Washington doit peu goûter la décision de la Banque centrale nigériane. La première économie africaine engage la diversification de ses réserves de devises en introduisant le Yuan chinois comme deuxième monnaie commerciale. En plus du dollar, de la livre sterling et l’euro, les importateurs nigérians pourront désormais effectuer leurs transactions avec la monnaie chinoise.
Le signe d’une place plus importante de la Chine en Afrique. Le Yuan devient la seconde monnaie commerciale du Nigéria. Après des négociations qui ont duré deux ans entre la Chine et le Nigéria, un accord signé fin mars dernier entre l’Industrial and Commercial Bank of China Ltd et la Banque centrale du Nigéria permet désormais à la première économie africaine de libeller 10% de ses 33 milliards de devises dans la monnaie chinoise.
Rattraper le marché
Dans un entretien avec Reuters, Lamido Sanusi, le gouverneur de la Banque Centrale du Nigéria explique que son pays entendait réduire les 79% de parts de dollar dans ses réserves de change pour accroître la part du renminbi, l’autre nom du yuan. «Il y a déjà du renminbi dans les rues du Nigeria, cela montre que le marché est en avance et nous tentons de le rattraper», fait savoir Lamido Sanusi dans son interview.
Jusqu’ici le dollar était la monnaie de prédilection du géant pétrolier africain. Mais le mois dernier, la dégradation de la note américaine par l’agence de notation Standard and Poor’s avait affolé les marchés. «La crise de la dette américaine a apporté un sentiment d’urgence à la décision du Nigeria de diversifier ses réserves en dehors du dollar (…). Il me semble qu’il y a de moins en moins d’appétit pour détenir des dollars», explique Lamido Sanussi.
Plus de yuans dans les réserves des pays africains
«Le temps est venu. La réforme est allée assez loin pour que nous puissions détenir des yuans dans les réserves». Malgré ce commentaire, le dollar devrait continuer à représenter une part importante dans ses réserves mais les parts de livre sterling et d’euros devraient reculer pour laisser place à une part de plus en plus importante du yuan. Pour leurs transactions d’investissement et de commerce, les importateurs nigérians pourront échanger à Hong Kong et Shanghai.
La décision du Nigéria devrait avoir une portée symbolique. Des pays comme le Ghana, l’Afrique du Sud utilisent déjà le yuan dans leurs réserves. Et la tendance devrait s’accélérer. Déjà en mai dernier, 14 pays africains parmi lesquels l’Angola, le Botswana, le Lesotho, la Namibie, le Rwanda et la Zambie ont tenu une réunion à Harare (Zimbabwe) pour étudier la possibilité d’étendre leurs réserves vers le yuan. Cette tendance confirme la place de plus en plus grande de l’Empire du milieu, devenu le partenaire commercial qui rafle de plus en plus de parts de marché en Afrique.