Après des années d’oppression et de violence, la minorité musulmane la plus persécutée au monde, vient d’être reconnue victime d’un génocide.
Les Rohingyas sont pourtant loin d’avoir remporté la bataille, il s’agit pour le moment d’une petite victoire, mais pas n’importe laquelle, puisque le Canada est le premier pays au monde à admettre officiellement que les « Rohingyas sont victimes d’un génocide ».
Une résolution reconnaissant que les crimes perpétrés par le régime du Myanmar contre les Rohingyas sont un génocide, a été adoptée à l’unanimité jeudi par les députés canadiens de la Chambre des communes.
Les députés se sont basés sur le rapport d’une délégation canadienne et une mission d’enquête des Nations unies pour rendre leur avis. La délégation canadienne s’est rendue au Myanmar et a pu ainsi témoigner de l’horreur de la situation.
Alors que les Nations unies parlent rarement de génocide, ils ont publié cette semaine un rapport sur une mission d’enquête dans trois Etats du Myanmar, qui ne laisse aucun doute sur le sort des Rohingyas en Birmanie.
Le rapport est le résultat de plus d’un an de recherches menées par l’avocat des droits de l’homme Marzuki Darusman. Celui-ci a analysé des milliers de documents, d’images satellites et s’est entretenu avec plus de 875 témoins et survivants.
Près d’un million de Rohingyas a été contraint à l’exil forcé, des dizaines de milliers d’entre eux ont été massacrés par l’armée birmane. L’enquête de l’ONU dénonce par la même occasion, l’inaction de la première conseillère d’État et prix nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi.
A son sujet, l’ONU indique dans son rapport que « Sa réputation est un peu plus égratignée », et que « son nom ne restera pas comme l’un des choix les plus inspirés pour un prix Nobel de la paix ».
Le rapport accablant fait état de viols collectifs de masse, d’esclavage sexuel et de destruction de centaines de villages.
La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland a réitéré le soutien du Canada à la minorité musulmane. Elle a par ailleurs ajouté que le Canada demanderait des comptes aux responsables des crimes commis contre les Rohingyas.
Plus de 300 millions de dollars seront investis sur trois ans par le gouvernement canadien pour soutenir les réfugiés qui ont tout abandonné durant leur fuite.
Le porte-parole du Rohingya Human Right, Fareed Khan s’est dit heureux du vote canadien, il espère néanmoins que des mesures seront prises pour rendre la motion significative.
« Ceci est une étape importante pour la cause des Rohingyas », a déclaré à son tour, Ahmed Ramadan, directeur général d’un groupe de travail canadien sur la question birmane, avant d’ajouter que « Cette déclaration officielle du génocide reflète la direction avant-gardiste du gouvernement du Canada sur cette question quand tant d’autres ont traîné leurs pieds ».
Saifullah Rohin, directeur de l’Initiative canadienne de développement Rohingyas a déclaré : « Nous remercions le Canada et les Canadiens pour leur leadership pour mettre fin au génocide, mais ce n’est pas fini encore. Maintenant, nous demandons au premier ministre Justin Trudeau et à la ministre Freeland de convoquer une réunion d’urgence des gouvernements et des dirigeants concernés afin d’étudier les mesures concrètes visant à mettre fin au génocide en cours et d’autres mécanismes de protection, avec ou sans consensus du Conseil de sécurité de l’ONU . »