Le prix Nobel de la paix doit-il revenir à Jacinda Ardern, la Première ministre de Nouvelle-Zélande

A intervalles plus ou moins réguliers, les choix d’attributions effectués par le Comité en charge du prix Nobel de la paix s’avère, sur le long terme, malheureux. Ainsi de celui porté en 1994 sur Yasser Arafat, Yitzhak Rabin et Shimon Peres. Ces derniers, bien qu’acteurs principaux du processus d’Oslo, n’ont jamais assisté de leur vivant au règlement d’un conflit israélo-palestinien qui, encore aujourd’hui, est enfermé plus que jamais dans une violente impasse.

Pour autant, recevoir le prix confère à la plupart de ses bénéficiaires un prestige incommensurable, qui se traduit par l’adoubement universel de leur œuvre pacificatrice. La contrition unanime qui a gagné le monde en 2013 lors de la mort de Nelson Mandela, qui a reçu la distinction vingt ans plus tôt, nous l’a encore démontré. Cette aura planétaire pourrait très bien habiter Jacinda Ardern, la Première Ministre de Nouvelle-Zélande qui a impressionné par son attitude bienveillante suite aux attentats de Christchurch. La presse nous apprend en effet qu’une pétition mise en ligne demande qu’elle obtienne le Prix Nobel de la Paix.

Voici les raisons pour lesquelles un maximum de gens, ici en France comme ailleurs dans le monde, devrait se précipiter sur change.org, le site qui abrite cette pétition, pour soutenir cette démarche.

Choquée comme tout le monde suite aux massacres perpétrés dans deux mosquées de la ville de Christchurch, la Première ministre de Nouvelle-Zélande s’était vite ressaisie, en prenant conscience du rôle qu’elle devait jouer pour l’unité de son pays. Lors d’un discours mémorable au cours duquel elle condamna cet assassinat de masse avec la plus forte des résolutions, elle martela dans une voix pleine de conviction, en parlant des musulmans du pays, « they are us ». Dans un phrasé simple et direct, caractéristique de l’anglais, elle affichait sans ambiguïté l’idée multiculturelle sous-jacente aux nations à construire du XXIème siècle, formées de plus en plus par des composantes provenant d’horizons divers.

Qui a un cœur acceptant le monde tel qu’il est ne pouvait que chavirer devant la résonnance de ces mots. Attribuer à Jacinda Ardern le Prix Nobel permettrait à ce sujet-verbe-attribut facilement déchiffrable et compréhensible de rejoindre les cimes de l’universel. « They are us », termes qui sanctifient « l’autre » comme étant « le même », deviendrait l’égal du « I have a dream » de Martin Luther King, prix Nobel de la paix en 1964.

Un symbole de tolérance active

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jacinda Ardern est l’exemple typique de la femme moderne et émancipée, conciliant vie familiale et professionnelle. Elle devint ainsi, l’année dernière, la deuxième femme au monde à accoucher de son bébé pendant l’exercice de son mandat. Bébé qu’elle amena avec elle à l’Assemblée générale des Nations-Unies, une première pour cette organisation.

Et pourtant ! Face à l’horreur, elle n’hésita pas une seule seconde. Faisant montre d’une tolérance active, qui ne se traduit pas simplement en des mots mais en des gestes d’une portée considérable, elle alla présenter ses condoléances à la communauté musulmane en arborant un voile islamique, identifié par beaucoup comme un instrument d’oppression des femmes. Par cette attitude, elle donna l’exemple de ce que la fraternité entre les êtres humains veut dire, lorsque les uns acceptent les autres tels qu’ils sont. Elle fut d’ailleurs suivie par de nombreuses néo-zélandaises qui, pour marquer leur respect vis-à-vis de leurs compatriotes musulmans, lancèrent un mouvement sur les réseaux sociaux en postant des photos les représentant avec un voile sur la tête. Cette image de tolérance active gagnerait une aura sans pareille si elle était renforcée par l’attribution du prix Nobel à celle qui l’a initiée.

Conclusion

Nous vivons un rétrécissement inédit du monde, qui, sans que l’on ne puisse rien y faire sauf à causer des guerres, se transforme en un village global. Nous sommes par conséquent les témoins d’un brassage des cultures sans précédent. A l’heure où beaucoup prédisent le choc des civilisations, l’action tolérante de Jacinda Ardern vaut exemple. Nous devons donc tous soutenir l’idée qu’elle mérite de recevoir le prochain Prix Nobel pour la Paix.