Le fait de tirer un mauvais augure du mois de Safar était répandu chez les Arabes de l’époque antéislamique, et cela déteint encore sur certains musulmans. D’après Abou Hourayra (qu’Allah l’agrée), le Messager d’Allah (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « La contagion n’existe pas ni le mauvais augure à tirer de la direction prise par les oiseaux que l’on chasse. L’animal venimeux n’est pas à fuir et Safar n’est pas à redouter (pour son prétendu mauvais augure). Cependant, fuis le lépreux comme tu fuirais un lion » (rapporté par al-Boukhari, 5387 et Mouslim, 2220).
Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit : « le terme Safar (mentionné dans ce hadith) a fait l’objet de plusieurs explications : • La première est qu’il s’agit du mois de Safar bien connu qui suscitait le pessimisme chez les Arabes. • La deuxième est qu’il s’agit d’une maladie du ventre qui atteint les chameaux et se transmet d’un chameau à un autre . Dans ce cas, son rattachement à la phrase du hadith « la contagion n’existe pas » revient à rattacher le particulier au général . • La troisième est le report du mois de Safar. C’est-à-dire le décalage (Annassi’) qui enlise les mécréants dans l’égarement. Ils attribuaient au mois de Safar le caractère sacré du mois de Mouharram. Ce qui leur permettait de le déclarer sacré une année et profane une autre année.
L’avis le plus proche de la vérité est que le mot Safar (cité dans le hadith «… et Safar n’est pas à redouter ») désigne le mois de Safar qui inspirait le pessimisme aux Arabes de l’époque antéislamique. Il faut savoir que le temps n’a aucun impact sur les affaires (des gens) ni sur le destin établi par Allah, le Puissant et Majestueux. Cette période (le mois de Safar) est comme les autres périodes de l’année ; Allah y décrète aussi bien du bien que du mal. Par ailleurs, certaines personnes ont l’habitude d’indiquer la date à laquelle elles ont parachevé un travail.
Si cela coïncide avec le 25e jour de Safar, par exemple, elles écrivent : « Achevé le vingt-cinquième jour du bon mois Safar ». Mais ceci est une manière de corriger l’innovation par l’innovation et l’ignorance par l’ignorance. En effet, safar n’est ni le mois du bien ni le mois du mal. C’est pourquoi certains pieux ancêtres dénonçaient l’attitude de ceux qui disaient : « j’espère que cela annonce un bien, s’il plaît à Allah » chaque fois qu’ils entendaient un hibou ululait.
C’est donc une faute de dire : « j’espère que cela annonce un bien, ou j’espère que cela n’annonce pas un mal », car ce hibou ulule comme crierait n’importe quel oiseau. La négation de ces quatre pratiques par le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) indique la nécessité d’avoir une totale confiance en Allah, d’être animé d’une détermination réelle et de ne pas perdre ses esprits dans de telles situations.
Si le musulman ne cesse de penser à ces choses, alors il ne peut être que l’une de ces deux personnes : • la première est celle qui entreprend de faire telle chose ou s’abstient suivant l’augure tiré. Dans ce cas, cette personne a relié ses actions à ce qui est irréel. • La deuxième personne est celle qui ne tient pas compte de l’augure tiré, mais éprouve tout de même une certaine inquiétude ou serrement de cœur.
Même si ce cas est moins grave que le premier, on ne doit jamais répondre à l’appel de celui qui use de ces pratiques. Car on doit uniquement compter sur Allah, le Majestueux et le Puissant. La négation de ces quatre pratiques ne porte pas sur leur existence puisqu’elles existent bel et bien. Elle porte plutôt sur l’influence qu’on leur prétend. En vérité, seul Allah est celui qui influe sur une chose. La cause qui est prouvée est une cause réelle. Alors qu’une cause imaginaire est une cause fausse. La négation de celle-ci porte sur son influence et son effectivité ». Voir Madjmou Fatawa Cheikh Ibn Outhaymine, 2/113-115.