croit qu’il n’a aucun moyen d’agir et l’Etat peut faire et doit tout faire.

De telle sorte que l’on constate les deux comportements suivant :
1. L’Etat non seulement rechigne à demander à des citoyens fortunés de l’ai- der. A défaut, elle pourrait mettre en place une politique d’encouragement systéma- tique des donateurs volontaires ;

2. Le peuple ne bouge absolument même quand il peut simplement mettre des graviers sur une route bitumée dégradée après le passage d’une forte pluie. On at- tend le temps qu’il faut pour que l’Etat, la mairie ou le conseil Régional revienne. Un bel exemple de cette assertion est la sui- vante :

• La commune d’Abobo est dotée de la plus large et longue avenue de la capitale éco- nomique. Cette route baptisée Boulevard Alassane OUATTARA vient d’être refaite entièrement et balisée. Donc on voit les six grandes voies en deux composantes de 2×3 avec un large parterre central impeccable- ment pavé et flanquée de larges trottoirs. Quand vous y passez la nuit ; on voit la splendeur de tout le Boulevard Alassane OUATTARA. Mais dans la journée cette belle voie est amputée du tiers par les sta- tionnements sauvages, les véhicules des clients des magasins de vente de pièces dé- tachées et par des commerçants ambulants. Le résultat : le carburant, les huiles de vi- danges et le sables occupent progressive- ment le tiers du Boulevard. Tout le monde constate (l’Etat, la mairie) et personne ne bouge. Et puis dans quelques années tout le monde se plaindra et encore une fois, au lieu de faire de nouvelles voies à l’intérieur d’Abobo, on va plutôt relooker encore le Boulevard Alassane OUATTARA.

• Un deuxième exemple : les tours admi- nistratives du plateau. Presque unique en son genre ; A cause du mauvais entretien de sociétés mal choisies, donc mal payées en conséquences, l’Etat est obligé de re- mettre la main à la poche pour dépenser des milliards qui auraient pu servir à construire des amphithéâtre, des hôpitaux et de nou- velles routes et ponts. Personne ne fait la livraison, ni l’Etat, ni nous. A l’université, le temple du savoir et de la contestation syndicale et politique on parle de fraudes sur les primes des heures supplémentaires. Est-ce vrai ou faux ? qui l’eut cru malgré tout !

On se rejette la faute de part et d’autre. Et pourtant, deux cas illustrent comment l’Etat et le peuple peuvent se compléter à merveille : le quartier Abobo Baoulé, en plein cœur de la commune populaire d’Abobo Gare et l’Institut polytechnique Felix Houphouët Boigny de Yamoussoukro dans la capitale politique du pays. Abobo Baoulé est un quartier propre ordonné par la volonté de sa chefferie, des jeunes et des femmes. Ceux-ci n’ont pas attendu l’Etat, ni la mairie ou le district. Ils ont fait le mi-

nimum et le reste est venu après. Tout ce qu’ils attendront maintenant c’est le grand Boulevard pour désenclaver totalement cette partie d’Abobo. En ce qui concerne l’institut polytechnique Felix Houphouët Boigny, il y a quelques années, les pelouses avaient laissé la place à la brousse ou pol- luaient la drogue, les animaux sauvages et l’insécurité autour de jeunes et brillants ba- cheliers, destinés à être des élites de de- main. Tout le monde regardait et personne ne parlait. Même pas les anciens pension- naires et boursiers de cette prestigieuse école au nom illustre du père de la nation ivoirienne. Il a fallu l’arrivée à la tête de cette école d’un nouveau Directeur Géné- ral, Dr Koffi, ancien DG de l’école des sta- tistiques d’Abidjan, pour que tout change. Sans moyens financiers, sans relations par- ticulières avec son ministre de tutelle et sans être un ponte du parti au pouvoir comme l’un de ces prédécesseurs ; il a ap- pliqué sa propre méthode qu’il avait déjà expérimentée a l’école de statistique d’Abidjan : inculquer l’esprit d’excellence à l’intérieur, avec l’esthétique à l’extérieur, notamment une belle pelouse plus la pro- preté des locaux et surtout avec l’implica- tion totale et volontaire des enseignants et des enseignés. Malgré la petitesse des moyens, des railleries de ses collègues en- seignants et la curiosité des jeunes étu- diants, il a réussi avec sa détermination à repositionner ce qui était sous Houphouët Boigny, le fleuron et la fierté de notre pays. Le résultat estlà. Les investisseurs privés et publics, la banque mondiale, la BAD ont contribué à consolider la position de centre d’excellence africaine et mondiale de l’ins- titut polytechnique Felix Houphouët Boi- gny. Et bien entendu l’Etat et ses partenaires comme la France sont revenus vers l’institut.

Deux anecdotes pour terminer cette chro- nique. Je viens de faire une visite de trois jours dans le nord-ouest de la cote d’ivoire ou j’ai parcouru plus de cinquante villages ? J’ai rencontré des centaines d’ouvriers, des paysans, d’élèves, des commerçants, des opérateurs économiques et des fonc- tionnaires de l’Etat. A écouter les uns et les autres, il y a unanimité sur cinq choses. :

1. Le nord-ouest ivoirien n’a rien à envier au sud forestier ivoirien. Il y a autant de plantes spéculatives au nord qu’au sud : Café, cacao hévéa palmier à huile au sud contre le coton, l’anacarde, mangue et le riz au nord-ouest. Si la pluviométrie est abon- dante au sud, dans le nord-ouest elle est suffisante pour assurer toutes ses spécula- tions agricoles. Selon les spécialistes il pleut plus au nord-ouest qu’au centre de la Côte d’Ivoire.

2. Si le Nord-ouest a ses routes et ses ponts de désenclavement comme au sud, la Côte d’Ivoire atteindra son autonomie alimen- taire totale.

3. Enfin si l’Etat densifie sa présence à tra-

vers la réalisation des infrastructures d’électricité, d’hydraulique, d’éducation et de santé, le nord sera émergent en même temps que le sud.

4. Les cadres sont engagés et accompa- gnent le gouvernement dans le combat pour le développement de leur région. Partout à leur crédit, des plantations et fermes mo- dernes, des hôtels, des lacs artificiels des centres de santé, des écoles des propres vil- lageoises ;

5. Les villageois se sont approprié le concept de développement en attendant l’arrivée de l’Etat. Ainsi par exemple alors que contrairement aux pays voisins l’Etat ivoirien traine les pieds pour le développe- ment de l’énergie solaire, on voit partout au Nord dans plusieurs villages reculés et sur les toits en paille des cases rondes, des pan- neaux solaires avec des paraboles de canal horizon ou Start times.

Comme on le voit l’Etat et nous sommes complémentaires. Mais il revient à l’Etat de faire en sorte que le peuple et les ci- toyens puissent lui apporter pleinement et spontanément leurs concours. Quant aux citoyens, il faut agir et agir bien sans cal- cules. Il ne faut surtout pas écouter les mé- disances et les insinuations politiques telles que rapportés ici par un ami qui croyait bien faire pour le village de sa maman. Cet ami de par sa position professionnelle, avait pu faire construire dans le village de sa maman et dans plus de cinquante autres localités du pays un centre de santé (dis- pensaire et maternité, un système d’hydrau- lique amélioré, un marché, un foyer polyvalent et logements de maitres). Un oncle a lui, au lieu de l’en remercier lui dit ceci en public : “on te voit venir, tu veux être le maire de notre localité. Mais chez nous pour être maire, il faut être de père et de mère du village’’. L’ami fut abasourdi et au bord du découragement, il décida de tout abandonner. Je lui demandai s’il allait ainsi abandonner pour tous les autres villages où il intervenait. Il me dit non et qu’il allait continuer dans les autres localités. Autre- ment il était prêt à abandonner un village à la recherche de son développement, aux mains d’un piètre et aigri politicien, ambi- tieux, sans programme et sans moyens et plein de haines. Je réussi à convaincre mon ami en lui faisant comprendre que ceci fait partie de la vie et cela aussi bien au village qu’en ville, dans les mosquées, les églises en milieux professionnels et dans les partis politiques.

En un comme en cent, notre état de sous- développement chronique n’est pas lié à une absence de ressources matérielles et humaines. C’est d’abord une absence de vi- sion, de lecture juste, de compétences de l’Etat et des individus, ainsi que de notre incapacité à transcender les problèmes hu- mains.

A la semaine prochaine In cha Allah.