L’annonce a surpris. « Le Qatar a décidé de se retirer comme membre de l’OPEP avec effet en janvier 2019 », a déclaré lundi 3 décembre le nouveau ministre de l’énergie de l’émirat, Saad Sherida Al-Kaabi. Le pays est membre depuis 1961 de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.
Cette décision résulte d’une réflexion sur les moyens de renforcer le profil international du Qatar et de préparer sa stratégie de long terme, largement axée sur l’industrie gazière, a expliqué M. Al-Kaabi. Le richissime émirat, premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, est l’un des plus petits producteurs de l’OPEP et son influence y est limitée.
Son annonce survient juste avant une réunion cruciale du cartel et de ses partenaires à Vienne, en Autriche, les 6 et 7 décembre, qui a pour objectif de trouver un accord sur une réduction de la production de pétrole. Les prix de l’or noir ont chuté de plus d’un quart depuis le début d’octobre, lorsqu’ils avaient atteint leur plus haut niveau en quatre ans. Doha a assuré cependant qu’il continuerait de respecter ses engagements, comme les autres pays qui ne font pas partie de l’OPEP.
Monarchie isolée
Le ministre de l’énergie qatari assure que ce départ n’est pas politiquement motivé. Mais le petit Etat de 2,6 millions d’habitants est en conflit ouvert avec ses voisins, dont l’Arabie saoudite, chef de file du cartel et l’un de ses cofondateurs. Depuis le 5 juin 2017, Riyad et ses alliés – les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte – ont tous coupé leurs liens avec Doha, l’accusant de soutenir des mouvements « terroristes », de se rapprocher de l’Iran et de saper la stabilité de la région.
La seule frontière terrestre de la petite nation péninsulaire avait alors été fermée, sa compagnie aérienne publique interdite d’emprunter l’espace aérien des pays voisins, et ses citoyens expulsés de ces mêmes pays. Depuis plusieurs mois, le régime saoudien entretient également le flou autour d’un projet de canal maritime, percé parallèlement à sa frontière avec le Qatar, qui transformerait de facto l’émirat en île.