Au nom d’Allah, le Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux Louange à Allah.
Paix et salut sur le Prophète Muhammad (saw).
La particularité du Hajj musulman et ce qui le rend plus attrayant que les autres piliers de l’islam réside dans le fait de sa récompense. D’après Jabir رضي عنه هللا, le Prophète صلى الله عليه وسلمa dit : « Le Hajj mabrour n’a pas d’autre récompense que le Paradis ». Il a lieu dans le dernier mois sacré de l’année hégirien Zoul Hidja et sur l’espace sacré de la Mecque. La sacralisation de ce temps et de cet espace exige du croyant certaines dispositions spirituelles afin d’y accéder. « Je suis ton Seigneur. Enlève tes sandales : car tu es dans la vallée sacrée Tuwa » (S20;V12).
Le Prophète Moussa (saw) fut invité à ôter ses chaussures à l’entrée de la vallée sacrée de Tuwa. De même, le pèlerin est appelé à se débarrasser des tenues de ce bas-monde pour accéder au territoire sacré. La visite de la maison sacrée commence par une procession qui décrit différentes stations spirituelles que le pèlerin doit aborder dans un véritable état de recueillement. Ces stations constituent la spiritualité du Hajj, un cheminement permettant de purifier le pèlerin, dont l’aboutissement ultime est la visite de la Kaaba.
Les stations spirituelles que traversent les pèlerins lors de leur périple sont entre autres : Le miqate, portail d’accès à la terre sacrée. Il représente la station de l’abandon confiant. Ensuite, la station d’Arafat symbolise le degré spirituel du repentir et du pardon, la nuitée de Muzdalifah désigne la station de l’humilité, alors que la lancée Jamarate est la station du renoncement aux passions et au bas-monde. Enfin le Tawaf Ifadah : l’instant ultime d’éblouissement par la splendeur de la maison sacrée. C’est au bout de cette procession que le pèlerin renaît spirituellement parlant dans le monde même de la Kaaba.
LE MIQATE : LA PRISE DE L’INTENTION DU HAJJ, LA STATION DE L’ABANDON
CONFIANT Mīqāt al-haram est un lieu déterminé de l’enceinte sacrée. Il désigne cinq lieux qui forment un anneau spirituel autour de la Mecque. C’est à ce niveau les pèlerins en route pour le hajj (pèlerinage) revêtent l’ihrām, le vêtement de pèlerin. Il doit en effet enlever tous ses habits et revêtir deux pagnes. Dont l’un autour de la taille et l’autre pour recouvrir le torse.
Cette description ci-dessus s’apparente à la condition du musulman ayant trépassé et au seuil de l’enterrement. Cette similarité laisse apparaître alors deux sortes de mort : la mort physique et la mort spirituelle. Si la mort physique vise à transférer le mort dans le Barzakh, l’anti chambre de yawmal qiyamat, la mort spirituelle vise elle à introduire le mort dans un Barzakh spirituel, l’antichambre de la maison sacrée. Autant le mort est ressuscité pour le dernier jugement, autant le défunt spirituel est, quant à lui, ressuscité en vue de la visite de la maison sacrée.
Ainsi, le Mīqāt est le lieu par excellence pour effectuer le trépas spirituel. Celui-ci lui permet d’accéder au monde supérieur des âmes nommé Alamoul Malakout. Ce voyage spirituel se fait avec la provision de la piété. Suivant le verset de la sourate baqara « Et prenez vos provisions, mais vraiment la meilleure des provisions est la piété et redoutez-moi oh doué d’intelligence » (S 2 V197) Quiconque ne dispose d’aucune piété ne pourra accéder à cette dimension spirituelle. Il ne verra pas son Hadj exaucé.
L’Imam, le Shaykh Ghazaly rapporte dans son livre Ihya Ulum Dine dans la section du Hajj : « Sufyan bin Uyaynah a dit : Ali bin Al-Hussein, que Dieu soit satisfait d’eux, a effectué le Hajj et quand il est entré en état de sacralisation (le port de l’ihram), il a subitement pali. Sa couleur de peau a jauni. Puis il a raidi de froid et fût incapable de réciter la talbiya. Il dit : « J’ai eu peur de recevoir une réponse négative à mon appel. » Quand, il s’est résolu à prononcer la talbiya, il s’évanoui et tomba de son chameau, et il ne cessa pas de s’étourdir jusqu’à la fin du Hajj. » Abu Naeem Ahmad bin Abdullah Al-Asbahani – que Dieu lui fasse miséricorde : “O Ahmad, l’on m’a informé que si un homme accomplit le Hajj. Lorsqu’il dit : « me voici Seigneur ! Je réponds à ton appel. . »
Le Seigneur lui répond : « tu ne bénéficieras pas de mon agrément jusqu’à ce que tu rendes ce qui est entre tes mains. » C’est-à-dire les biens gagnés par diverses voies. Il faut donc entendre par piété que l’argent et les biens matériels emportés par le pèlerin au Hajj doivent être purs. En outre, le pèlerin doit être animé par le sentiment de piété et de recueillement. Ceux-ci doivent commander tous ses actes.
En conséquence, lorsque le pèlerin ôte ses vêtements ordinaires au Mīqāt pour revêtir ceux de l’Ihrām, il doit ainsi garder à l’esprit qu’il est en train de rendre l’âme spirituellement. Ou alors, il serait en train de faire le voyage spirituel du monde physique vers le Barzakh de la maison sacrée la Kaaba. La mort spirituelle chez les maîtres s’entend comme l’extinction de l’égo humain en Allah et pour Allah. Pour ce fait, le pèlerin doit être dans un état de total recueillement et de crainte révérencielle. Aussi, pour joindre la parole à l’acte de sacralisation, il récite la formule de la talbiya (LABAYKA ALLAHUMMA HADJAN) pour attester la sincérité de sa croyance tel le mourant à l’agonie auquel il est enjoint de réciter la kalimat shahada au moment de son passage de la vie à trépas.
Cette formule de la talbiya est généralement entendue par la majorité des musulmans comme une réponse à l’appel de notre père Ibrahim à visiter la maison sacrée qu’est la Kaaba. Cette compréhension amène les savants extérioristes à proposer la traduction suivante : « j’ai répondu à ton appel Seigneur » ainsi, au-delà de l’accomplissement des rites du Hajj, il n’y associe pas cette spiritualité d’abandon de soi à son Seigneur. Juste une réponse à un appel lancé.
Les personnes ayant satisfait entièrement à l’intention du Hajj (IHRAM), dont l’invitation a été lancée depuis des lustres, sont celles qui ont réalisé les conditions des trois purifications que sont la purification externe (celle de son corps), la purification interne (se purifier de ses péchés par le repentir) enfin la purification de l’âme qui consiste (à l’éducation de l’âme en vue de combattre son égo.)
D’où le sens du verset ci-dessus invitant au meilleur viatique à savoir : la crainte révérencielle. Pour les maîtres, cette réponse à l’invitation est doublée de l’idée d’un cheminement spirituel qui exige au départ la mort spirituelle tant désirée par le pèlerin. La sincérité de la réponse doit l’amener à souhaiter la rencontre avec son Seigneur comme l’atteste le saint Coran : « Souhaitez donc la mort si vous êtes sincères » (sourate Jum’a). De ce fait, les maîtres traduisent cet appel par : « me voici à TOI Seigneur corps et âme. » Un réel don de soi sacrificiel à son Seigneur.
A suivre…..
Par Ustaz Fofana Inza