C’est donc une vérité de Lapalisse que de dire qu’entre la Direction des Cultes, et le Commissariat au Hadj, d’une part, il y’a des problèmes ; tout comme il y a aussi des problèmes, d’autre part, entre le COSIM, instance suprême de la communauté et la Direction Générale des cultes. Pour assaisonner ce plat de problèmes, d’autres faits font croire qu’entre le Ministre de l’intérieur et la Direction Générale des cultes, ce ne serait pas le grand amour. Le Cabinet reprochant à la Directrice une certaine propension à faire croire qu’elle n’a de compte à rendre qu’au Président de la République qui l’a nommé pour une mission précise. Tandis que pour sa part, la Direction générale des cultes reprocherait à sa tutelle de s’immiscer un peu trop dans la gestion courante de son département, en y envoyant des fonctionnaires qu’elle n’a pas demandé.
Dans ce chassé-croisé de « je t’aime, moi non plus », la communauté musulmane risque de se trouver bien orpheline; car malgré ses récriminations et ses propositions rien se semble augurer suffisamment d’une meilleure organisation du Hadj. Celle-ci aurait pût commencer notamment par une redéfinition des attributions des uns et des autres, pour plus de clarté et d’efficacité opérationnelle. Personne ne semble entendre, ni écouter les premiers concernés, les pèlerins. Consternés par le fait qu’ils n’ont jamais imaginé que ce serait sous le pouvoir actuel, que la Direction générale des Cultes leur accorderait aussi peu d’importance et ce dans l’indifférence générale. Ils en sont à se poser une série de questions qu’ils soumettront en temps opportun à qui de droit. Mais, une chose est sure, pas plus hier qu’aujourd’hui, ils n’accepteront d’être la troisième roue du carrosse du Hadj. Autant en tenir compte pour éviter les complications inutiles. Dans le même ordre d’idées d’anticiper sur les éventuelles difficultés relatives à l’organisation du pèlerinage, il faut simplement prendre en compte un certain nombre de considérations. Elles se résument en cinq points essentiels, qui sont les suivants :
- Le pèlerinage à la Mecque concerne certes les musulmans mais aussi l’Etat de Côte d’Ivoire.
- La Direction générale des Cultes qui s’occupe de tous les pèlerinages ne peut pas gérer directement le Commissariat du hadj, qui s’occupe uniquement du pèlerinage à la Mecque.
Que la Direction générale des Cultes gère totalement la confection des documents administratifs des pèlerins. Cela se comprend aisément. Mais que la Direction général des Cultes choisisse les encadreurs musulmans qui vont exercer en terre saints, cela est n’est pas utile. Car l’encadrement est un aspect strictement religieux du Hadj. Que la Direction générale des Cultes programme le départ des officiels et un certain nombre d’encadreurs, cela peut se comprendre. Mais qu’elle confectionne tous les manifestes des vols sans associer la compagnie de transport des pèlerins, ni le Commissariat du hadj, cela n’est pas acceptable. Même si elle en avait la compétence, ce n’est pas son rôle. Que la Direction générale des Cultes soit ordonnatrice des dépenses, cela se comprend. Mais cela suppose qu’elle soit disponible la ou les pèlerins sont. Or les pèlerins sont parfois aussi bien à Abidjan, à Djedda, à la Mecque et à Médine. D’où l’importance d’avoir un commissariat responsable avec une certaine autonomie financière; ce pour deux raisons principales : Le responsable de la Direction générale des cultes est un fonctionnaire nomme par Décret en conseil des ministres. On ne tient pas compte de sa compétence et de sa religion. Donc si c’est un chrétien, il ne peut donc pas exercer ni à la Mecque, ni à Médine. S’il ne peut pas exercer pleinement sa fonction lors du pèlerinage des musulmans, le commissaire du hadj doit pouvoir le suppléer de droit. D’autant plus que celui-ci est nommé par arrêté ministériel du Ministre en charge des cultes. En plus, il est l’émanation de la communauté musulmane. Et enfin, du point de vue de l’opérationnalité, la Directrice générale des Cultes ne peut pas se mettre exclusivement au service d’une seule communauté pendant une longue période, car l’Etat est laïc. Tandis que le commissaire lui, par contre, peut se mettre au service la communauté musulmane. Ceci est à l’avantage de l’Etat qui peut ainsi assurer son rôle régalien vis-à-vis de ses citoyens pèlerins, en tout temps et en tout lieu.
- La problématique de la subvention du pèlerinage à la Mecque doit être revue entièrement. En islam, on va en pèlerinage quand on a les moyens licites, la santé mentale et physique pour supporter les épreuves du pèlerinage. Et de tout temps les musulmans ont toujours fait leur pèlerinage avec leurs propres moyens. L’Etat leur vient en aide pour éviter les désagréments causés ; comme ce fut le cas en particulier lors de l’échec du pèlerinage 2006 bis. Mais la communauté ne doit pas accepter que cette aide de l’Etat remplace l’essentiel de l’effort qu’elle doit faire elle-même pour son paradis. En un mot comme en cent, demandons à l’Etat qu’elle nous aide à nous prendre en charge afin que la communauté musulmane soit une communauté émergente en 2020.