Je te conjure, par Celui qui t’a donné le beau teint, la belle peau et la richesse, de me donner un chameau pour continuer mon voyage.
— C’est que, répondit le lépreux, j’ai plusieurs charges à assumer.
— II me semble que je te connais, dit l’ange.
N’étais-tu pas un lépreux que les gens ré- pugnaient, et un pauvre à qui Allah a donné [des biens] ?
— Moi ! s’écria le lépreux ; mais cette fortune je l’ai héritée de mes ancêtres, qui étaient d’ailleurs des seigneurs.
— Si tu mens, puisse Allah te faire rede- venir comme tu étais !”
« Il fit la même chose avec le chauve. Ayant eu la même réponse, il lui dit aussi : “Si tu mens, puisse Allah te faire rede- venir comme tu étais !”
« Enfin, l’ange se rendit chez l’aveugle
en ayant repris son même visage qu’au- trefois. Il lui dit :
“Je suis un démuni, un voyageur ayant perdu toutes mes ressources pendant le voyage ; je n’ai personne à qui m’adres- ser, sinon Allah et toi.
Je te conjure, par Celui qui t’a rendu la vue, de me donner une brebis pour que je puisse poursuivre mon voyage !
— J’étais aveugle, répondit l’homme, et Allah m’a rendu la vue ; j’étais pauvre et II m’a rendu riche.
Prends ce que tu veux. Par Allah ! je ne t’infligerai rien que ce soit pour ce que tu prends en vue d’Allah.
— Garde ton bien ! répondit l’ange, tout cela n’a eu lieu que pour vous éprouver. Allah t’a agréé et manifesté Sa colère contre les deux autres.””
Suite et fin