Il s’agit d’une grande première, le Prix des droits de l’homme de la République française 2018 a été décerné, lundi 10 décembre, à deux ONG militant contre l’occupation israélienne. Les associations palestinienne Al-Haq et israélienne B’Tselem ont reçu ce prix symbolique pour leurs actions dénonçant la répression israélienne.
Cette récompense coïncide avec le 70e anniversaire de la Déclaration des Droits de l’homme. Ce n’est toutefois pas la première fois que les deux ONG sont récompensées conjointement. Déterminés à rétablir la vérité du terrain, les Palestiniens d’Al-Haq et les israéliens de B-Tselem dénoncent sans relâche les exactions à l’encontre des Palestiniens.
« Nous ressentons de la fierté. Nous nous battons ensemble pour des valeurs et des principes communs. C’est ainsi que l’on pourra faire la paix. Si l’on respecte les droits de l’homme, si l’on se bat pour l’Etat de droit, pour le droit international », a réagi Shawan Jabarin, directeur d’Al-Haq, lui-même emprisonné à plusieurs reprises par Israël.
« Ensemble, nous travaillons à mettre fin à la culture de l’impunité afin que les Palestiniens puissent jouir pleinement de leurs droits humains », a ajouté l’activiste.
L’organisation israélienne a réagi à son tour par le biais de son directeur exécutif, Hagai El-Ad : « C’est un honneur particulièrement spécial de recevoir ce prix, avec nos collègues d’Al-Haq. Nous partageons les mêmes valeurs et la même prise de conscience : ce n’est qu’en mettant fin à l’occupation qu’un avenir fondé sur les droits de l’homme, l’égalité et la liberté pourra exister ».
Les deux lauréats du prix ont été choisis par la Commission nationale consultative des droits de l’homme au nom de la France. Un choix qui a provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a été jusqu’à demander au gouvernement français de revenir sur sa décision.
L’état hébreu accuse l’ONG palestinienne de promouvoir le boycott d’Israël et d’être liée à « des milieux terroristes » et les membres de B’Tselem de vouloir nuire à leur propre pays.
Fondée en 1979, Al-Haq – organisation indépendante basée à Ramallah (Cisjordanie) est dirigée par une équipe d’avocats dont le travail est de recenser les cas de violation des droits de l’homme en Palestine.
B’Tselem a pour sa part été créée en 1989 par des universitaires, des journalistes et des membres de la Knesset. L’organisation s’est donnée pour mission de « raconter la réalité de l’occupation israélienne », sur base notamment du comportement de l’armée et des colons israéliens.
La garde des Sceaux et ministre de la justice, Nicole Belloubet, sous la pression d’Israël et des organisations juives de France a refusé de présider la cérémonie comme cela avait été annoncé préalablement.
Officiellement, « Son agenda ne le lui permettait pas , en référence aux récents événements.
François Croquette, ambassadeur pour les droits de l’homme, a finalement remis les prix aux deux ONG. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) a, dans un communiqué, fait part de sa satisfaction pour ce « symbole fort ».